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Commentaires GHI - Page 155

  • Fatras et lumière

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 27.02.19

     

    J’ai sous les yeux la liste des votations soumises au suffrage populaire le dimanche 19 mai prochain, telle que publiée par le Conseil d’Etat, le 1er février dernier. Mon premier sentiment, à la lecture de ce fatras, est celui d’une profonde révolte. Par métier, je fais partie de ceux qui se font un point d’honneur à toujours traduire en langage simple et clair, pour le public le plus large possible, les enjeux politiques. Plus le dossier est complexe, plus la mission est belle : avoir l’esprit de synthèse, dégager les grandes lignes, mettre en contexte, donner du sens. Et surtout, penser à ce qui concerne les gens, mettre en valeur ces points-là, éviter l’abstraction. Remplacer le fatras par la lumière.

     

    Si le Conseil d’Etat publie tel quel le menu du 19 mai, c’est l’échec assuré. Non l’échec de tel ou tel camp, mais celui de la clarté dans le contrat politique. Il est vrai que le Grand Conseil, notamment dans le dossier de la CPEG (Caisse de prévoyance de l’Etat de Genève) n’a pas simplifié la tâche sur le fond, avec son feu vert donné à deux projets de loi contradictoires. Les partis, qui chacun ont lancé référendum contre la majorité qui leur avait déplu, ajoutent à l’opacité. Le Conseil d’Etat, en nous balançant un menu illisible pour le grand public, parachève la nuit citoyenne.

     

    Le menu du 19 mai 2019, quant à la forme en tout cas, constitue une absolue négation de la politique. Une victoire de l’obscur sur la nécessaire clarification des enjeux, en démocratie.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Une femme, parmi d'autres

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.02.19

     

    Conseillère administrative depuis 2011, chargé de la Cohésion sociale et de la Solidarité en Ville de Genève, Esther Alder ne se représentera pas pour un troisième mandat en 2020. Du coup, les appétits s’aiguisent pour lui succéder : chez les Verts, on se presse au portillon.

     

    Esther Alder est une personnalité politique profondément respectable, dans le rapport qu’elle entretient à la chose publique, à la fonction exercée, à la notoriété. Là où d’autres laissent les effluves du pouvoir monter jusqu’au plus profond de leurs têtes, la magistrate Verte a toujours su demeurer une femme comme une autre. Une femme parmi d’autres, au cœur de la Cité. On partage ou non ses options politiques, mais on doit reconnaître la très belle vertu de simplicité du comportement de Mme Alder.

     

    Elle a été touchée par l’affaire des notes de frais, notamment pour son appétence pour les taxis. Dont acte. Mais tout de même, nous sommes à des milliers de lieues marines d’autres excès, je ne vous fais pas un dessin. Pour ma part, j’apprécie à son plus haut niveau le sentiment d’égalité qui se dégage de Mme Alder.

     

    Elle exerce une fonction, mais ne se prend pas, pour autant, pour un être inatteignable. Au contraire, elle vit sa vie, à son rythme, défend ses causes, demeure accessible et souriante. Vous voulez que je vous dise ? Ce sont là des valeurs suisses, tout simplement. Je souhaite à Mme Alder une excellente fin de mandat.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La citoyenneté, ça commence à l'école !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 13.02.19

     

    Dans notre démocratie suisse, le personnage principal, ça n’est ni le Président de la Confédération, ni celui de l’Assemblée fédérale, ni celui du Conseil d’Etat, ou du Grand Conseil, de votre canton. Non, le personnage no 1, c’est le citoyen, ou la citoyenne. Chacun d’entre nous, non en tant qu’individu, mais comme partie prenante, quatre fois par an, à la grande liturgie profane du suffrage universel. Chaque citoyenne, chaque citoyen constitue, lorsqu’il participe à un processus de vote, une part certes infime, mais indivisible, inaliénable, du pouvoir suprême de décision sur le destin suisse. C’est cette part sacrée que des millions de Français, relayés par le mouvement des gilets jaunes, veulent obtenir, pour se prononcer désormais, comme en Suisse, directement sur les thèmes de la politique. Et non se contenter, tous les cinq ans, de choisir des « représentants », qui feraient la politique à leur place. Parce que cette part réclamée est sacrée, Macron la leur refuse, ou rechigne en tentant de gagner du temps : l’ordre du sacré, dans son esprit, est réservé au monarque.

     

    En Suisse, nous devenons citoyens à l’âge de 18 ans, celui du droit de vote. Mais pour être immédiatement opérationnel, à ce moment de la vie, dans le champ politique, il est absolument nécessaire d’y avoir été, avec patience et pendant de longues années, formé par le système scolaire. Formé à la citoyenneté, et non formaté pour se fondre dans un parti ou un autre ! Formé aux actes citoyens, à la mécanique de décision dans notre pays. Informé, dès l’école primaire, de façon aiguisée, appétissante, plaisante, pourquoi pas ludique, sur notre système. Initié, surtout, à l’Histoire politique. Celle de l’Europe, celle du monde, celle de la Suisse, celle du canton. Initié, par des profs d’Histoire qui aient la niaque ! On n’a pas le droit, sur des sujets aussi capitaux, de se montrer ennuyeux, grisâtre, poussiéreux : le prof d’Histoire doit être le hussard noir de la République, celui qui éveille, excite, secoue le sens, affûte la curiosité, dégage des lignes de crête, éclaircit les horizons.

     

    Quant à l’éducation citoyenne, elle peut afficher mille visages. Débats, jeux de rôles, visionnements d’émissions TV, écoutes de moments de radio, initiation à l’usage des sites internet, et même à une utilisation citoyenne des réseaux sociaux. Il est urgent, en Suisse, que près d’un siècle d’archives SSR (radio dès les années vingt, TV dès les années cinquante) soient totalement et gratuitement mises en ligne. Et que les écoles puissent les utiliser, les mettre en contexte, en perspective. On ne laisse pas dormir un tel trésor ! Avant tout, il faut que l’Ecole de la République se pénètre bien de sa mission de mise en appétit citoyen. Elle n’est pas là pour regarder passer les trains, ni pour se réfugier dans une tour d’ivoire. Elle est une part très importante de la vie citoyenne, tout court. La formation, à Genève, est maintenant obligatoire jusqu’à 18 ans. Eh bien formons des citoyens, c’est essentiel !

     

    Pascal Décaillet