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Commentaires GHI - Page 154

  • Serge et le vent

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 03.10.18

     

    Serge Dal Busco, nouveau ministre des Transports à Genève (après avoir géré les Finances, lors de son premier mandat), multiplie les gages donnés à la gauche. Il jure de plus en plus par la « mobilité douce », notamment en milieu urbain. Du côté des partisans de cette dernière, on s’en félicite. Du côté des amis du transport motorisé privé, voitures, motos et scooters, on commence à grincer des dents.

     

    Où le nouveau ministre, qui vient de la droite bien sentie, libérale d’inspiration, veut-il en venir ? A-t-il une stratégie cachée ? Une chose est sûre : la conversion de Serge Dal Busco aux thèses des Verts ou de l’ATE (Association Transports et Environnement), voire de Pro Vélo, ne faisait pas partie du scénario prévu dans la campagne électorale du printemps 2018. Et peut, légitimement, décevoir une partie non négligeable de la population, pour laquelle circuler en voiture en ville ne constitue pas encore, a priori, une atteinte à la sécurité de l’Etat.

     

    On comprend bien que le nouveau magistrat de tutelle des Transports ait voulu rompre avec la stratégie de son prédécesseur, parfois modérément lisible, faite d’effets d’annonce, voire d’actes de foi (traversée du lac). Mais de là à laisser tomber une partie de son électorat naturel, c’est un pari très risqué. Et une posture qui peut laisser poindre le sentiment qu’on s’en va quérir, sur le bout humecté du doigt, la direction du vent. En politique, rien ne se gagne, jamais, à jouer contre son camp.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Vernier : Ana Roch ou Martin Staub ?

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 03.10.18

     

    Rien de plus magique qu’une élection complémentaire, avec deux candidats. Parce que dans le duo, se cisèlent et se détourent avec précision et clarté les profils des antagonistes. Pas de salades, pas de cuisine politicarde : on vote pour l’un ou pour l’autre, il faut trancher, et puis basta ! Cette saveur de second tour d’une présidentielle française, les habitants de Vernier vont pouvoir la goûter tout à loisir, d’ici au dimanche 14 octobre, date de l’élection du successeur de Thierry Apothéloz à l’exécutif de la Ville. Avec, je l’affirme tout net, deux candidats de valeur : Ana Roch, présidente du MCG, et Martin Staub, avocat, chargé de conserver le siège socialiste du sortant. J’ai eu l’occasion, en direct dans le Grand Genève à Chaud du dimanche 30 septembre, à 19h, de les réunir pour un débat : ce fut un échange entre deux personnes de qualité.

     

    Succéder à Thierry Apothéloz, devenu conseiller d’Etat, n’est pas chose facile. En quinze ans au sein de la Mairie, l’infatigable militant socialiste a laissé dans la Commune une trace, un sillon qui feront nécessairement référence, ce qui est d’ailleurs un piège pour M. Staub : il n’est jamais très excitant d’empoigner une campagne en se disant qu’on incarne la continuité. Le discours sur la rupture, lui, est plus facile. D’autant que les deux champions du 14 octobre proviennent, justement, des deux partis qui incarnent le plus, à Vernier, la volonté de proximité sociale : avec 14 conseillers municipaux (sur 37) pour les socialistes, et 11 pour le MCG, nous avons, dans cette complémentaire, un choc frontal entre les deux formations les plus importantes, de loin, de Vernier. Avec cette priorité à l’action sociale, dans une commune qui en a sacrément besoin (le taux de chômage est le plus élevé du canton), les deux candidats chassent sur les mêmes terres, sur la même « part de marché » : la compétition n’en est que plus vive. Nul ne peut en prévoir le vainqueur.

     

    Avec ses 35'000 habitants, Vernier est la cinquième ville de Suisse romande (derrière Genève, Lausanne, La Chaux-de-Fonds et Fribourg), et bien sûr la deuxième du canton. C’est une commune passionnante, très décentralisée (Lignon, Châtelaine, Libellules, Avanchets, Vernier Village), et politiquement un véritable laboratoire pour le canton. C’est pourquoi les états-majors, le 14 octobre, auront les yeux rivés sur l’évolution des fronts à Vernier. D’autant que cette complémentaire pourrait bien être la dernière, sauf accident, dans une grande commune, avant les municipales du printemps 2020.

     

    Aux Verniolanes et Verniolans, donc, sous les yeux du reste de Genève, de faire leur choix entre deux députés, l’une cheffe d’entreprise, présidente de club de foot (FC Avanchets), très ancrée dans la vie associative, l’autre avocat, ancien président du Conseil municipal, également immergé dans la vie communale. Chez ces deux candidats, pas d’esbroufe. Des deux côtés, la compétence est au rendez-vous. Reste à entrevoir le petit rien qui fera la différence. La politique, c’est aussi cette magie de l’imprévisible, cruelle et frivole, qui fait son charme.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Sans l'Etat, point de salut !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.09.18

     

    Je suis, depuis l’enfance, un fervent partisan de l’Etat. J’ai eu la chance d’être initié très tôt à l’Histoire, celle des guerres, des traités, des alliances, celle des grands hommes, munis de grands desseins. Je me suis mis très vite aux Histoires nationales, celle de la France, celle de l’Allemagne, puis celle, compliquée mais totalement passionnante, de la Suisse, notamment depuis 1798. Lorsque je dis « J’aime l’Etat », il ne s’agit évidemment pas de souhaiter des armadas de fonctionnaires, avec des tampons, derrière des guichets. Ni d’étouffer l’initiative privée. Ni de tout niveler, à l’aide d’une grande machine, grisâtre. Je dois donc m’expliquer sur ce que j’entends, fin 2018, par « Etat », ce que j’en attends pour l’avenir de nos populations.

     

    Depuis un demi-siècle, en clair depuis la vague d’individualisme libertaire de Mai 68, l’Etat se voit constamment coller une étiquette péjorative. On souligne ses aspects pesants, souvent bien réels, on le caricature en machine à Tinguely ou en usine à gaz, on dénonce son aspect dispendieux, voire somptuaire, on brocarde son fonctionnement kafkaïen. Bref, on ne veut entrevoir en lui que le côté négatif. C’est un tort, c’est une faute, c’est un comportement scélérat. Parce qu’en présentant les choses ainsi, notamment aux jeunes, dans les écoles, en les incitant à ne rêver que de réussite individuelle, on éradique chez eux tout sens de l’aventure collective. Or, l’être humain est un animal social, nul d’entre nous ne vit en autarcie, nous sommes reliés les uns aux autres. Il convient donc, pour les choses de la politique, d’apprendre à penser collectif.

     

    Regardez l’Histoire de Rome. Depuis sa fondation, au huitième siècle av. J.-C., jusqu’à sa chute, au cinquième de notre ère, sous les Rois, sous la République et sous l’Empire, toute l’aventure de cette civilisation est celle de l’Etat. On a cadastré le sol, fixé des lois, mené des armées, tracé des routes, jeté des ponts, creusé des tunnels, irrigué des sols. Sans une volonté puissante, transmise de génération en génération, de se projeter sur un destin collectif à travers les siècles, rien de cette immense entreprise n’aurait été possible. A cet égard, nous sommes tous, aujourd’hui encore sous nos latitude, des fils et des filles de la Louve, celle qui, dans le récit fondateur mythique, aurait allaité Romulus et Rémus.

     

    L’Etat que j’appelle de mes vœux ne doit pas être tentaculaire, ni dépensier. Il doit être équilibré, raisonnable, et ciblé sur les tâches où on l’attend vraiment : la sécurité, la santé, l’enseignement, les transports, les assurances sociales. Surtout, on apprécierait que ses différents agents, tiens par exemple les enseignants, le valorisent auprès de leurs interlocuteurs. On aimerait que les profs d’Histoire racontent, nation par nation, ce que fut la grande aventure de l’Etat, face aux féodalités, aux intérêts privés, aux communautarismes, aux corporatismes. Pour cela, évidemment, il faut qu’ils commencent par y croire eux-mêmes. Nous attendrons donc, en tentant de dissimuler notre impatience, que la génération de Mai 68 ait bien voulu passer.

     

    Pascal Décaillet