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Commentaires GHI - Page 150

  • Notes de frais : l'arrogance du Conseil d'Etat

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 27.03.19

     

    Orgueil, superbe et arrogance : les trois visages affichés, ce mercredi 20 mars, par le gouvernement de la République et Canton de Genève. Un sommet, dans l’ordre du comportement princier, qui fera date. On pensait que les attitudes hautaines avaient été l’apanage du Président du Conseil d’Etat dans la législature précédente, on s’est peut-être trompé : l’équipe actuelle ne fait pas mieux. Ce 20 mars donc, notre collège gouvernemental, qui fait l’objet des attentions de la Commission de contrôle de gestion du Parlement pour faire la lumière sur ses notes de frais, a cru habile de contre-attaquer en venant faire la leçon juridique à la République entière. Oubliant - ou plutôt omettant – un détail : dans toute cette affaire, c’est lui, le Conseil d’Etat, et nul autre, qui est audité. Lui qui est ausculté. Lui qui doit produire les pièces nécessaires à la vérité. Il n’est pas là comme juge, ni comme ministre, mais comme partie sous enquête.

     

    Dans ce dossier, il y a trois forces en présence. Le Conseil d’Etat, autorité exécutive du Canton ; le Parlement, premier pouvoir, autorité législative, via sa Commission de contrôle de gestion ; la Cour des Comptes, organe voulu par le peuple souverain, pour mettre son nez là où ça fait mal, dans la gestion des affaires publiques. Inutile de dire que peu de magistrats, ou de hauts fonctionnaires, se montrent particulièrement réjouis lorsque François Paychère, Président de la Cour des Comptes, ou ses collègues viennent renifler dans leurs affaires.

     

    Là où les choses se compliquent (mais rassurez-vous, ça demeure parfaitement compréhensible !), c’est que dans l’affaire des notes de frais des conseillers d’Etat, la Commission de contrôle de gestion du Parlement a mandaté la Cour des Comptes, la jugeant plus professionnelle que de simples députés pour une investigation dans des colonnes de chiffres, ce dont tout le monde conviendra. Et c’est cela que le Conseil d’Etat ne peut pas supporter, ce qui nous a valu le 20 mars ses grandes leçons juridiques, tout juste bonnes à montrer à quel point il était sur la défensive. Aurait-il des choses à cacher ?

     

    A cette arrogance du Prince, il convient de résister. D’abord, saluer l’opiniâtreté de la Commission du Parlement, présidée par le PLR Yvan Zweifel : on espère que la volonté de lumière y est unanime, tous partis confondus, et que nul député ne se déroberait à son devoir de contrôle pour protéger un ministre de son camp. Un tel comportement serait indigne du pouvoir parlementaire. Saluer, aussi, le professionnalisme de la Cour des Comptes, qui depuis des années rend service à la transparence républicaine. Enfin, rappeler au Conseil d’Etat que le mépris ne saurait tenir lieu de méthode gouvernementale, pas plus que prendre les gens pour des naïfs. Nous avons connu, entre 2013 et 2018, de pénibles moments d’arrogance exécutive. Nous espérions un changement. Puissions-nous ne pas nous être trompés.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Pédale douce, SVP !

     

    Commentaire publié dans GHI - 20.03.19

     

    L’affaire a éclaté comme un coup de tonnerre : sur le volet cantonal de RFFA (réforme de l’imposition des entreprises, votation du 19 mai), les socialistes genevois ont changé d’avis. En Assemblée générale, ils ont finalement dit non.

     

    Ce volet cantonal, c’est un taux unifié à 13,99% pour l’imposition des entreprises du canton, mais aussi des compensations sociales, dûment négociées entre la droite et la gauche, notamment entre PLR et PS : 186 millions pour aider les gens à payer leurs primes maladie, 18 millions pour les crèches. Du coup, le compromis ayant volé en éclats, la droite libérale est tombée à bras raccourcis sur les socialistes, les accusant de tous les maux. Elle a tort, immensément.

     

    D’abord, chaque parti est libre de ses positions. Les libéraux n’ont pas à dicter à la base socialiste ses choix. Libre, aussi, de changer d’avis, parce qu’il juge qu’on lui met le pistolet sur la tempe, en termes de pression temporelle. Et puis surtout, la droite libérale (pas tous : un homme comme Cyril Aellen demeure parfaitement digne et mesuré dans ses tonalités, la conseillère d’Etat Nathalie Fontanet aussi) n’est absolument pas qualifiée pour dicter le tempo dans le canton. Nous assistons à un retour du besoin d’Etat, la population ne considère plus les multinationales comme des vaches sacrées, intouchables, les mentalités changent.

     

    Si les partisans de ce volet cantonal de RFFA veulent gagner le dimanche 19 mai, ils ont sérieusement intérêt à mettre la pédale douce sur leur tons menaçants. Et à respecter le suffrage universel, seul souverain.

     

    Pascal Décaillet

     

  • MCG : la guerre civile

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.03.19

     

    Le MCG : un parti en pleine crise. Un parti divisé, où règnent les clans et les règlements de comptes. Un parti qui part dans tous les sens, au mépris de sa lisibilité politique et de son crédit. Un parti qui a perdu de sa flamme et de sa gouaille, perdu son goût, son fumet giboyeux, ses accents de quartiers populaires, et jusqu’à ses irruptions pétaradantes, comme dans le Grand Guignol, le catch ou le théâtre de boulevard, celui où claquent les portes, avec des voleurs sous le lit, des amants dans les armoires, des cadavres dans les placards. Le MCG vient de se choisir un nouveau président, Francisco Valentin. C’est un homme très bien, respecté. Mais son travail, pour remettre à flots un parti miné par les luttes intestines, est immense. Sera-t-il seulement possible ?

     

    Fondé en 2005, le MCG appartient à l’Histoire de Genève, il aura son nom dans les livres. D’abord, parce qu’il a soulevé, n’en déplaise à tous ses détracteurs et tous les ricaneurs de l’époque, de vrais problèmes, auxquels les citoyens ont été profondément sensibles. Au moment où entrait en vigueur la libre circulation des personnes, avec des promesses de mesures d’accompagnement qui n’ont jamais été tenues, et où la gauche syndicale s’est faite proprement duper, le MCG a été, en Suisse, avec au Tessin la Lega, le premier parti à poser la question de la nature frontalière d’un canton. Et à exiger, pour la politique genevoise, des mesures appropriées à l’irruption de dizaines de milliers de personnes de France voisine sur notre marché de l’emploi. Côté libéral, et affidés, on lui a ri au nez. On ne jurait que par le miracle du libre-échange. On a eu tort.

     

    Il fallait la voir, l’arrogance de ces fatigues patriciennes, prenant de tellement haut la colère de la rue. On se disait qu’on était éternel, que le MCG n’était qu’un zéphyr passager. Là encore, on a eu tort. 9 députés en 2005, 17 en 2009, 20 en 2013 : l’ascension était fulgurante, le mouvement ne s’est renversé qu’en 2018, suite à des dissensions internes, comme si l’enfant chéri de la victoire avait porté en lui, dès le départ, les germes de sa propre destruction : il y a, dans le destin du MCG, comme une malédiction mythologique, nourrie dans le giron même de la famille.

     

    Aujourd’hui, le MCG n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut. Ses héros fondateurs sont allés chercher – avec plus ou moins de bonheur – dans les montagnes du Valais, ou sur les rives du Tage, la promesse, comme Enée, d’un nouveau royaume. Les clans, parfois jusqu’à la haine, ruinent l’unité du parti. Chacun dénonce l’autre, la délation est souveraine. Le nerf de la guerre fait défaut. La cohérence idéologique n’est pas au rendez-vous. L’ordre de bataille, absolument nécessaire pour mener les luttes électorales d’octobre 2019 (fédérales) et du printemps 2020 (municipales), est en liquéfaction. Les alliances ne sont pas garanties. Oui, Monsieur Valentin, vous avez du boulot. On vous souhaite bonne chance. Brandissez-nous des idées, comme en 2005. Et faites-nous grâce des querelles de personnes. Il a va de la survie de votre formation politique.

     

    Pascal Décaillet