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Commentaires GHI - Page 148

  • Les thèmes l'emportent sur les personnes !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 23.01.19

     

    Dans notre politique suisse, nous intervenons, comme dans les autres démocraties qui nous entourent, sur le choix des personnes : ce sont les élections. Exemple : les élections fédérales du dimanche 20 octobre 2019, pour lesquelles les partis aiguisent déjà leurs armes. Mais notre démocratie directe nous permet également de nous prononcer directement, nous les citoyennes et citoyens, sur les thèmes de la politique. Elle nous permet soit de contester une loi votée par le Parlement (référendum), soit, beaucoup mieux, de lancer nous-mêmes, d’en-bas, un grand débat national, avec votation à l’appui, un beau dimanche : cette possibilité, unique au monde, que les Français nous envient tant, est le doit d’initiative.

     

    Exemple : nous votons, le dimanche 10 février 2019, sur l’initiative des Jeunes Verts contre le mitage du territoire. Un débat passionnant, incroyablement concernant pour chacun de nous, pour les générations futures, pour le rapport que nous entendons entretenir à la ville et à la campagne, aux espaces verts, à l’agriculture. Et, finalement, au paysage. Les Jeunes Verts demandent que chaque nouvelle zone à bâtir, dans le pays, soit compensée par l’équivalent (en surface) en retour à la nature. Il s’agit que la ville soit la ville (densifiée, s’il le faut), et que des espaces de campagne soit clairement préservés. Qui d’entre nous n’a jamais pris le train Genève-Lausanne ? Regardons par la fenêtre : le voilà, ce fameux « mitage » du territoire, avec des zones semi-citadines, semi-champêtres, un habitat étalé, dispersé, beaucoup de gaspillage.

     

    Le mois qu’on puisse dire est que l’enjeu est de taille. Eh bien nous n’aurions jamais voté, le 10 février prochain, si à l’origine, un tout petit groupe d’hommes et de femmes motivés, citoyens dans l’âme, en l’occurrence les Jeunes Verts, n’avait décidé de se lancer un jour dans l’aventure – ô combien difficile et périlleuse – de l’initiative populaire fédérale. Grâce à eux, nous allons voter sur un thème majeur pour l’avenir de l’habitat, dans notre pays. Un exemple, parmi des dizaines d’autres depuis 1891 (début de l’initiative populaire fédérale), de la chance que nous avons de nous prononcer directement sur les sujets de la politique. En France (en attendant que les gilets jaunes obtiennent gain de cause sur leurs demandes de nouveaux droits populaires), en Italie, en Allemagne, nos voisins de ces grandes démocraties ne vont aux urnes, sauf rares exceptions, que pour élire des personnes. Du coup, l’engagement citoyen se résume à soutenir ou rejeter des candidats. On les élit pour quatre ou cinq ans, dans des Parlements, et entre deux élections, on leur délègue tout pouvoir de décision.

     

    Eh bien disons-le clairement : nous avons, nous en Suisse, la chance d’avoir un meilleur système. Loin d’être parfait, mais plus ouvert, et plus directement démocratique. Le citoyen n’est pas juste un électeur. Il est un acteur de la vie politique. Saisissons cette chance, et privilégions à fond les thèmes sur les choix des personnes. Vive notre démocratie directe ! Elle est notre grande chance, face à l’Histoire.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Image et vérité

     

     Commentaire publié dans GHI - Mercredi 16.01.19

     

    Un moment de surréalisme, ce samedi 12 janvier, en pleines manifestations des gilets jaunes : sur le plateau parisien d’une chaîne continue, un ineffable beau parleur nous dit que tout va bien, et que Macron reprend la main. Pendant qu’il parle, en total décalage avec ses propos, l’image qui s’offre aux spectateurs est celle d’un incroyable bordel, avec fumigènes et lances à eau, devant l’Hôtel-de-Ville de Bordeaux, cette ville illustre de Gironde qui eut pour Maire, à la fin du seizième siècle, un certain Montaigne.

     

    Le parisien, en plateau, pérore. Simultanément, l’image bordelaise dit exactement le contraire. De fait, il faut s’interroger sur le rôle de la police, ce samedi 12, dans des villes comme Toulouse ou Bordeaux. Elles ont eu, assurément, la main fort lourde : était-ce toujours justifié ?

     

    Surtout, se pose la question de l’image. Entre les images dûment choisies, mises en scène, montées et commentées par les TV proches du pouvoir, et les dizaines de milliers de vidéos privées circulant sur les réseaux sociaux, il y a lieu de prendre sérieusement en considération cette seconde catégorie. Des bribes de vie, brutes, certes parcellaires (donc à remettre dans leur contexte), mais autrement plus porteuses de vérité que ce que veulent bien nous balancer les stations pro-Macron.

     

    Sauf dans de très rares cas : par exemple lorsque l’image en direct, celle de Bordeaux, vient contredire sans filet les propos hallucinants du petit marquis bavard d’un régime qui s’effondre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Suisse-Europe : ne lâchons rien, restons libres !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 16.01.19

     

    D’abord, dire une chose, haut et fort : la Suisse est, dans toutes les profondeurs de ses entrailles, un pays européen. Son destin n’a rien d’insulaire : il s’est construit, au fil des siècles, en fonction des événements extérieurs. Aucune des grandes lames de fond ayant déferlé sur le continent européen n’a épargné la Suisse : ni l’Empire romain, ni la structure féodale, ni les grands ordres chrétiens, ni l’invention de l’imprimerie, ni la traduction de la Bible en allemand par Luther (1522), ni la Réforme, ni la Contre-Réforme, ni les Lumières, ni la Révolution française, ni l’épisode napoléonien, ni la Restauration, ni le romantisme, ni la Révolution industrielle, ni le printemps des peuples de 1848 (début de la Suisse moderne), ni le Kulturkampf, ni l’Encyclique Rerum Novarum de Léon XIII (1891), ni les deux Guerres mondiales. Dans tous ces mouvements tectoniques, la Suisse a été secouée, comme ses voisins. La thèse de l’insularité ne vaut pas un clou.

     

    Oui, la Suisse est un pays européen. Le destin du continent est le sien. Sa position géographique, centrale, configure ainsi les choses. Simplement, nous ne sommes pas membre de la structure appelée « Union européenne ». C’est ainsi : les choses, depuis 1957 (Traité de Rome) se sont faites sans nous. Nous avons, certes, constamment négocié avec Bruxelles, mais nous avons choisi de rester dehors. Hors de la structure, mais pas hors de l’Europe ! Dans la longue dialectique, déjà six décennies, engagée entre la Suisse et l’Europe communautaire, notre atout principal est, simplement, de rappeler ce que nous sommes. Un pays d’Europe, ami de tous, désireux d’entretenir avec ses voisins les meilleures relations, mais férocement attaché à ses institutions, sa démocratie directe, son fédéralisme, son indépendance nationale, sa souveraineté. Il n’y a là aucune animosité, aucune déclaration de guerre : juste dire à Bruxelles : « Nous sommes un pays libre, nous entendons le rester ».

     

    Dans les négociations, le Conseil fédéral doit absolument avoir cette tonalité-là : courtoisie sur la forme, implacable fermeté sur le fond. En aucun cas les négociateurs ne doivent arriver avec le complexe d’infériorité du petit face au géant : la Suisse est un pays libre, une nation souveraine, elle défend avec rage les intérêts supérieurs de ses citoyens, c’est cela le rôle de nos négociateurs, et non chercher à plaire à Bruxelles. Et surtout, ne rien précipiter ! Quelle UE sortira des élections européennes de mai 2019 ? Quelle place, au sein même du conglomérat, vont y reconquérir les différentes nations ? Quelle place pour la nation française, la nation allemande, la nation italienne, la nation hongroise ? Partout en Europe, comme en 1848, gronde la voix des peuples, partout l’exigence démocratique émerge, partout l’aspiration à la démocratie directe fait surface. Face à cette gigantesque incertitude, nous, la petite Suisse, nous aimons nos institutions, nous avons déjà la démocratie directe, nous vivons ensemble dans la paix et le respect mutuel. Aucune raison, donc, de paniquer face à l’Europe ! Affirmons ce que nous sommes, ne lâchons rien, restons libres.

     

    Pascal Décaillet