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Commentaires GHI - Page 145

  • Conseil d'Etat : le courage serait de démissionner en bloc !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 25.09.19

     

    Le Conseil d’Etat genevois dysfonctionne. Non dans la gestion individuelle, par chaque magistrat, des sept départements. Mais en tant que collège. D’abord, parce qu’il ne dégage aucune priorité, aucune lisibilité. Ensuite, parce que la zizanie interne règne sur des questions aussi majeures que le choix du budget ou la fiscalité des classes moyennes. Mais encore, parce que les bisbilles s’étalent sur la place publique. Enfin, et c’est sans doute là le point le plus douloureux, parce qu’il n’émane de ce septuor aucune dynamique d’ensemble, aucune forme de bonheur à gouverner ensemble. En clair, cet attelage gouvernemental, quelles que soient les qualités intrinsèques des uns ou des autres, est un échec. Il n’émane de lui que discorde et dissensions. Sa capacité d’action, son crédit politique ne sont absolument plus suffisants pour qu’il fasse bouger la République, à une époque, hélas, où cette dernière en a tant besoin.

     

    « Être dans un gouvernement, me disait un jour de décembre 2003, dans le train Berne-Genève, un ancien conseiller d’Etat radical aussi lucide et brillant que vipérin, c’est co-exister avec six personnes que l’on déteste, sans jamais avoir le droit de le montrer ». Eh bien disons qu’avec le gouvernement genevois actuel, seize ans après la parole de Cassandre de l’ancien magistrat, les choses sont au moins claires : on se déteste, et on le montre ! On l’a vu, à la rentrée, avec les règlements de comptes, par presse interposée, entre l’actuel Président du Conseil d’Etat et son prédécesseur, Pierre Maudet. On l’a vu, le 21 septembre, avec un rapport de minorité de Pierre Maudet sur le budget. On l’a vu, le lundi 23 septembre, avec la révélation de la mise en minorité, révélée par l’Agence Decaprod, de la ministre des Finances, Nathalie Fontanet, à six contre un, lors de la fameuse décision du Conseil d’Etat, si controversée, fin août, sur la hausse d’impôts (finalement rejetée par le Parlement).

     

    Dans cette cacophonie, les trois ministres de gauche n’ont rien à se reprocher. Ils tentent, au maximum, d’infléchir l’action gouvernementale dans le sens de leur philosophie politique, c’est de bonne guerre. Le ministre MCG, compétent et travailleur, fait également son boulot. Au sein de l’Entente, Nathalie Fontanet se montre loyale à ses engagements, c’est tout à son honneur. Tous au plus pouvons-nous nous interroger sur la ductilité idéologique du ministre de la Mobilité, qui semble franchement être passé dans le camp de la gauche. Et surtout, à quel jeu joue Pierre Maudet ? Cet homme d’instinct semble préparer un grand coup. Mais pour aller où ? Avec quels soutiens ?

     

    Dans de telles conditions de paralysie politique, le courage serait de démissionner en bloc. Libre à chacun de se représenter. Le peuple trancherait. Bien évidemment, cela ne se produira pas. Chacun tentera au mieux de gérer son département, le nez sur le guidon. Et la faiblesse de l’attelage perdurera, jusqu’au printemps 2023. Ainsi va la politique. Excellente semaine à tous !

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Aimons nos arbres !

     

    Commentaire publié dans GHI - 18.09.19

     

    Votre serviteur serait-il lui-même un bobo ? Ce serait quand même le comble, si vous avez pris la peine de lire l’article ci-contre ! Oh, certes, il ne se déplace pas à vélo. Et défend mordicus le trafic privé motorisé en ville. Il est passionné, depuis l’âge de sept ans, par les guerres et les conflits, le tragique de l’Histoire. Il est persuadé de l’immanente noirceur de l’âme humaine, tant que s’exercera le jeu de miroirs du pouvoir. En clair, il ne croit que modérément à l’idée de progrès.

     

    Mais en même temps, comment ne pas aimer passionnément la nature, qui est si belle ? Sentiers valaisans, l’été, à n’en plus finir. Les bisses, les torrents, les lacs de montagne, les gentianes, le silence des vallons. Le reste de l’année, à Genève, une promenade, toujours la même depuis plus de vingt ans, sur les lieux qui furent ceux de son enfance. La même boucle, au millimètre près ! Les mêmes arbres, dont certains plus que centenaires, et parmi les plus beaux qui soient.

     

    Alors, oui ! Oui à la nature. Oui à la protection des paysages. Oui à l’amour inconditionnel des arbres. Oui à leur préservation, leur salut. Ils sont nos compagnons de vie, nos amis. Nous leur parlons, nous les admirons, nous les prenons à témoin. Ils sont nos repères, nos contemporains. Il est parfaitement normal, légitime, de se battre pour sauver des arbres. Être humain, c’est s’inscrire dans la reconnaissance de toute vie. Il n’y a, à cela, nulle sensiblerie. Juste la joie partagée de se reconnaître dans la Création.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Le bobo, vous connaissez ? Portrait

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 18.09.19

     

    Le bobo habite en ville. Le plus près possible du centre. Près de la gare, mais pas trop, c’est mal famé. Le bobo aime la ville, son anonymat, son cocon protecteur, le champ de tous ces possibles qu’il contemple de son vélo, si possible électrique. Car le bobo se meut : pas question de demeurer immobile, ni sédentaire, quand la vie est là, qui vous appelle, avec ses promesses de cocktails, de mojitos, de légumes et céréales métissés, comme un chant recommencé du vaste monde. Le bobo ne dédaigne pas de se mouvoir, pourvu que la mobilité soit douce, silencieuse, conforme aux impératifs de l’urgence climatique. On ne doit entendre que la caresse des pneus, joueuse, sur l’épiderme érectile du macadam. Ne klaxonnez jamais le bobo, son cœur est fragile.

     

    Le bobo n’aime pas la violence. Il condamne le principe de la guerre, tient cette dernière pour une erreur de l’humanité, à corriger au plus vite. Le bobo n’étudie donc ni les conflits, ni l’Histoire, ni les traités, ni les alliances. Du passé, il veut faire table rase. Du haut de son jus de carottes où baigne la fière verticalité d’une tige de céleri, le bobo décrète la fin de l’Histoire, l’avènement d’une humanité nouvelle, délivrée du Mal. Car le bobo aime le Bien. Il entend sauver la nature, la couche d’ozone, réduire son bilan carbone, limiter le nombre de watts auxquels nous aurions droit, chacun, pour une année. Il veut chasser des villes le trafic privé, voitures, motos, scooters, comme autant de suppôts de Satan. Le bobo se bat pour le salut de nos âmes. Si nous avons le mauvais goût de rouler dans une automobile, c’est que nous sommes encore dans les griffes de l’archaïsme, hommes et femmes d’un autre temps, en attente de la délivrance par laquelle le bobo, lui, est passé. Il n’est pas notre ennemi, il nous précède.

     

    Le bobo n’est pas une brute inculte. Tenez, il aime Berlin par exemple. Pendant vingt ans, tout en roulant à vélo en ville, il a pris quarante fois une compagnie à bas coûts pour des week-ends festifs dans la capitale de l’Allemagne. Dans laquelle il a pu se pâmer d’admiration devant le règne du vélocipède. Mais, depuis quelques mois, il a pris conscience que l’avion, c’était mal. Désormais, le bobo prendra le train de nuit, via Bâle et Mannheim. De retour à Genève, il sanctifiera la mobilité douce de la ville prussienne, tout en pestant contre ces insupportables camionnettes de livraisons qui se permettent de venir polluer la cité de Calvin. Car le bobo n’aime pas les livreurs. Ni le bruit des camions. Ni le monde de l’industrie, ni celui des chantiers. Au bleu de travail prolétarien, il préfère le bleu du ciel, au-dessus de l’infini d’une piste cyclable.

     

    Le bobo n’aime pas le bruit, ni le monde des ouvriers. Pour nourrir sa réflexion sur l’écologie politique, il a besoin de silence, d’air pur. Juste le souffle d’une chambre à air, comme un zéphyr de bonheur. Longue vie au bobo, dans une humanité renouvelée, délestée du péché, plein cap sur la félicité, toutes voiles dehors.

     

    Pascal Décaillet