Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Commentaires GHI - Page 145

  • Honneur à nos 45 Communes !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 12.06.19

     

    Prenez la photo aérienne, nous l’avons tous en tête : Genève, du Nord-Est au Sud-Ouest, c’est un lac, qui sous le Pont du Mont-Blanc redevient Rhône, une ville, puis la campagne, jusqu’à Chancy. En fait, jusqu’au Fort de l’Ecluse. Genève, c’est une ville, et c’est un canton. Une ville, et 44 autres communes, toutes aussi magnifiques et passionnantes les unes que les autres, si on veut bien les approcher par le biais de l’Histoire, de la culture, la démographie, l’économie locale, la vitalité des associations. Né à Genève, j’ai moi-même passé les trois-quarts de ma vie en Ville, un quart au Petit-Lancy. Depuis treize ans, je suis entrepreneur à Carouge, tout en résidant en Ville de Genève. D’une commune à l’autre, nous allons et venons. Spectacles, concerts, vie associative, chorales, clubs de sport, vie privée ou professionnelle : le Genevois est à la fois urbain et péri-urbain, parfois campagnard, il aime ce canton, chérit sa taille réduite où tout est accessible, peste contre les bouchons. Nous sommes tous, en ce bout du lac, de tendres gueulards, amygdales bronzées, têtes de lard, mais beaucoup plus patriotes qu’il n’y paraît, dans l’attachement affectif au canton. Le Genevois est un héros tragique et romantique, qui aime parader sous les atours du personnage boulevardier.

     

    Les 45 communes ! Parlons-en ! Certaines d’entre elles, comme Vernier, ont davantage d’habitants que certains chefs-lieux cantonaux. Lancy. Onex, Carouge, Thônex, Meyrin sont de véritables villes moyennes, à l’échelle de notre petite Suisse. Ces communes, je les ai vues grandir : j’ai connu Lancy encore presque village, bien avant les multinationales, et Onex bien avant l’Office de la population. La ville s’étire, la banlieue s’urbanise, l’administration cantonale émigre, tout cela sous nos yeux, c’est passionnant. Reste que nous, Genevois, devons absolument défendre la dignité, et même la primauté, de l’échelon communal. Les Français sont passés par Genève, entre 1798 et 1813, ils y ont laissé la trace du jacobinisme. Celui, par exemple, qui suintait, dans la législature précédente, d’un certain Président du Conseil d’Etat, jamais aussi heureux que lorsqu’il pouvait, de sa Tour Baudet, remettre à l’ordre une Commune, un Maire, un Conseiller administratif ayant enfreint le règlement. Au fond, l’éminent magistrat se prenait, sous prétexte « d’autorité de surveillance », pour le Révizor, le célèbre personnage du dramaturge russe Nicolas Gogol, qui faisait trembler les autorités locales, quand on annonçait sa venue.

     

    Nos 45 communes méritent mieux. La commune, en Suisse, est le premier échelon de proximité affective pour les gens. Elle existait avant le canton, qui ne date que de 1815. Aux Maires, Conseillers administratifs et municipaux, Adjoints, personnel des administrations communales, nous devons adresser notre salut et notre reconnaissance. La Constituante n’est pas allée jusqu’au bout dans le chantier canton-communes. Revaloriser nos 45 communes, c’est rendre service à tous. Magnifique ambition !

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Liberté d'expression

     

    Commentaire publié dans GHI - 05.06.19

     

    J’entends beaucoup de mes confrères répéter à loisir que le journalisme serait « indispensable à la démocratie ». Au risque de casser l’ambiance, je ne partage pas leur point de vue.

     

    Ce qui est nécessaire à la démocratie, ce qui lui est consubstantiel même, c’est la liberté d’expression. Chaque citoyenne, chaque citoyen doit pourvoir dire ce qu’il pense, sans entraves, sans risques de rétorsion. C’est cela qui est essentiel. Mais pas seulement pour les journalistes, ou éditorialistes : pour tous ! Sans exception.

     

    Bien sûr, il y a la loi. Voulue par le peuple, ou par ses représentants, elle fixe des limites à la liberté d’expression. On peut le regretter, mais c’est ainsi. Et, tant qu’une loi existe, on doit la respecter. Mais enfin, à part cette exception quant à la loi, le champ de la liberté d’expression me semble bien assez large pour que nous aspirions tous à le cultiver au maximum. Tous, et pas seulement les journalistes !

     

    Chacun, aujourd’hui, peut tenir un blog. Chacun peut s’ouvrir un compte sur un réseau social. Chacun peut lancer des sujets. Le monde éditorial, l’univers des idées, n’est en aucun cas la chasse gardée d’une corporation. Quant à la « mission d’investigation », sur les affaires d’intérêt public (toute autre doit être bannie), pourquoi diable demeurerait-elle réservée aux journalistes ? Si mon métier entend survive, il faudra qu’il s’invente autre chose que des prés-carrés, ou des privilèges, auxquels il donne désespérément l’impression de s’accrocher.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Suisse-Europe : non à l'Accord-cadre !

     

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 05.06.19

     

    L’Accord-cadre : ils n’ont plus que ces deux mots à la bouche ! Tout ce que la Suisse officielle compte de décideurs, de patrons, de financiers, tente à tout prix de nous faire avaler l’idée d’un Accord-cadre. Pour ma part, passionné par la question européenne, que je couvre à fond, dans mon métier, depuis trois décennies, comme citoyen je dis non à cet accord providentiel. Pour deux raisons essentielles : il n’est pas à l’avantage de notre pays, et il porte atteinte à notre souveraineté. Deux motifs assez puissants, vous en conviendrez, définis à l’échelle de la nation et de sa survie, et non de la petite épicerie de détail, pour refuser un texte.

     

    De quoi s’agit-il ? Dans la longue Histoire des relations entre la Suisse et l’Europe communautaire, il y a eu plusieurs phases. De 1957 (Traité de Rome, fondateur de la future UE, par les six premiers pays) jusqu’en 1992, les relations étaient pragmatiques, marquées par l’Accord de libre-échange de 1972. On définissait des rapports économiques et commerciaux, on ne parlait pas de politique, encore moins d’identité. La grande date, que j’ai vécue de l’intérieur, comme correspondant à Berne ayant suivi de près Jean-Pascal Delamuraz, ce fut la fameuse votation du 6 décembre 1992 sur l’Espace économique européen (EEE). J’ai personnellement voté oui, mais ce fut non. Et ce fut le début de l’ascension de Christoph Blocher. Depuis l’an 2000, la Suisse a opté pour un régime d’Accords bilatéraux, qui fonctionne, et qui semble convenir à notre corps électoral.

     

    L’Union européenne d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec les Six de 1957, ni même avec les Douze de 1992. Élargie beaucoup trop vite aux Marches de l’Est, définie comme libérale par essence, avec une primauté dogmatique accordée aux forces du marché, elle est devenue un monstre technocratique, une usine à produire des directives. Et surtout, elle n’écoute pas ses peuples. Ce modèle, promis à l’effondrement, n’est pas celui de la Suisse. Respectons nos amis et voisins européens, passons avec eux des accords commerciaux, précis, sectoriels, mais n’entrons en aucun cas dans la logique institutionnelle d’un accord global. Nous n’avons rien à y gagner. Nous y perdrons notre souveraineté. C’est aussi simple que cela.

     

    L’UE cherche à tout prix à nous imposer la signature de cet Accord, dûment négocié par les deux parties. Elle veut généraliser la reprise du droit européen par le droit suisse. En cas de désaccord, la question des juges étrangers se posera, avec la présence d’un juge de l’UE parmi les trois du Tribunal arbitral. L’intervention, au final, de la Cour européenne de justice, érige un modèle judiciaire ne faisant pas partie de la longue tradition de souveraineté de notre pays. Pour ces raisons, comme citoyen, je dis non.

     

    Car nous, les citoyennes et citoyens de ce pays, devons absolument, sur cet enjeu capital, avoir le dernier mot. Pas question que la classe politique passe en force. Le souverain, ici, c’est le suffrage universel. Avec cela, pas question de transiger.

     

    Pascal Décaillet