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Commentaires GHI - Page 141

  • Genève, demeure à taille humaine !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 16.10.19

     

    Genève est une ville extraordinaire. Et son canton, parfaitement circonscrit par les barrières naturelles que sont le Jura, le Salève, les Voirons, ne l’est pas moins. Une ville, à la fois comme un aboutissement, celui du Rhône surgi du lac, et comme une renaissance : ayant, un temps, confondu son identité avec celle du Léman, le fleuve redevient fleuve, assume son destin de cours d’eau, à travers le Jura, puis Lyon, Valence, Arles, jusqu’à la Camargue. Comme il existe des autels sur les chemins de piété, Genève constitue une étape, dans la procession fluviale. Être natif de cette ville, hors du commun, nous oblige face à l’avenir. Nous devons certes la faire évoluer, c’est la mission des architectes et des urbanistes. Mais en aucun cas nous ne devons la dénaturer.

     

    Prenez n’importe quelle photo aérienne : le miracle de Genève, c’est cet équilibre, qui relève de la pureté trigonométrique, entre le développement de la ville, puis des communes suburbaines, avec les zones vertes, forêts ou campagne. Genève a besoin de densité, et sans doute d’un peu d’élévation (sans sombrer dans le syndrome de Babel), mais aussi de verdure, de respiration. Nous avons besoin d’aimer notre ville, mais nous devons sentir, pour toujours, la providentielle proximité de la vie naturelle. Les oiseaux migrateurs, le long du Rhône. La douceur de nos sous-bois. La vitalité de nos champs, matriciels, nourriciers. Chaque habitant de Genève sera prêt à accepter une ville dense, à condition qu’il se sache à quelques minutes de la campagne. Faute de quoi, la croissance deviendra l’enfer.

     

    Je n’invite pas ici à la décroissance, suis moi-même un petit entrepreneur et sais à quel point tout est fragile. Mais j’invite à une croissance humaine, mesurée, totalement respectueuse de l’environnement, faune et flore, cours d’eau, biotopes. Nulle entreprise humaine se pourra construire sa réussite sur la destruction des équilibres naturels. A cet égard, il convient de se méfier comme de la peste d’une certaine idéologie libérale de la croissance, considérant cette dernière comme une simple courbe mathématique, tendant vers l’infini. Non, la croissance a ses limites ! Elles sont celles de la vie, du respect, de la mise de l’humain (et non du profit) au centre de tout. Si vous en avez le temps, je vous invite un lire un texte majeur, Rerum Novarum (rassurez-vous, il existe en français !), lumineuse Encyclique de Léon XIII, publiée en 1891, sur la nécessité de contenir la modernité. A l’époque, il s’agissait par exemple d’empêcher que les enfants travaillent dans des mines, c’était aussi le combat, magnifique, des socialistes.

     

    Je rêve d’une Genève belle et densifiée, dans la ceinture urbaine, avec le génie et les matériaux des architectes de demain, mais inscrite au milieu d’un écrin de verdure qui doit être considéré comme un sanctuaire. Inventer l’urbanisme des générations à venir, c’est dessiner une ville qui soit la ville, entourée d’une campagne sauvée. Vaste programme, passionnant et tellement stimulant. Excellente semaine !

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Seniors, avec nous !

     

    Commentaire publié dans GHI - 09.10.19

     

    Quelles retraites pour les Suisses, dans les décennies qui viennent ? La question est majeure, c’est l’un des sujets qui préoccupent le plus les habitants de notre pays. J’ai étudié à fond l’Histoire de nos régimes de retraites, avant la Seconde Guerre mondiale, puis dès 1948 (entrée en vigueur de l’AVS), puis au milieu des années 1980 (deuxième pilier obligatoire), puis aujourd’hui, avec la pyramide des âges inversée, et un très grand nombre de rentiers, les natifs du baby-boom, à qui notre société se doit d’attribuer une retraite décente.

     

    Une chose est certaine : le premier pilier, donc l’AVS, véritable fleuron de notre système social suisse, né du besoin d’Etat de l’immédiate après-guerre (débats parlementaires passionnants en 1947), réformé par dix révisions complètes, dont trois sous le remarquable conseiller fédéral Tschudi (PS, BS, 1959-1973), doit faire l’objet de nos attentions prioritaires. C’est lui qu’il s’agit de consolider à fond, car il est mutuel et solidaire, et se fonde sur l’aide entre les générations. L’AVS est un ciment de notre cohésion sociale.

     

    Aucune réforme des retraites, en Suisse, ne pourra faire l’économie d’une consolidation de l’AVS. Les personnes âgées, qui ont fait ce pays avant nous, et nous ont légué un pays prospère, ont droit à une vie décente. J’en profite pour les saluer, toutes, très amicalement. Leurs préoccupations sont les nôtres. Et nous voulons les garder avec nous, dans le corps social de ce pays que nous aimons.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'Apocalypse climatique produit surtout du brouillard !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 09.10.19

     

    On appelle cela l’arbre qui cache la forêt. Ces mêmes forêts, d’ailleurs, dont on nous annonçait la mort, il y a trois décennies. Je m’en souviens parfaitement, j’étais déjà dans le journalisme politique, au Palais fédéral. Le thème de la « mort des forêts » avait tétanisé une bonne partie des observateurs, fait parler de lui pendant quelques années, puis il s’était totalement dégonflé ! De fait, à l’heure où j’écris ces lignes, en octobre 2019, il me semble qu’il existe encore une ou deux forêts en Suisse, peut-être vous arrive-t-il même de vous y promener.

     

    L’arbre qui cache la forêt, c’est la mise en avant obsessionnelle du thème de l’Apocalypse climatique dans la campagne des élections fédérales du 20 octobre. Non seulement chez les Verts, mais chez beaucoup d’autres partis, dont par exemple le PLR, à la limite du ridicule dans sa conversion de la vingt-cinquième heure à un sujet qui n’apparaissait pas vraiment comme amiral, jusqu’ici, dans sa stratégie politique. Erreur majeure, au demeurant : l’électeur préfère toujours l’original à la copie, la pub du PLR pour le climat apportera des voix aux Verts, et aucune au PLR.

     

    Il ne s’agit pas ici de nier la question climatique. Ni la nécessité de produire des efforts en faveur de l’environnement. Mais demeurer lucides face à l’orchestration d’un tintamarre, cela oui ! Ne pas se laisser prendre à des sirènes de fin du monde dont les chants sont soigneusement mis en musique par un certain parti, comme à l’époque de Fukushima en 2011, à fins électorales. Ce parti en est un comme un autre, prêt comme les autres à se saisir d’une aubaine pour gagner des voix et des sièges, habité comme les autres par le jeu des ambitions, souvent personnelles, l’attrait du pouvoir. Refuser de voir cela, c’est sombrer dans la candeur.

     

    La vérité, c’est que la mise en avant du thème unique produit avant tout, dans le débat politique suisse, une immense épaisseur de brouillard, qui hélas fait paravent sur les vraies préoccupations de nos compatriotes. Ces dernières sont les primes maladie, la santé, les retraites, la solitude des personnes âgées, la formation et l’emploi des jeunes, la détresse de nos paysans, la strangulation des classes moyennes, le prix des médicaments, celui de l’essence, la surtaxation des PME, le non-remboursement des soins dentaires. Allez dans la rue, discutez avec les gens : c’est de cela, au premier chef, qu’ils vous entretiennent.

     

    Dès lors, à qui profite l’enfumage généralisé par l’exposition excessive du thème climatique ?  A court terme, aux Verts, évidemment : ils obtiendront sans doute des voix, et des sièges supplémentaires, le 20 octobre. Mais, dans une analyse plus structurelle, il n’est pas exclu que les grands gagnants de ce brouillard d’automne soient ceux qui, dans notre économie suisse, tiennent le couteau par le manche. Et qui n’ont, eux, aucun intérêt à une surexposition du malaise social. En clair, les bobos libertaires auront, une nouvelle fois, montré leur capacité à l’alliance objective avec les ultra-libéraux. La cohésion sociale suisse n’en sortira, hélas, pas gagnante.

     

    Pascal Décaillet