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Commentaires GHI - Page 140

  • Genève : la classe moyenne étouffe !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.05.19

     

    Payer, payer et encore payer. Payer son loyer, dans une ville où ils sont hors de prix. Payer ses primes d’assurance maladie, cauchemar no1 des Suisses. Payer des impôts qui étouffent la classe moyenne laborieuse, à Genève. Payer des assurances dont la plupart sont totalement inutiles, mais voilà, nous, les Suisses, sommes de grands trouillards devant l’Eternel, alors nous payons la rançon de nos peurs. Payer les assurances sociales. Payer pour des retraites dont nous ne sommes pas sûrs, avec la baisse des taux de conversion, de voir la couleur. Payer sur nos revenus, ou nos salaires. Voir le fruit de notre travail passer, filer, s’envoler, s’évaporer. N’avoir qu’un pouvoir d’achat fort limité. Ne rien pouvoir mettre de côté. Tel est le lot, à Genève, de la classe moyenne qui travaille. C’est éreintant. Et passablement désespérant.

     

    Je parle ici des gens qui travaillent. D’un côté, c’est évidemment une chance, et nous devons penser à ceux de nos concitoyens qui cherchent un emploi, et n’en trouvent pas : pour eux, c’est encore une autre paire de manches. Mais le travail, avec un salaire (pour un employé) ou un revenu (pour un indépendant), bref du gain financier à la fin du mois, à quoi sert-il, si c’est pour donner aux gens le sentiment de n’être plus que des vaches à traire ? A quoi sert-il, si c’est juste pour en voir passer la plus grande part, trottiner sous nos yeux, se dérober ? Et s’en aller grossir d’immenses caisses communes, qui vous donnent l’impression, hommes et femmes actifs des classes laborieuses, de ne jamais rien faire pour vous. Et on vient nous parler du CEVA, sans toilettes ! Et on vient nous parler du milliard pour le « fonds de cohésion de l’Union européenne », des eaux usées à traiter en Slovaquie, nous dit-on ! Et on vient nous parler de grands projets mondiaux, avec notre argent !

     

    Dans ce pays que nous aimons, nous ne sommes pas des sujets, mais des citoyennes et des citoyens. L’Etat social, nous le voulons. Ne laisser personne sur le bord du chemin, nous en sommes d’accord. La nécessité de l’impôt, nous ne la discutons pas. Mais c’est une question de curseur, de proportions. Il y a un moment où la conjonction des primes d’assurance maladie et de la fiscalité sur le travail devient simplement étouffante. On impose trop le labeur ! Et il devient urgent, pour la politique, tous partis confondus, de se soucier de cette classe moyenne qui travaille, participe à la prospérité générale, mais ne peut plus s’acheter grand-chose, et encore moins capitaliser. Il y a un moment où ça devient révoltant. Il y a un moment où il faut songer à réduire l’impôt sur le revenu des classes moyennes. Sinon, la marmite à vapeur explosera. Il ne faudra pas venir pleurnicher parce que les gens votent pour des partis extrêmes. Ou parce que des Gilets jaunes envahiront nos rues. Il faut trouver d’autres modes de financement, pour l’Etat, que la ponction constante sur le labeur. Et si on ne les trouve pas, eh bien il faudra diminuer la voilure de l’Etat.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Bienvenue à la religion du climat !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.05.19

     

    En ce printemps où le réchauffement tarde à nous écraser de ses rayons caniculaires, la classe politique, quasiment unanime, n’a plus que trois mots à la bouche : le climat, le climat, et encore le climat. A croire que l’Histoire s’est arrêtée. Elle aurait laissé le tragique au vestiaire, se serait elle-même éclipsée, ainsi que la politique, les rapports sociaux, l’économie, la lutte des classes, les syndicats, le patronat. Tout cela, évaporé ! Il n’y aurait plus ni mémoire ni projection, ni guerres, ni ennemis, ni dominants, ni dominés, ni oppression, ni liberté : il n’y aurait plus que « l’urgence climatique ». Reconnaître son absolue priorité ne relèverait plus d’un choix politique. Mais d’un dogme théologique. La religion du climat est née. Avec son clergé, ses sermons, ses autocritiques, ses confessions, ses grands-messes du samedi, ses enfants de chœur, ses péchés, ses processions de rédemption, son chemin d’Apocalypse, son Salut, ses damnés. A l’école du jugement, il n’y aurait plus que le Dernier.

     

    Tenez, les processions du samedi. Sanctifiés, les jeunes qui défilent « pour le climat ». Encouragés par les autorités. « Ils sont l’avenir, ils nous montrent le chemin » : ce ne sont plus des ados des écoles, non, ce sont des anges et des archanges, des séraphins, leurs trompettes sont musiques du futur, ils nous ouvrent la voie du Salut, les portes du Paradis. Ils sèchent les cours ? Mais comme ils ont raison, les chérubins, c’est pour la bonne cause ! Surtout, pas de sanctions ! Pas de remarques ! Pas d’oppositions ! Rien qui, de la part des adultes, des parents ou des maîtres, pourrait laisser poindre le grief de paraître ringard, d’un autre temps, insensible à la théologie de « l’urgence climatique ».

     

    Les partis politiques ? Tous convertis au discours des Verts. En Suisse, nous avons aujourd’hui les Verts, dont la sainte doctrine constitue le chemin de foi défini et délimité. Mais nous avons aussi les radicaux Verts, les libéraux Verts, les PDC Verts. Il n’y a guère que l’UDC et une partie courageuse de la gauche radicale (celle, d’un autre temps, qui s’accroche encore à la justice sociale, et autres mignardises ringardes), pour oser encore émettre quelques doutes sur l’impérieuse nécessité de la Croisade climatique. Reprendre la Jérusalem céleste, la libérer de l’infidélité polluée, assainir les cieux, préparer la voie des anges. Alors oui, le PLR devient Vert, le PDC n’en peut plus de verdir, les partis du gentil centre-droit se sont convertis, ils ne jurent plus que par le climat, les radicaux en ont oublié l’industrie et le Gothard, la démocratie chrétienne a rangé la Doctrine sociale de Léon XIII sous la poussière des étagères, il n’y a plus que le climat, le climat, et encore le climat.

     

    Dès lors, la politique est mise entre parenthèses. De même, la confrontation rationnelle des arguments. Au frigo ! Et nous, les citoyennes et citoyens, pour qui tombèrent Bastilles et privilèges, redevenus fidèles ou infidèles, obéissants ou hérétiques, sauvés ou damnés. Vive le progrès !

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Votations du 19 mai : révolte et colère

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.05.19

     

    Traduire en termes simples les aspects souvent complexes de la vie politique suisse. Telle est, depuis 33 ans que je suis entré en journalisme professionnel, ma grande passion. Présenter aux citoyennes et citoyens les enjeux des votations. En fonction de ce qui les concerne, touche leur vie quotidienne, en élaguant tout le fatras des mots juridiques, « motion », « contre-projet », etc. Être au service des citoyens. Être lisible, audible, compréhensible. Nombre de mes confrères et consœurs, dans ce journal comme à Léman Bleu, comme à Radio Lac, au Courrier, à la Tribune de Genève, etc., s’inscrivent dans cette démarche : être clair, simplifier, dégager les grandes lignes, mettre en perspective historique, aller à l’essentiel. Plus un journal est populaire – c’est le cas de celui que vous tenez entre les mains – plus cette ambition doit être impérieuse. C’est le seul moyen pour que la politique soit l’affaire de tous, et non d’une seule cléricature.

     

    Face aux votations du dimanche 19 mai, je ne puis cacher ma colère. Non que nous votions sur les sujets proposés : loin de là, ils sont essentiels ! Mais hélas, je vois venir comme un iceberg le danger de découragement et d’impuissance que va représenter, pour les citoyens, l’abondance de littérature reçue à la maison. Deux grosses enveloppes, nous expliquant en détail les tenants et les aboutissants de onze sujets de votations, deux fédérales et neuf cantonales. Je me mets à la place du citoyen qui ne regarde pas Léman Bleu, n’écoute pas Radio Lac, ne lit pas GHI, ni la TG, ni le Courrier, etc. Il n’a pas pu assister à nos innombrables débats, présentations de sujets, il n’a pas trop le fil continu de la politique dans la tête : en bien je vais vous le dire, ce pauvre homme, cette pauvre femme, va se trouver complètement largué par ce train de votations du 19 mai ! Parce que la brochure, aussi bien préparée soit-elle (le travail de la Chancellerie n’est pas en cause), demeure ce qu’elle est : un tas de pages imprimées. Qui, de nos jours, lit encore des centaines de pages papier ?

     

    Évidemment, on pourrait avoir une lecture optimiste de cette histoire. Se dire qu’au fond, elle prouve la nécessité d’avoir des médiateurs. Des traducteurs. Des simplificateurs (dans le bon sens) de la complexité législative. Certes. Mais alors, comment ne pas nourrir colère et révolte face à une autre catégorie de médiateurs, ou de corps intermédiaires : les parlementaires ? Dans le cas de la votation sur la CPEG (Caisse de pension des fonctionnaires), l’affaire est flagrante : le Grand Conseil a réussi l’exploit d’accepter deux projets de loi parfaitement contradictoires, celui de la gauche, et celui de la droite et du Conseil d’État ! Dès lors, nous voilà, pour la seule CPEG, face à trois votations, l’une par loi, une autre encore pour la question subsidiaire (laquelle préférez-vous, si les deux passent ?). Et une fois qu’on aura tranché ce profond dilemme, il nous restera neuf sujets !

     

    La politique, ça passe par la clarté. Le contrat avec les citoyens, ça doit reposer sur un pacte simple et lisible. Dans le cas du 19 mai, nous sommes hélas très loin de tout cela.

     

    Pascal Décaillet