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Droite genevoise : les rois de la machine à perdre !

 

Commentaire publié dans GHI - 12.11.19

 

A Genève, comme nous l’avions dûment prévu ici même, le duo de gauche, constitué de la Verte Lisa Mazzone et du socialiste Carlo Sommaruga, a remporté l’élection au Conseil des Etats. Ils seront, pour quatre ans, les représentants du canton dans cette Chambre. Le résultat est sans appel, la gauche est partie en ordre de combat, la droite nous a affiché les divisions dont elle a le secret, il n’y a pas de miracle, c’est ainsi. On notera tout de même que ce mécanisme perdant est une véritable spécialité de la droite genevoise : en Valais, dans le canton de Vaud, la droite s’en sort fort bien. Nous avons, à Genève, les rois de la machine à perdre.

 

Au Conseil des Etats, le duo de gauche, Vert-socialiste, en place depuis douze ans, va donc continuer, on change juste les personnes. En 2023, il y aura donc eu seize ans sans le moindre représentant de droite à la Chambre des Cantons, alors pourquoi pas vingt, vingt-quatre, etc. ? L’une des clefs de la réponse tient à la diversité idéologique des droites genevoises, pour des élections nationales, face à des enjeux aussi cruciaux que les rapports entre la Suisse et l’Union européenne, le protectionnisme face au libre-échange, le souverainisme face aux ensembles multilatéraux. Dans ces domaines-là, l’UDC et le PLR (ne parlons pas du PDC !) représentent bel et bien deux conceptions diamétralement opposées. Les associer sur une affiche électorale, avec une personnalité de chacun de ces partis, représenterait au fond une contradiction. On appellerait l’électeur à voter à la fois pour le chaud et pour le froid, pour le noir et pour le blanc.

 

A cet égard, l’excellent résultat de Céline Amaudruz, partie seule, sans alliance, et décrochant tout de même plus de vingt mille voix, représente un double avantage. D’abord, c’est un résultat vrai, une photographie réelle de ce que représentent, à Genève, les forces souverainistes. Ensuite, la qualité de ce résultat, qui talonne la candidate du PDC, Mme Hirsch, est un indice de bonne santé de l’UDC genevoise, à quelques mois des municipales du printemps 2020. Là, sur les enjeux locaux, où n’interviennent ni la question européenne, ni celle de la souveraineté nationale, des alliances, commune par commune, face à la gauche, seront beaucoup plus crédibles que dans l’élection aux Etats. Sur la gestion financière, le refus de la dette et des déficits, la lutte contre l’Etat tentaculaire, mais aussi les questions de sécurité, PLR et UDC peuvent sans problème trouver une voie commune. Encore faut-il que le PLR, après avoir snobé pendant des années la section genevoise du premier parti de Suisse, commence à lui parler avec le minimum de respect qui sied à des alliés. Cela, pour l’heure, n’est pas encore gagné.

 

Au PLR, le temps des fatigues patriciennes, arrogantes et dédaigneuses, est terminé. Une nouvelle ère s’ouvre, à Genève : celle d’une collaboration respectueuse, d’égal à égal, avec la droite souverainiste et populaire. C’est cela, la leçon de cette élection.

 

Pascal Décaillet

 

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