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Commentaires GHI - Page 137

  • Vive la Commune, vivent les Maires !

     

    Commentaire publié dans GHI - 05.02.20

     

    Je vais vous dire une chose : il faut vraiment avoir le moral pour siéger dans un Conseil municipal ! Pour ceux qui, dès leur enfance, furent initiés à la politique par les Mémoires de Guerre de Charles de Gaulle, ou la Vie des hommes illustres de Plutarque, ou les récits des combats et des traités, c’est un sacré retour au concret que de suivre les discussions d’un délibératif communal. On y parle cadastre, canalisations, projets de constructions, aménagement des routes, mais aussi finances, centimes additionnels, plans localisés de quartier (les fameux PLQ), police de proximité, service du feu, locaux sportifs, événements culturels. Enfin, tout ce qui touche de près à la vie des gens. C’est moins romantique que les Mémoires d’Outre-Tombe, mais ça dit la vie, la vraie, les soucis des habitants : s’en préoccuper, avec bienveillance et précision, n’est-ce pas la grandeur des élus et édiles communaux ?

     

    Alors oui, je dis « Vive les Communes, vivent les Maires ! ». Nous avons, dans notre Canton, 45 communes : cela fait des centaines d’élus qui s’en occupent, entre les Conseils administratifs (exécutifs) et les Conseil municipaux (délibératifs). Des centaines de personnes qui consacrent du temps, en plénum ou dans les commissions, ou simplement par leur contact au quotidien, à la gestion du bien commun. Je les fréquente de près, ces temps, recevant nombre d’entre eux dans mes émissions sur Léman Bleu, une chaîne qui met le paquet sur la couverture de ces municipales. Eh bien les gens que nous recevons à longueur de semaines, avec mes confrères et consœurs, je vous le dis tout net, sont admirables ! Franchement, pour aller se coltiner, après une journée de boulot, les délibérations d’un Municipal, il faut passionnément aimer la chose publique. Ceux qui s’y lancent ne le font ni pour l’argent (ils n’iraient pas très loin, à part s’ils siègent à l’exécutif de la Ville, ou d’une très grande Commune !), ni pour la gloire. Ils le font, dans l’immense majorité d’entre eux, pour SERVIR.

     

    En voyant défiler ces concitoyens engagés, je me dis qu’au fond, l’enjeu premier n’est pas de savoir s’il faut les choisir à gauche ou à droite. Non, il est d’envoyer dans les Mairies, ou dans les Conseils, ceux d’entre eux qui se sentent le plus habités par cette idée, si haute et si noble, de service. On fait rarement la une des journaux dans les Municipaux, on demeure anonyme, mais on fait avancer la cause commune. Ces élus locaux, discrets et concrets, pourraient donner de grandes leçons à d’autres, ceux qui défrayent la chronique, cherchent la lumière. Alors, à Genève, soutenons la Commune ! Institutionnellement, elle mérite plus de pouvoir, plus d’indépendance du Canton, plus d’intérêt des cœurs et des âmes. Car elle est l’échelon premier : celui où le contact direct est possible, celui où le fruit de la promesse électorale est immédiatement visible. Le 15 mars, n’oubliez pas d’aller voter : nos 45 Communes en valent la peine !

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • L'homme qui tient bon

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 05.02.20

     

    Candidat du PLR à l’exécutif de la Ville de Genève, Simon Brandt revient de loin. Juste avant Noël, cet homme a vécu un cauchemar : arrestation par la police, avec un déploiement qui rappelle plutôt l’interpellation des adeptes du grand banditisme. Fouille complète. Interrogatoire serré. Cela, pour une affaire de violation du secret de fonction.

     

    Dans cette affaire, un volet judiciaire, sur lequel nous ne nous prononcerons pas. Mais aussi, évidemment, une résonance politique : Simon Brandt fut longtemps le lieutenant de Pierre Maudet, il prétend ne plus l’être, dont acte. Mais aussi, il est candidat à la Mairie de la deuxième Ville de Suisse, il suscite des jalousies, jusque dans son propre camp.

     

    Juste avant Noël, l’homme était proprement lessivé. Soufflé par ce qui lui était arrivé. On le serait à moins ! Et puis, courant janvier, lentement mais sûrement, nous eûmes à deux reprises le sentiment très net qu’il remontait la pente. Là où d’autres auraient flanché, il a tenu. Il est venu dans les débats, il s’est battu avec brio, il avait retrouvé son mordant.

     

    Un homme qui tient, un homme qui se bat, un homme qui ne capitule pas, mérite non seulement notre respect humain, mais aussi notre admiration politique. Plongé dans une affaire qui rappelle les premières pages du Procès de Kafka, l’homme a traversé la tourmente. Il a tenu. Et il est toujours là. Pour un candidat au stress d’un exécutif, c’est plutôt pas mal, non ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Genève, contrôle ta croissance !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 29.01.20

     

    « Déclassements », « modifications de zones » : il n’y a bientôt plus un seul dimanche de votations, à Genève, dont le menu ne contienne un de ces mots barbares. Commençons par les traduire : il s’agit de projets de constructions, principalement pour des logements. Le Grand Conseil en a voté le principe. Il y a eu référendum. Donc, nous votons. En soi, c’est très bien : plus le suffrage universel s’exprime, mieux notre communauté humaine se porte. Il vaut mieux, à Genève, décider à plusieurs dizaines de milliers de citoyennes et citoyens, qu’à seulement cent (le Parlement). Reste, bien sûr, à voter en connaissance de cause. Producteur responsable, depuis quatorze ans, de l’émission Genève à chaud, sur Léman Bleu, je multiplie les débats sur ces sujets de proximité, mais je sais à quel point ils sont souvent techniques, le langage des juristes et des urbanistes n’étant pas toujours le plus accessible.

     

    La question essentielle, à Genève, n’est pas de savoir s’il faut construire tel ou tel immeuble, dans tel ou tel quartier. Mais, beaucoup plus fondamentalement, quel rapport notre communauté citoyenne entend entretenir avec la croissance. Le conseiller d’Etat Antonio Hodgers en a pris conscience, il demande une réflexion en profondeur sur le sujet, avant de continuer de foncer dans le mur, eh bien sur ce point il a raison. Car Genève n’est pas extensible à souhait. Né en 1958, je suis un enfant de la croissance. J’ai d’abord vécu en Ville, au bord du lac, plus seize ans à Lancy, où nous fûmes heureux, mais où nous vîmes éclore les immeubles, comme des champignons. Il y avait le baby-boom, il y avait une forte immigration (par nous-même demandée), il fallait bien construire. Parfois, avec intelligence et qualité. Parfois, hélas, avec moins de bonheur. Mais enfin, c’était l’époque, la croissance était dans l’air, et l’Expo Nationale de 1964 (que j’ai eu deux fois l’honneur de visiter en famille) incarnait cette Suisse de la production, de la multiplication.

     

    Le problème, c’est qu’à part en mathématiques, on ne peut croître à l’infini. Genève a des barrières naturelles, qui s’appellent le Salève, le Jura, les Voirons. Elle a une zone agricole, mais aussi une zone forestière, que nous devons absolument conserver, elles sont notre respiration, notre poumon. Dès lors, un jour ou l’autre, la question d’un frein à la croissance, notamment dans les constructions, se posera. Mieux vaut, assurément, l’anticiper, avec une vision prospective qui aille plus loin que l’actuel Plan directeur cantonal. Dans nos réflexions, nous devrons être sans tabou, y compris quant aux flux migratoires, et à leur potentielle régulation. Pour cela, il faut en effet souffler un peu, tout mettre sur la table, écouter les Communes, dégager un consensus. Bref, faire de l’urbanisme avec une autre vision que trois ou quatre référendums annuels sur des projets ponctuels de constructions. Il faut une vision d’ensemble. Cela mérite de s’arrêter. De discuter. Et de prendre le temps. La qualité de notre avenir en dépend.

     

    Pascal Décaillet