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Commentaires GHI - Page 133

  • Deuxième tour : oui !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 25.03.20

     

    Bien sûr qu’en pleine crise sanitaire, le second tour (prévu le 5 avril) des élections dans nos Mairies n’est pas la préoccupation no 1 de la population ! Les gens sont confinés. Ils doivent contempler le printemps de chez eux, voir de loin les arbres fleurir, ronger leur frein, nettoyer leurs parquets pour la centième fois, alors ne venez pas trop leur parler de conseillers administratifs, ils savent à peine ce que c’est.

     

    Et pourtant ! La crise, un jour (le plus tôt possible, nous l’espérons tous !), passera. Mais les élus dans nos 45 exécutifs communaux seront en place, dès le 1er juin 2020, pour cinq ans. Aussi dérisoire cette élection puisse-t-elle paraître, en comparaison de ce que nous vivons actuellement, elle doit tout de même avoir lieu, et le Conseil d’Etat a eu raison de la maintenir.

     

    Plus largement, et n’en déplaise à ceux qui ont toujours détesté la politique, les institutions, les lois, la vie de la Cité ne doit en aucun cas s’arrêter. Ralentir, oui. Remettre à plus tard les enjeux moins importants, privilégier l’essentiel. Mais il serait catastrophique de la voir disparaître des radars.

     

    A cet égard, la mise en congé, aux allures d’auto-dissolution temporaire, de nos législatifs, aux trois échelons de notre vie politique suisse (fédéral, cantonal, communal), n’était pas la solution à choisir. Vous allez voir comme les exécutifs vont très vite s’y habituer, multiplier les décisions par ordonnances ou arrêtés, bref se passer des Parlements. Malgré toutes les impulsions prétoriennes qui, parfois, me traversent, je ne pense pas que cela soit conforme aux intérêts supérieurs de notre pays.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Le virus et Beethoven

     

    Commentaire publié dans GHI - 18.03.20

     

    Le danger, lorsque nous sommes confrontés à une crise majeure, du type de celle que nous traversons, c’est de la transformer en thème unique, voire obsessionnel, de conversation. Rien ne nous y oblige ! Il faut certes en parler, avec tout le sérieux requis, informer au mieux la population, répondre aux questions des gens, transmettre les consignes. Mais par pitié, rien ne nous interdit de parler d’autre chose !

     

    Dimanche soir, après avoir couvert avec mes collègues les élections municipales, j’ai écouté la Missa solemnis, de Beethoven, sur Mezzo. Puis, une extraordinaire interview du chef d’orchestre, René Jacobs, sur les circonstances de l’écriture de cette Messe par l’un des deux ou trois plus grands compositeurs de l’Histoire humaine. C’était d’une précision, d’une érudition musicologique, à couper le souffle. Et ça nous prouvait qu’un grand chef, ça n’est pas seulement des choix de tempo, mais une vie entière de culture musicale.

     

    Pourquoi je vous raconte cela ? Parce que Beethoven et René Jacobs, après une journée passée dans le cambouis du concret, m’ont incroyablement lavé l’esprit. Parce qu’il y a le virus, c’est vrai, et qu’il faut en parler, et appliquer les directives. Mais aussi, parce qu’il existe, à côté du virus, avant et après le virus, un homme qui s’appelle Beethoven, cet esprit constamment en mouvement, qui a fait progresser le génie humain à des galaxies de la force de frappe du virus. Alors, s’il faut parler de l’un, parlons aussi de l’autre ! Et nous verrons bien qui gagnera. Bon courage à tous !

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Solitaires ? Oui, mais solidaires !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 18.03.20

     

    La crise que nous traversons place chacun d’entre nous dans une situation totalement inédite. Nul, il y a encore trois semaines, n’aurait pu en prévoir l’ampleur. Voilà qu’on nous appelle à demeurer chez nous, le plus possible. Limiter les déplacements. Nous tenir à distance les uns des autres. Ecoles fermées, cinémas, théâtres, salles de concerts. Pas de rassemblements. Faire nos courses, mais sans nous précipiter pour faire des réserves, comme si nous étions en pleine guerre. On sait que les hôpitaux font le maximum, produisent un travail admirable, avec un personnel qui lutte contre la fatigue. A ces gens, nous devons penser en priorité. Ceux qui sont malades, ceux qui les soignent.

     

    Appelés à être solitaires, nous sommes pourtant investis du devoir de nous montrer solidaires. Les deux mots se ressemblent, cela me frappe depuis des décennies. On pourrait y voir un paradoxe. Et pourtant ! Beaucoup d’entre nous, peut-être une majorité, sont des hommes et des femmes seuls, et cela bien avant la crise actuelle. Seuls chez eux. Seuls face à leur écran. Seuls dans leur tête. Mais la solitude, en aucune manière, ne signifie désintérêt, ni absence d’empathie, pour l’autre. A l’inverse, on peut être grégaire, toujours dans des grappes humaines, ou dans des foules, sans pour autant se sentir en communion avec son semblable. Méfions-nous des apparences.

     

    On nous invite à rester chez nous, ne pas frayer physiquement, pendant un certain temps, avec d’autres humains. Soit. Mais la vie est là, la vie oui, dans sa totalité, visible et invisible. La communauté des humains ne se réduit pas à leur capacité à produire de la foule, mais à sentir, en soi, ce qui nous relie en profondeur. Nous ne pouvons pas trop nous voir, nous toucher, pendant une période. Mais enfin, nous pouvons nous parler, nous écrire, nous entraider pour des choses très pratiques. Jusqu’à nouvel ordre, le virus n’a rien à voir avec celui des ordinateurs : nous avons là, tout de même, un prodigieux outil de communication à distance, nous aurions tort de nous en priver.

     

    De même, les réseaux sociaux. Je suis, vous le savez, un partisan très vif de ces nouveaux outils de communication. On peut les utiliser pour le pire : étalage de vie privée, curiosité malsaine, délation, effets de meute. Mais ils peuvent, tout autant, servir au meilleur : informer les gens, écrire et découvrir des textes, partager des émotions culturelles, ouvrir le débat. Notre solitude est donc toute relative ! Et autrement nourrie que celle d’un confiné du dix-neuvième siècle ! Pour ma part, et pour reprendre un mot célèbre – et magnifique – de François Mitterrand, je crois aux forces de l’esprit. Il a pu m’arriver, il y a une quinzaine d’années, de ne pas être, pendant de longs mois, au sommet de ma force physique : je ne me suis jamais senti aussi entouré d’humanité, visible ou invisible, qu’en cette période. Je souhaite à chacun d’entre nous le courage, la force morale, et aussi la capacité d’humour et de dérision pour traverser ces temps particuliers. De grâce, ne baissons pas les bras !

     

    Pascal Décaillet