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Commentaires GHI - Page 132

  • Le confinement n'est pas un thème !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.04.20

     

    Désolé si je jette un froid, mais je considère qu’on parle beaucoup trop du confinement. Je ne porte pas, ici, de jugement sur les décisions sanitaires de nos autorités. J’en porte un – et il est sévère – sur les décisions économiques, notamment l’ordre linéaire, sans nuances ni discernement, de fermer des dizaines de milliers d’entreprises, y compris celles où le respect des distances réglementaires ne pose aucun problème. Mais je note une chose : on érige beaucoup trop le confinement en sujet de conversation, de journal intime, de réflexions partagées. Alors qu’à mes yeux, le confinement n’est pas un thème.

     

    Le thème, c’est la situation économique désastreuse dans laquelle nos autorités ont aveuglément jeté la Suisse. Le thème, c’est l’urgente nécessité de se retrousser les manches, pour relever notre pays. Le thème, c’est la survie de nos entreprises, qui étaient encore, voici quelques semaines, parmi les plus compétitives du monde. Le thème, c’est laisser entreprendre les entrepreneurs, les laisser travailler, leur foutre la paix avec la paperasse et les formalités, les laisser vivre, respirer, exister. A commencer par les indépendants, les toutes petites entreprises, deux ou trois personnes, parfois une seule, mais habitées par la fougue. Ce sont ces gens-là qui relèveront notre pays.

     

    L’effet pervers, sur lequel l’Histoire portera un regard sévère, c’est la complaisance opérée par le confinement sur les âmes et les consciences. Lorsqu’on est salarié, et que le salaire tombe à la fin du mois, ou même lorsqu’on est chômeur, avec 80% du salaire pendant deux ans, on peut sans doute mieux prendre son mal en patience, chez soi, que si on est indépendant, privé de tout revenu par décision d’en haut, angoissé pour la suite. Il ne s’agit pas d’ériger une catégorie de notre peuple contre une autre, la solidarité exige l’union. Mais enfin, il ne s’agit pas non plus, pour autant, de taire une ligne de fracture majeure entre deux systèmes de rémunération, deux rapports au monde du travail. C’est peu dire que la seconde catégorie trouvera moins de délices à tenir son journal du confinement, à faire du style sur une situation sans précédent, où chacun, sans l’avoir voulu, se retrouve reclus chez soi.

     

    Alors oui, je viens crier ici que le confinement n’est pas un thème ! Nous devons bien sûr respecter les consignes. Mais rien ne nous empêche, tout en les appliquant, d’exercer notre esprit critique ! Nos autorités, fédérales ou cantonales, nous ont imposé des normes de distance, d’hygiène, de précautions, fort bien. Elles ne nous ont pas interdit de penser ! Ni de nous exprimer, dans l’espace public, pour parler d’autre chose que de notre quotidien de confinés ! Ni d’exprimer des désaccords sur les décisions économiques. Ni d’exhorter nos législatifs, qui roupillent, à reprendre leur boulot, sous une forme ou sous une autre ! En bref, nous avons mieux à faire que raconter nos confinements. Par exemple, entreprendre toutes choses pour reprendre au plus vite le boulot. Histoire de sauver notre pays.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Toulon, novembre 42

     

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.04.20

     

    Résumons. Nous avions, il y a encore un mois, l’une des meilleures économies du monde. Nos autorités, pour des raisons que nous ne jugerons pas ici, ont décidé de la foutre en l’air, purement et simplement, et envoyant tout le monde à la maison. Elles vident les caisses des entreprises, laissent fondre les épargnes des individus, mais multiplient les conférences de presse pour nous promettre que tout cela sera compensé, au mieux.

     

    Nous assistons, sans rien pouvoir faire, à un sabordage qui n’est pas sans rappeler celui de la Flotte française à Toulon, en novembre 1942 : pour la bonne cause, on bazarde l’outil du combat, les armes du salut. On le laisse couler, mais on vient aussitôt nous échafauder mille plans, sur mille comètes, pour que tout s’arrange peu ou prou. En attendant, les navires coulés gisent dans les sables, en fond de mer.

     

    Économiquement, la Suisse procède à l’opération la plus surréaliste de son Histoire. Elle appauvrit le peuple, pour mieux venir lui faire l’aumône. Elle paralyse un système incroyablement performant, mais nous tient déjà des discours sur le retour au mouvement. Elle tue, puis nous annonce la résurrection.

     

    La perversité de ce double mouvement, détruire puis panser les plaies, fera l’objet, plus tard, d’une foule de thèses de doctorats, d’études et d’ouvrages. L’Histoire jugera, il est possible qu’elle se montre sévère. Pour l’heure, serrons les coudes. Et surtout, gardons notre esprit critique. Cela, aucun expert de Berne ne pourra nous l’ôter.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

  • Ne sabordons pas l'économie suisse !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.04.20

     

    Je m’exprime ici comme citoyen, mais aussi comme petit entrepreneur. Sensible à la fragilité de l’économie, à l’interdépendance entre les secteurs, à la chance que nous avons, en Suisse, d’avoir hérité de nos parents, de nos grands-parents, un pays solide et prospère. Nous sommes un peuple travailleur. Nous sommes des gens fiables. Nous ne comptons pas nos heures. Nous sommes ponctuels. Nous respectons les délais. Nous sommes des citoyens responsables : lorsqu’on nous demande s’il faut une hausse d’impôts, nous sommes capables de répondre oui ! Et nous disons non à une sixième semaine de vacances ! Lorsque je dis « nous », ce ne sont pas seulement les Suisses, mais aussi nos amis étrangers qui vivent et travaillent dans notre pays. Notre pays est respecté, dans le monde, pour son sérieux, la qualité de son travail, son souci de la finition, son respect des horaires, sa qualité d’intendance.

     

    Ces valeurs, qui peuvent faire sourire par beau temps, et même faire le bonheur des chansonniers, avec le bon vieux Suisse maniaque et ponctuel à l’extrême, prennent soudain du relief lorsque nous sommes en crise. Nous nous rendons compte que l’une des causes de notre prospérité, ce sont les qualités individuelles de chaque travailleur, chaque travailleuse de notre pays. Nous ne sommes pas des approximatifs : lorsque tout va bien, ça fait un peu ennuyeux, mais lorsque tout se déglingue, notre souci de précision fait du bien. La qualité d’une économie, c’est avant tout le pacte de confiance entre ses acteurs.

     

    Voilà pourquoi j’enrage. Et nous enrageons tous ! Tout cet édifice de qualité, sabordé en quelques jours par les décisions que nous savons. Elles sont dictées par un impératif sanitaire, que je ne juge pas ici. Je ne suis pas virologue, pas plus que climatologue ; je suis juste un petit entrepreneur, et un citoyen. J’enrage, parce que l’immobilisation de toute une économie, la paralysie dictée d’en haut, par des gens à Berne, de centaines de milliers de personnes qui ne demandaient qu’à travailler, est en train de saborder, sous nos yeux impuissants, l’une des économies les plus compétitives du monde. Saborder le travail de nos pères, de nos mères, de nos ancêtres. Il nous faudra des années pour nous relever ! Quand on a consacré toute sa vie à travailler, je peux vous dire qu’on a les boules : des centaines de milliers d’entre nous ont la rage au cœur !

     

    La priorité est évidemment, aujourd’hui, à la lutte contre le virus. Elle est à la solidarité, à la compassion avec les malades, à l’immense reconnaissance pour le personnel soignant. Mais très vite, il faudra se retrousser les manches. Nous aurons, tous ensemble, à reconstruire l’économie suisse. Puissions-nous le faire sur des bases de justice sociale, de partage, en mettant l’économie au service de l’humain, et non le contraire. Pour ma part, ce travail commence déjà maintenant, en pleine crise. En multipliant les bourses aux idées, en donnant la parole à toutes les bonnes volontés. Nous aurons raison de la crise. Nous reconstruirons l’économie suisse.

     

    Pascal Décaillet