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Commentaires GHI - Page 132

  • 2020 : mes voeux pour la Suisse

     

    Commentaire publié dans GHI - 23.12.19

     

    Mon premier vœu, pour la Suisse en 2020, est qu’elle demeure un pays libre et souverain. C’est l’essence même, depuis la Révolution française et les combats héroïques des Soldats de l’An II, de toute nation, nous n’y échappons pas. Souverain, cela signifie que nos lois, démocratiquement votées par le Parlement ou par le peuple, doivent demeurer notre horizon ultime. Le « droit supérieur », c’est l’inféodation à un Empire, je dis non. L’indépendance, condition sine qua non de l’existence nationale, ne signifie ni solitude, ni repli. Notre pays signe des accords avec d’autres, il les négocie, et j’estime pour ma part que tout accord passé en haut lieu doit être ratifié par le peuple. Volontairement, je place la souveraineté en tête de mes préoccupations, pour la simple raison que je suis un observateur pessimiste de l’Histoire des hommes, je crois aux rapports de forces, à la puissance des liens à l’intérieur d’une communauté, et non aux machineries internationales. On a vu ces dernières s’effondrer comme châteaux de cartes dès que resurgit le tragique de l’Histoire, pensez à la SDN.

     

    Mon deuxième vœu est celui de la cohésion sociale. Je veux un pays solidaire, où personne ne demeure sur le bord du chemin. Concrètement, cela signifie des assurances sociales fortes, protectrices de tous, et crédibles. Pour les retraites, nous avons besoin d’une nouvelle donne, un nouveau Contrat social entre générations, d’une puissance comparable à ce que fut l’invention de l’AVS, en 1947. Ce New Deal, c’est à nous de l’inventer, en fonction du génie de notre peuple, c’est un chantier majeur. Quant aux coûts liés à notre système de santé, à commencer bien sûr par les primes maladie, préoccupation no 1 de nos compatriotes, ils doivent être le souci premier de notre classe politique. Si cette dernière continue d’échouer dans ce dossier, alors son crédit, déjà en chute libre, partira en poussière. Les ménages étouffent, les classes moyennes sont prises à la gorge, le travail est beaucoup trop taxé, la révolte gronde.

     

    Mon troisième vœu est celui de la qualité de la vie. Nous vivons dans un pays magnifique, aux paysages incomparables, nous avons des fleuves et des rivières, des lacs, des montagnes, de quoi faire rêver des frères humains venus de latitudes moins nanties. A la protection de l’environnement, j’ai toujours dit oui : ce que je combats, ce sont les prophéties d’Apocalypse autour du thème climatique, tout ce tintamarre étant orchestré pour la propagande d’un certain parti. Mais sur le fond, oui, aimons et protégeons la nature, encourageons nos paysans, donnons-leur les moyens de survivre. La qualité de vie, c’est aussi la conscience et la fierté d’appartenir à un pays de quatre langues. Nous, Romands, plongeons-nous dans la langue et la littérature allemandes. Et surtout, n’oublions jamais l’italien, langue nationale, promesse d’un Sud qui commence déjà chez nous. A tous, je souhaite une excellente Année 2020 !

     

    Pascal Décaillet 

     

     

     

     

     

  • Jeunes militants : la relève est là !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 18.12.19

     

    Je n’ai jamais été un adepte du discours sur les générations : « Les jeunes sont comme ceci, les vieux sont comme cela ». J’avais dix ans en Mai 68, et déjà me méfiais des paroles encensant la jeunesse, tout comme de celles qui la vilipendaient. On me parlait d’un conflit entre classes d’âge, je ne le comprenais pas : ce monde, que mes aînés de dix ou quinze ans rejetaient, convenait parfaitement à l’élève que j’étais. J’aimais la langue française, la grammaire, les exceptions, les hiboux, les joujoux, les poux.

     

    J’aimais passionnément l’Histoire, avec ses guerres et ses traités, et peut-être plus encore la géographie, avec ses fleuves et leurs affluents. Plus que tout, la poésie, apprendre les poèmes, les réciter à haute voix, en étant juste sur la métrique, la prosodie, le souffle, le respect de la ponctuation. Toutes ces valeurs, je voyais bien qu’elles procédaient d’une longue tradition, et n’éprouvais que reconnaissance face aux générations d’avant, qui nous l’avaient transmise. Je ne comprenais pas pourquoi les jeunes de vingt ans la contestaient. Ce fut le début d’un très long malentendu, qui d’ailleurs perdure.

     

    Malgré tout cela, me voilà venant vous dire du bien des jeunes d’aujourd’hui. Pour une raison simple : depuis de longues années, j’ai conçu le projet de donner la parole, tous partis confondus, à la fine fleur de la relève politique. Je m’y emploie, sans relâche. Et suis frappé du rapport que la plupart d’entre eux entretiennent avec le débat politique. Beaucoup plus que nous à leur âge, ils gardent leur calme, argumentent, écoutent l’adversaire, toutes postures qui n’infléchissent en rien leur ligne de combat. Mais à l’ensemble de la bataille, elles donnent un style, un comportement, qui font plaisir à voir et à entendre. Pour tout cela, oui, j’aime infiniment organiser des débats avec des jeunes.

     

    Je note aussi un autre élément : le choc, entre tel jeune militant d’Ensemble à Gauche et tel autre du PLR, ou de l’UDC, est parfois violent, sur le fond, tant les visions du monde divergent. Mais jamais, il ne dérive à l’attaque personnelle, aux coups sous la ceinture, à la démolition de l’autre. Mieux : le tutoiement, aussitôt l’émission terminée, entre ces jeunes adversaires, est enfin de ceux qui sonnent juste. Il ne traduit pas la complicité de barbichette de tant d’aînés, non, il est celui de l’amitié et du respect, au sein d’une génération qui sait l’avenir difficile, notamment dans l’accès à l’emploi. Antagonistes sur les idées, mais solidaires. Il y a là quelque chose de beau.

     

    A l’heure où, dans l’audiovisuel, notamment sur les écrans parisiens, tant de vieux briscards ne se singularisent que pour faire irruption, comme des coqs de combat, voilà, à Genève, une jeune génération qui, sans faire la moindre concession sur le fond, a compris la valeur intrinsèque de l’argument. Et les promesses de qualité d’un débat où l’on s’écoute, plutôt qu’on ne se lacère. Qui s’en plaindra ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Ville de Genève : la chienlit !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 11.12.19

     

    A part offrir en spectacle, à longueur d’années, des affaires qui n’en finissent plus, et provoquent en chaîne, comme des chocs d’électrons, d’autres affaires, à part fournir aux librettistes et cabarettistes des Revues une matière infinie, à part faire saillir et glousser, à quoi sert exactement la Ville de Genève ?

     

    Bien sûr, me direz-vous, il faut bien que la première ville de Suisse romande, même contenue dans un canton fort étriqué, ait son échelon bien à elle, représentatif de la fierté de la Commune, porteur de tant de siècles d’Histoire, où les murs étaient fermés, et où la Cité, dans ses rues ancestrales et patriciennes, ou dans ses faubourgs populaires, cultivait son identité, sa différence. Je ne plaide pas nécessairement ici pour l’abolition de ce statut municipal, ni pour un modèle bâlois, où Ville et Etat ne feraient plus qu’un. Mais enfin, si la Ville de Genève, comme entité politique, pose tant de problèmes, ça n’est pas qu’un intrus, surgi de Sirius, nous les aurait inventés. Mais bel et bien que les premiers concernés, nos cinq magistrats municipaux exécutifs, ont été les premiers, par leur comportement, à en être la cause.

     

    Je n’entrerai pas ici dans le petit jeu de décréter lequel des cinq aura été le plus calamiteux. Prises individuellement, ces cinq personnes sont respectables, plutôt compétentes, désireuses de bien faire. Mais enfin, à moins d’être sourd et aveugle, un constat s’impose : la chienlit est là. Non qu’une opportune décision, en fonction de l’heureuse conjonction astrale du jour, ne soit pas, ici ou là, prise parfois. Mais l’ensemble péclote et crapote. Les affaires de notes de frais des magistrats, puis le rapport retenu sur les frais des employés, puis la douloureux audit du Grand Théâtre, tout cela parachève l’impression, pour filer (puisque nous y sommes) la métaphore lyrique, d’un Vaisseau fantôme.

     

    Dans cette lunaire dérive vers le naufrage, d’aucuns et d’aucunes, naguère si diserts, de taisent. Et le poids de leur silence, couvert par l’ultime musique sur le pont, rappelle celui des capitaines en déroute, face au destin qui frappe. Tout cela est certes romanesque, Wagner en eût fait un opéra, Offenbach un Conte de Noël, avec ballets, mais comme exemple de gouvernance, pour une ville réputée briller sur la scène mondiale, on a connu mieux.

     

    Dans cette ambiance de fin de règne, les impétrants, pour la succession du printemps 2020, se pressent au portillon. Les candidatures fleurissent. Les promesses de renouveau défrisent et décoiffent, comme bise d’hiver. Question centrale : le changement des personnes (quatre ou cinq nouveaux constitueront la prochaine équipe) suffira-t-il à lever la poussière d’une antique équation : cet échelon municipal, face au Canton, à quoi sert-il ? Quelle est sa valeur ajoutée ? Comment éliminer enfin les doublons ? Et surtout, après tant de péripéties, comment restaurer la confiance ? Vaste programme ! Mais juste l’essentiel, tout simplement.

     

    Pascal Décaillet