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Commentaires GHI - Page 134

  • Conseil des Etats : un boulevard pour la gauche

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 30.10.19

     

    Les élections fédérales ne sont pas terminées. Pour le National, les dés sont jetés : Genève a désigné ses douze députés, pour quatre ans, dans cette Chambre. Reste, le dimanche 10 novembre, le second tour de l’élection au Conseil des Etats. Là, chaque canton, quel que soit son nombre d’habitants, envoie deux personnes. Le système électoral exige des figures rassembleuses, charismatiques, capables d’aller chercher les voix hors de leur seule famille politique. La gauche tient le bastion depuis douze ans, avec une socialiste et un Vert à la Chambre des Cantons, qui ne se représentent pas.

     

    Elle tient la citadelle depuis douze ans, et pourrait bien la garder ! L’avance entre les deux premiers, la Verte Lisa Mazzone et le socialiste Carlo Sommaruga, et les autres candidats, lors du premier tour, dimanche 20 octobre, est impressionnante : quinze mille voix d’écart entre le candidat socialiste, no 2, et celui du PLR, Hugues Hiltpold, no 3 ! La candidate PDC Béatrice Hirsch arrive quatrième, l’UDC Céline Amaudruz cinquième. La gauche a su, comme d’habitude, serrer les rangs, jouer la discipline de vote. Elle le fera aussi au deuxième tour. Nul ne saurait lui en faire grief : la politique est un art du combat et des rapports de forces, rien d’autre. Et puis, en stratégie, il ne faut pas commenter les mouvements de l’adversaire, mais manœuvrer soi-même.

     

    Dès lors, quid ? Eh bien disons qu’à moins d’un sursaut phénoménal d’un électorat de droite qui, paraît-il, « ne s’était pas mobilisé » au premier tour (traditionnelle excuse des vaincus), l’affaire est entendue : longue vie à la gauche genevoise, Verts et socialistes, au Conseil des Etats ! Que du bonheur : mille ans de roses et de tournesols ! Mille ans de taxes, avec les Verts, mille ans d’impôts avec les socialistes. Ça ne vous irradie pas de jouissance, cette perspective ? Mille ans, peut-être davantage, tant que n’existera pas, au sein des droites genevoises, une stratégie dûment mise au point, non pas trois semaines avant l’échéance, mais plusieurs années. Une stratégie dont on ne dévie pas, contre vents et marées.

     

    On en est très loin. Le soir du premier tour, lors de nos émissions spéciales de Léman Bleu, à Uni Mail, la présidente de l’UDC, Céline Amaudruz, tendait une perche au président du PLR, Bertrand Reich. Ce dernier, courtois mais sans appel, lui répondait par une fin de non-recevoir. L’affaire était pliée : longue vie à la gauche ! Dès lors, on voit mal pourquoi l’électorat genevois de l’UDC, si souvent humilié, ces dernières décennies, par les tonalités patriciennes des libéraux ou les rudesses de grognards des radicaux, sans compter le mépris du parti des bénitiers, se gênerait, une seule seconde, d’inscrire un seul nom sur la liste de deuxième tour : celui de Céline Amaudruz. Nous aurions ainsi, au soir du 10 novembre, un décompte enfin précis des différentes sensibilités, au sein des droites genevoises. La politique y gagnerait en clarté. Pour l’avenir, on prendrait date.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Genève, demeure à taille humaine !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 16.10.19

     

    Genève est une ville extraordinaire. Et son canton, parfaitement circonscrit par les barrières naturelles que sont le Jura, le Salève, les Voirons, ne l’est pas moins. Une ville, à la fois comme un aboutissement, celui du Rhône surgi du lac, et comme une renaissance : ayant, un temps, confondu son identité avec celle du Léman, le fleuve redevient fleuve, assume son destin de cours d’eau, à travers le Jura, puis Lyon, Valence, Arles, jusqu’à la Camargue. Comme il existe des autels sur les chemins de piété, Genève constitue une étape, dans la procession fluviale. Être natif de cette ville, hors du commun, nous oblige face à l’avenir. Nous devons certes la faire évoluer, c’est la mission des architectes et des urbanistes. Mais en aucun cas nous ne devons la dénaturer.

     

    Prenez n’importe quelle photo aérienne : le miracle de Genève, c’est cet équilibre, qui relève de la pureté trigonométrique, entre le développement de la ville, puis des communes suburbaines, avec les zones vertes, forêts ou campagne. Genève a besoin de densité, et sans doute d’un peu d’élévation (sans sombrer dans le syndrome de Babel), mais aussi de verdure, de respiration. Nous avons besoin d’aimer notre ville, mais nous devons sentir, pour toujours, la providentielle proximité de la vie naturelle. Les oiseaux migrateurs, le long du Rhône. La douceur de nos sous-bois. La vitalité de nos champs, matriciels, nourriciers. Chaque habitant de Genève sera prêt à accepter une ville dense, à condition qu’il se sache à quelques minutes de la campagne. Faute de quoi, la croissance deviendra l’enfer.

     

    Je n’invite pas ici à la décroissance, suis moi-même un petit entrepreneur et sais à quel point tout est fragile. Mais j’invite à une croissance humaine, mesurée, totalement respectueuse de l’environnement, faune et flore, cours d’eau, biotopes. Nulle entreprise humaine se pourra construire sa réussite sur la destruction des équilibres naturels. A cet égard, il convient de se méfier comme de la peste d’une certaine idéologie libérale de la croissance, considérant cette dernière comme une simple courbe mathématique, tendant vers l’infini. Non, la croissance a ses limites ! Elles sont celles de la vie, du respect, de la mise de l’humain (et non du profit) au centre de tout. Si vous en avez le temps, je vous invite un lire un texte majeur, Rerum Novarum (rassurez-vous, il existe en français !), lumineuse Encyclique de Léon XIII, publiée en 1891, sur la nécessité de contenir la modernité. A l’époque, il s’agissait par exemple d’empêcher que les enfants travaillent dans des mines, c’était aussi le combat, magnifique, des socialistes.

     

    Je rêve d’une Genève belle et densifiée, dans la ceinture urbaine, avec le génie et les matériaux des architectes de demain, mais inscrite au milieu d’un écrin de verdure qui doit être considéré comme un sanctuaire. Inventer l’urbanisme des générations à venir, c’est dessiner une ville qui soit la ville, entourée d’une campagne sauvée. Vaste programme, passionnant et tellement stimulant. Excellente semaine !

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Seniors, avec nous !

     

    Commentaire publié dans GHI - 09.10.19

     

    Quelles retraites pour les Suisses, dans les décennies qui viennent ? La question est majeure, c’est l’un des sujets qui préoccupent le plus les habitants de notre pays. J’ai étudié à fond l’Histoire de nos régimes de retraites, avant la Seconde Guerre mondiale, puis dès 1948 (entrée en vigueur de l’AVS), puis au milieu des années 1980 (deuxième pilier obligatoire), puis aujourd’hui, avec la pyramide des âges inversée, et un très grand nombre de rentiers, les natifs du baby-boom, à qui notre société se doit d’attribuer une retraite décente.

     

    Une chose est certaine : le premier pilier, donc l’AVS, véritable fleuron de notre système social suisse, né du besoin d’Etat de l’immédiate après-guerre (débats parlementaires passionnants en 1947), réformé par dix révisions complètes, dont trois sous le remarquable conseiller fédéral Tschudi (PS, BS, 1959-1973), doit faire l’objet de nos attentions prioritaires. C’est lui qu’il s’agit de consolider à fond, car il est mutuel et solidaire, et se fonde sur l’aide entre les générations. L’AVS est un ciment de notre cohésion sociale.

     

    Aucune réforme des retraites, en Suisse, ne pourra faire l’économie d’une consolidation de l’AVS. Les personnes âgées, qui ont fait ce pays avant nous, et nous ont légué un pays prospère, ont droit à une vie décente. J’en profite pour les saluer, toutes, très amicalement. Leurs préoccupations sont les nôtres. Et nous voulons les garder avec nous, dans le corps social de ce pays que nous aimons.

     

    Pascal Décaillet