Commentaire publié dans GHI - Mercredi 11.03.20
Le 1er novembre 1974, j’avais seize ans, je suis allé voir Georges Marchais, le tonitruant Premier Secrétaire du Parti communiste français, dans un meeting à Plainpalais. Soirée inoubliable, mon premier contact avec le Parti du Travail, qui fêtait ses trente ans, et recevait l’illustre Français. Discours interminables, autant de Jean Vincent, notre communiste suisse aux dons d’orateur remarquables, que de Marchais lui-même. Discours-fleuves : le Nil, l’Amazone.
Ce qui m’avait frappé, c’étaient les échauffourées entre jeunes, à l’entrée du meeting. Quelques droitistes aux ergots de jeunes coqs étaient venus défier les jeunes communistes, des noms d’oiseaux avaient été échangés, j’avais pu me faufiler pour pénétrer dans la salle, on avait frôlé l’échange de coups. La gauche dure, contre la droite dure : un frisson d’années 30, avec les ombres fugaces d’Oltramare et de Léon Nicole.
Aujourd’hui, les jeunes ont changé. Je fréquente de très près la jeunesse politique genevoise, tous partis confondus. J’ai déjà dit, et je répète, que globalement, ces garçons et ces filles m’impressionnent par leur maturité, leurs tonalités. Ils ne sont pas là pour casser l’équipe adverse, mais pour construire, avec eux, dans une ambiance remarquable de respect mutuel, la société de demain. Ils disent leurs désaccords, mais n’attaquent pas les personnes. Au centre, ils placent le contenu, le projet politique. A cette jeunesse qui pourrait nous en apprendre, je dis bravo.
Pascal Décaillet