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Commentaires GHI - Page 131

  • Jeunes militants : la relève est là !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 18.12.19

     

    Je n’ai jamais été un adepte du discours sur les générations : « Les jeunes sont comme ceci, les vieux sont comme cela ». J’avais dix ans en Mai 68, et déjà me méfiais des paroles encensant la jeunesse, tout comme de celles qui la vilipendaient. On me parlait d’un conflit entre classes d’âge, je ne le comprenais pas : ce monde, que mes aînés de dix ou quinze ans rejetaient, convenait parfaitement à l’élève que j’étais. J’aimais la langue française, la grammaire, les exceptions, les hiboux, les joujoux, les poux.

     

    J’aimais passionnément l’Histoire, avec ses guerres et ses traités, et peut-être plus encore la géographie, avec ses fleuves et leurs affluents. Plus que tout, la poésie, apprendre les poèmes, les réciter à haute voix, en étant juste sur la métrique, la prosodie, le souffle, le respect de la ponctuation. Toutes ces valeurs, je voyais bien qu’elles procédaient d’une longue tradition, et n’éprouvais que reconnaissance face aux générations d’avant, qui nous l’avaient transmise. Je ne comprenais pas pourquoi les jeunes de vingt ans la contestaient. Ce fut le début d’un très long malentendu, qui d’ailleurs perdure.

     

    Malgré tout cela, me voilà venant vous dire du bien des jeunes d’aujourd’hui. Pour une raison simple : depuis de longues années, j’ai conçu le projet de donner la parole, tous partis confondus, à la fine fleur de la relève politique. Je m’y emploie, sans relâche. Et suis frappé du rapport que la plupart d’entre eux entretiennent avec le débat politique. Beaucoup plus que nous à leur âge, ils gardent leur calme, argumentent, écoutent l’adversaire, toutes postures qui n’infléchissent en rien leur ligne de combat. Mais à l’ensemble de la bataille, elles donnent un style, un comportement, qui font plaisir à voir et à entendre. Pour tout cela, oui, j’aime infiniment organiser des débats avec des jeunes.

     

    Je note aussi un autre élément : le choc, entre tel jeune militant d’Ensemble à Gauche et tel autre du PLR, ou de l’UDC, est parfois violent, sur le fond, tant les visions du monde divergent. Mais jamais, il ne dérive à l’attaque personnelle, aux coups sous la ceinture, à la démolition de l’autre. Mieux : le tutoiement, aussitôt l’émission terminée, entre ces jeunes adversaires, est enfin de ceux qui sonnent juste. Il ne traduit pas la complicité de barbichette de tant d’aînés, non, il est celui de l’amitié et du respect, au sein d’une génération qui sait l’avenir difficile, notamment dans l’accès à l’emploi. Antagonistes sur les idées, mais solidaires. Il y a là quelque chose de beau.

     

    A l’heure où, dans l’audiovisuel, notamment sur les écrans parisiens, tant de vieux briscards ne se singularisent que pour faire irruption, comme des coqs de combat, voilà, à Genève, une jeune génération qui, sans faire la moindre concession sur le fond, a compris la valeur intrinsèque de l’argument. Et les promesses de qualité d’un débat où l’on s’écoute, plutôt qu’on ne se lacère. Qui s’en plaindra ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Ville de Genève : la chienlit !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 11.12.19

     

    A part offrir en spectacle, à longueur d’années, des affaires qui n’en finissent plus, et provoquent en chaîne, comme des chocs d’électrons, d’autres affaires, à part fournir aux librettistes et cabarettistes des Revues une matière infinie, à part faire saillir et glousser, à quoi sert exactement la Ville de Genève ?

     

    Bien sûr, me direz-vous, il faut bien que la première ville de Suisse romande, même contenue dans un canton fort étriqué, ait son échelon bien à elle, représentatif de la fierté de la Commune, porteur de tant de siècles d’Histoire, où les murs étaient fermés, et où la Cité, dans ses rues ancestrales et patriciennes, ou dans ses faubourgs populaires, cultivait son identité, sa différence. Je ne plaide pas nécessairement ici pour l’abolition de ce statut municipal, ni pour un modèle bâlois, où Ville et Etat ne feraient plus qu’un. Mais enfin, si la Ville de Genève, comme entité politique, pose tant de problèmes, ça n’est pas qu’un intrus, surgi de Sirius, nous les aurait inventés. Mais bel et bien que les premiers concernés, nos cinq magistrats municipaux exécutifs, ont été les premiers, par leur comportement, à en être la cause.

     

    Je n’entrerai pas ici dans le petit jeu de décréter lequel des cinq aura été le plus calamiteux. Prises individuellement, ces cinq personnes sont respectables, plutôt compétentes, désireuses de bien faire. Mais enfin, à moins d’être sourd et aveugle, un constat s’impose : la chienlit est là. Non qu’une opportune décision, en fonction de l’heureuse conjonction astrale du jour, ne soit pas, ici ou là, prise parfois. Mais l’ensemble péclote et crapote. Les affaires de notes de frais des magistrats, puis le rapport retenu sur les frais des employés, puis la douloureux audit du Grand Théâtre, tout cela parachève l’impression, pour filer (puisque nous y sommes) la métaphore lyrique, d’un Vaisseau fantôme.

     

    Dans cette lunaire dérive vers le naufrage, d’aucuns et d’aucunes, naguère si diserts, de taisent. Et le poids de leur silence, couvert par l’ultime musique sur le pont, rappelle celui des capitaines en déroute, face au destin qui frappe. Tout cela est certes romanesque, Wagner en eût fait un opéra, Offenbach un Conte de Noël, avec ballets, mais comme exemple de gouvernance, pour une ville réputée briller sur la scène mondiale, on a connu mieux.

     

    Dans cette ambiance de fin de règne, les impétrants, pour la succession du printemps 2020, se pressent au portillon. Les candidatures fleurissent. Les promesses de renouveau défrisent et décoiffent, comme bise d’hiver. Question centrale : le changement des personnes (quatre ou cinq nouveaux constitueront la prochaine équipe) suffira-t-il à lever la poussière d’une antique équation : cet échelon municipal, face au Canton, à quoi sert-il ? Quelle est sa valeur ajoutée ? Comment éliminer enfin les doublons ? Et surtout, après tant de péripéties, comment restaurer la confiance ? Vaste programme ! Mais juste l’essentiel, tout simplement.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Les rails du désir

     

    Commentaire publié dans GHI - 04.12.19

     

    Jamais, dans l’Histoire de Genève, un tronçon ferroviaire n’aura été à ce point chouchouté par les autorités ! Le CEVA, alias Léman Express, qui sera inauguré jeudi 12 décembre, jour de l’Escalade, attendu depuis plus d’un siècle, aura fait fantasmer notre classe politique, comme nul autre objet du désir.

     

    Tiendra-t-il ses promesses ? Ces rutilantes rames transfrontalières, parviendront-elles à dissuader nos amis frontaliers de prendre leur véhicule, et venir engorger Genève ?

     

    Si la réponse est oui, nous aurons à nous en féliciter. Si, par malheur, elle devait s’avérer négative, ou même moyennement convaincante, alors il conviendra de tirer le bilan de quinze années de promesses mirobolantes, soutenues par une idéologie transfrontalière camouflant les appétits de croissance de petits profiteurs locaux, taraudés par l’aubaine d’une main d’œuvre moins regardante sur les salaires.

     

    Car le véritable enjeu du CEVA, ça n’est pas le train. Ce dernier, sympathique par excellence, n’est que l’appât. Non, l’essentiel, c’est le combat homérique pour ou contre la libre circulation des personnes, dans le cas précis d’un bassin transfrontalier. Les wagons du 12 décembre ne sont qu’un prétexte. Au centre de tout, il y a notre rapport à la frontière, à la souveraineté, à la préférence indigène. C’est cela, la vraie Histoire du CEVA. A l’heure où va tambouriner la propagande des rites inauguraux, un minimum de lucidité et d’esprit de résistance n’est pas de trop.

     

    Pascal Décaillet