Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.11.19
« Les grands gagnants des élections fédérales 2019 » : à lire la presse, à écouter les flashes et journaux RTS, on a l’impression que les Verts détiennent, pour quatre ans, les clefs du pouvoir ! L’impression, aussi, qu’ils vont dominer le Parlement fédéral, dicter la politique suisse, faire passer toutes les lois, et notamment toutes les taxes, qu’ils veulent, sans la moindre résistance possible des autres formations politiques. Rien n’est plus faux ! Les Verts, certes, ont progressé lors des élections fédérales du 20 octobre, et cela doit être salué. Mais enfin, gardons la tête froide : à l’issue d’une campagne hallucinante sur le thème unique du climat, qui a confiné au lavage de cerveau, les Verts ont obtenu 28 députés au Conseil national. 28, sur 200 ! C’est bien, c’est mieux qu’avant, mais à ma connaissance, cela ne constitue pas exactement une majorité. L’UDC, avec 53 élus, demeure de très loin le premier parti du pays (devant le PS à 39, le PLR à 29). Les Verts sont donc quatrièmes : à eux-seuls, sous la Coupole, ils ne pourront rien.
Dès lors, pourquoi ce tintamarre ? L’explication est simple : les Verts n’ont de loin pas gagné les élections, mais ils ont remporté la bataille de la communication. Avec leur campagne d’Apocalypse sur le thème du climat, ses accents moralisants, leurs tonalités de prédicateurs ou de prophètes de la fin des temps, ils ont réussi à créer une mauvaise conscience dans le surmoi de leurs adversaires. Tous, à l’exception de l’UDC, ont cru bon de mimer les Verts, reprendre pour eux les thèmes des Verts. Pire : ils se sont mis à parler comme les Verts : « finance durable, transferts modaux, urgence climatique ». En stratégie, lorsque votre adversaire se met à reprendre vos mots, vous avez déjà gagné la bataille.
Le champion toutes catégories, dans cette captation du vocabulaire, a été le PLR. Tel Monsieur Jourdain, le Bourgeois-Gentilhomme de Molière, certains candidats PLR se sont mis à verdir aussi sûrement que s’ils avaient avalé la Prairie du Grütli. Mimant les Verts, ils ont donné des voix à ces derniers, et n’en ont gagné aucune dans leur camp naturel. Il est toujours funeste, en politique, d’aller piquer les thèmes des autres, à l’instar d’une pie, dans le nid d’autres oiseaux. L’électeur, beaucoup moins dupe qu’on ne l’imagine, sanctionne la pie voleuse.
Alors, la législature 2019-2023 sera-t-elle celle qui nous bombardera de taxes, achèvera d’étrangler la classe moyenne, d’appauvrir les familles, d’évaporer le pouvoir d’achat, d’étouffer toute circulation motorisée privée dans les villes ? Eh bien, cela ne dépend pas des Verts ! Avec leurs 28 sièges sur 200, ils ne peuvent rien faire. Cela dépend du PLR et du PDC. Si les taxes passent, ce sera en fonction de leur appui à la gauche. Si elles échouent, ce sera par leur alliance avec l’UDC. Cessons, donc, d’en vouloir aux Verts, on ne les changera pas. Et plaçons la gentille droite classique devant ses responsabilités.
Pascal Décaillet
Commentaires
Le problème, c'est que le PLR juge infréquentable l'UDC. Elle ne s'alliera donc pas à l'UDC pour contrer les taxes. Quant au PDC, cela fait longtemps qu'il fait partie de la grande famille de gauche.
Je prends les paris qu'en 2023, les grands perdants des élections seront les PLR qui seront jugés sur cette législatures. Les grands gagnants seront l'UDC qui récoltera les voix des mécontents.
L'avancée des Khmers Verts est principalement due à la presse écrite, parlée et télévisée qui a fait une propagande incroyable pour ce parti. La preuve c'est que dans chaque émission, article de presse nous avions droit aux avis de l'italo-genevoise habitant Berne Greta Mazzone !!
La RTS prend ses désirs pour la réalité. A voir l’excitation que leur progression suscite chez les partisants de la "vérité verte" on mesure mieux à quel point leur éventuelle prise de pouvoir pourrait avoir d'autoritarisme. Nous sommes tous concernés par la santé de notre planète et les soins à lui prodiguer ne doivent pas être de la seule invention des "verts". Ces derniers devraient d'ailleurs sur ce point cesser d'encourager une immigration incontrôlée car faute de ne pouvoir agir sur les effets néfastes d'une augmentation massive de la population on pourrait déjà agir sur son amplitude. Pour cela il faudrait aussi respecter les choix du peuple lors des votation.
@ Yvan Descloux : excellent :-))))