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Commentaires GHI - Page 162

  • Pharisiens de l'illisible

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.10.18

     

    Fuyez comme la peste les grands experts qui viennent vous asséner, l’air pénétré, qu’en politique, les enjeux sont de plus en plus complexes. Et qu’hélas, les méchants populistes, simplificateurs du diable, dévoient les foules par un discours trop facile à comprendre.

     

    D’abord, c’est faux. Les enjeux de 2018 ne sont ni plus complexes, ni plus simples que ceux de 1914, ou 1815. Dans le jeu des pouvoirs, il appartient à l’observateur de la vie politique de dégager l’essentiel de l’accessoire, faire la synthèse, puis s’exprimer, face au public, en des termes parfaitement accessibles à tous. C’était valable au temps de Tocqueville. Ça le demeure aujourd’hui.

     

    Surtout, très souvent, les apôtres du complexe sont précisément ceux qui, là où ils sont, l’ont générée, cette usine à gaz. Prenez les spécialistes des « institutions européennes » : immergés dans les équations insolubles de Bruxelles, avec leurs déferlantes de directives, ils nous brandissent sans arrêt ces machines à Tinguely qu’ils ont, eux-mêmes, contribué à construire !

     

    Face à cette Ridicule Préciosité, soyons simplement démocrates. Nous avons la démocratie directe, faisons-la vivre ! Lançons des initiatives. Provoquons de vastes débats nationaux. Expliquons-nous, dans le fracas sonore et fraternel de la parole partagée. Et puis, un beau dimanche, acceptons le résultat. C’est la meilleure réponse que nous puissions donner aux tétanisés du complexe, pharisiens de l’illisible.

     

    Pascal Décaillet

     

  • PLR : les rancoeurs cachées de la fusion

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.10.18

     

    L’histoire exhume le fumet de province des romans de Balzac. Ou ceux de François Mauriac (1885-1970), qui nous raconte si bien les petits dessous cachés de cette bourgeoisie bordelaise qui l’a vu grandir. Il y a la famille, le mariage, le non-dit, l’argent. Il y a ce qu’on laisse paraître et ce qu’on cache. Il y a tout ce fatras de détails qui encombrent les destins, toutes ces petitesses, derrière les paravents de grandeur. En l’espèce, nous ne sommes pas en Gironde, mais à Genève. La famille n’est pas constituée d’un homme et d’une femme, mais de deux partis : elle s’appelle le PLR. Le mariage s’est déroulé en grande pompe, en mai 2011. A-t-il jamais été consommé ?

     

    Dans toute bonne famille, il y a des bijoux. Fragments d’héritage, auxquels on tient. On a beau faire trésor commun, on les garde pour soi, comme la prunelle de ses yeux. C’est, apparemment, ce qui est arrivé aux radicaux, lors de leurs noces avec les libéraux. La Tribune de Genève nous le révèle : on a décidé de se mettre de côté une bonne vieille cagnotte, un peu comme des joueurs de cartes, habitués d’un bistrot. On a « omis » de la verser dans le pot commun, on s’est dit qu’elle pourrait servir à soutenir le pas héroïque des grognards radicaux, dans les futures campagnes. Le pas des radicaux, oui, avec sa cadence républicaine, sa marche consulaire, ses parfums d’Empire. Et pas celui des libéraux, ces héritiers des patriciens et de la Restauration. Se marier, on veut bien, s’il le faut, mais oublier l’Histoire, jamais.

     

    Bref, on s’est tricoté un bas de laine, et on l’a planqué. On aurait créé un « Cercle Fazy-Favon » (ça ne s’invente pas !) servant de trésorerie pour financer des opérations électorales, tiens par exemple la campagne de 2015 autour de la loi sur la police. Illégal ? Peut-être pas. Mais révélateur. La fusion, entre libéraux et radicaux, n’allait pas de soi. Les origines historiques, je pourrais vous en parler des heures, sont tellement antinomiques, la méfiance entre les états-majors est atavique, le non-dit vaut son pesant d’or. Beaucoup de militants, des deux côtés, ont loyalement joué le jeu, laissant le passé pour construire un nouveau parti. Hommage à eux. Mais pas mal d’autres, surtout dans les officines, ont continué de jouer l’ancien parti.

     

    Quand on vous dit, depuis l’enfance, que vous êtes l’héritier des Lumières, de la Révolution, des Soldats de l’An II, des immenses figures qui ont fait la Suisse de 1848, et celle qui a suivi, vous avez peut-être un peu de peine à vous surexciter à l’idée d’un destin commun avec les fatigues patriciennes de la Vieille Ville, celles qui encensent tant la Restauration. Alors, voilà, on a gardé pour soi les quelques misérables sous que, dans sa radicale sueur, on avait pu mettre de côté. On s’est dit que ça pourrait servir. On a lâché quelques pièces, en 2015, pour faire passer une loi contestée par la moitié de l’électorat. On ne demande même pas le divorce, d’ailleurs. On se dit juste qu’on va vieillir ensemble. C’est déjà quelque chose, non ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Climat intenable

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.10.18

     

    L’affaire Maudet ne m’a jamais intéressé sur le plan juridique. Il y a une instruction, laissons les professionnels de la justice faire leur boulot, nous verrons bien. Cela prendra du temps, et c’est très bien ainsi : la justice n’a pas à précipiter son travail, pour plaire à l’opinion publique.

     

    L’affaire Maudet ne m’intéresse pas, non plus, sous l’aspect moral. Je n’ai, pour ma part, et contrairement à ce qui est fort répandu dans le public, jamais attendu d’un ministre qu’il soit « exemplaire », ni qu’il affiche d’autres vertus que sa parfaite compétence à gérer les affaires de la République. En clair, je préfère un brillant commis de l’Etat, n’étant pas parfait sous l’angle de la morale, à une personnalité irréprochable, mais médiocre dans la conduite de la Cité.

     

    Mais l’affaire Maudet m’intéresse, au premier chef et au fond uniquement, sous l’angle politique. Dans les conditions d’extrême tension où ce magistrat a mis la République, a-t-il encore le crédit nécessaire pour se maintenir ? Car enfin, les signes sont visibles : les esprits, à commencer par l’intérieur de son parti, le PLR, sont à ce point tétanisés par « l’Affaire », qu’ils se rebiffent pour venir débattre des grands sujets thématiques qui agitent la Cité : Finances, Santé, Logement, etc. Et là, ça commence vraiment à devenir inquiétant : au-delà de savoir si Pierre Maudet est gentil ou méchant, ce qui m’indiffère, je dois constater que les grands débats de fond, à Genève, à cause de cette affaire, sont en panne. Jusqu’à quand ?

     

    Pascal Décaillet