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Commentaires GHI - Page 160

  • Climat intenable

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.10.18

     

    L’affaire Maudet ne m’a jamais intéressé sur le plan juridique. Il y a une instruction, laissons les professionnels de la justice faire leur boulot, nous verrons bien. Cela prendra du temps, et c’est très bien ainsi : la justice n’a pas à précipiter son travail, pour plaire à l’opinion publique.

     

    L’affaire Maudet ne m’intéresse pas, non plus, sous l’aspect moral. Je n’ai, pour ma part, et contrairement à ce qui est fort répandu dans le public, jamais attendu d’un ministre qu’il soit « exemplaire », ni qu’il affiche d’autres vertus que sa parfaite compétence à gérer les affaires de la République. En clair, je préfère un brillant commis de l’Etat, n’étant pas parfait sous l’angle de la morale, à une personnalité irréprochable, mais médiocre dans la conduite de la Cité.

     

    Mais l’affaire Maudet m’intéresse, au premier chef et au fond uniquement, sous l’angle politique. Dans les conditions d’extrême tension où ce magistrat a mis la République, a-t-il encore le crédit nécessaire pour se maintenir ? Car enfin, les signes sont visibles : les esprits, à commencer par l’intérieur de son parti, le PLR, sont à ce point tétanisés par « l’Affaire », qu’ils se rebiffent pour venir débattre des grands sujets thématiques qui agitent la Cité : Finances, Santé, Logement, etc. Et là, ça commence vraiment à devenir inquiétant : au-delà de savoir si Pierre Maudet est gentil ou méchant, ce qui m’indiffère, je dois constater que les grands débats de fond, à Genève, à cause de cette affaire, sont en panne. Jusqu’à quand ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Jacques Friedli, salutaire emmerdeur !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.10.18

     

    Un jeune homme de 24 ans, franc, loyal, clair et sympathique. Un monolithe de courage, seul contre un appareil. Tel est Jacques Friedli, ancien Conseiller municipal de Bernex, qui a osé, ce samedi 6 octobre, présenter une candidature de combat, au Congrès des socialistes, pour la présidence du parti. Il n’a pas été élu, mais face au vainqueur, Gérard Deshusses, il a réussi l’exploit – il n’y a pas d’autre mot – d’arracher un tiers des voix ! C’est considérable, époustouflant même, pour un candidat de dernière minute, ne disposant pas de la puissance ancestrale des réseaux qui traversent le parti. Avec un tel résultat, les socialistes, s’ils sont intelligents, seront obligés d’entrer en matière sur l’implacable papier de position publié cinq jours avant le Congrès, le lundi 1er octobre, par l’enfant terrible.

     

    Le parti socialiste, à Genève, ne se porte pas si mal, et la présidente sortante, Carole-Anne Kast, affiche un bon bilan, avec notamment la reconquête, par Thierry Apothéloz, du deuxième siège au Conseil d’Etat. Mais ce parti, comme tant d’autres, est traversé par des courants qui se combattent, dominé par quelques caciques, qui se partagent postes et prébendes. Cela, Friedli le dit, dans son papier du 1er octobre : « Un parti dont la machine est dirigée par un petit groupe de personnes qui gardent jalousement le pouvoir… Les changements au Comité directeur et à la présidence ressemblent davantage à un jeu de chaises musicales qu’à une élection démocratique ». Le soir même de ce lundi 1er octobre, sur le plateau de Genève à Chaud, le jeune homme dressait un réquisitoire sans appel contre le cumul des mandats, l’oligarchie dans le partage des postes. Bref, de quoi se faire des amis ! De quoi se faire littéralement flinguer par les apparatchiks, le jour du Congrès.

     

    Eh bien, il n’en fut rien. Au Congrès, Jacques Friedli a pu s’exprimer. Et il a cartonné (pour un outsider !) au moment du vote. La grande chance du parti, face à cette fronde, est que le vainqueur du jour, Gérard Deshusses, est un homme d’expérience et de sagesse. Il n’a pas polémiqué. Mieux : dimanche soir au Grand Genève à Chaud, en compagnie de sa nouvelle première vice-présidente, Caroline Marti, il a eu des mots bienveillants pour son concurrent. Laissant entendre qu’on avait besoin de lui pour enrichir la dialectique interne du parti. Tactique ou spontanée, cette réaction était la plus intelligente à afficher, et laisse augurer, pour les deux ans qui viennent, une présidence de qualité. En attendant, avec Jacques Friedli, un tempérament politique est né à Genève : la fougue de la jeunesse, le courage de dire les choses, celui d’affronter seul un enchevêtrement de caciques se tenant par la barbichette. Il nous faut, à Genève, toutes options politiques confondues, davantage de Jacques Friedli : la démocratie a parfois besoin de salutaires emmerdeurs pour survivre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Serge et le vent

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 03.10.18

     

    Serge Dal Busco, nouveau ministre des Transports à Genève (après avoir géré les Finances, lors de son premier mandat), multiplie les gages donnés à la gauche. Il jure de plus en plus par la « mobilité douce », notamment en milieu urbain. Du côté des partisans de cette dernière, on s’en félicite. Du côté des amis du transport motorisé privé, voitures, motos et scooters, on commence à grincer des dents.

     

    Où le nouveau ministre, qui vient de la droite bien sentie, libérale d’inspiration, veut-il en venir ? A-t-il une stratégie cachée ? Une chose est sûre : la conversion de Serge Dal Busco aux thèses des Verts ou de l’ATE (Association Transports et Environnement), voire de Pro Vélo, ne faisait pas partie du scénario prévu dans la campagne électorale du printemps 2018. Et peut, légitimement, décevoir une partie non négligeable de la population, pour laquelle circuler en voiture en ville ne constitue pas encore, a priori, une atteinte à la sécurité de l’Etat.

     

    On comprend bien que le nouveau magistrat de tutelle des Transports ait voulu rompre avec la stratégie de son prédécesseur, parfois modérément lisible, faite d’effets d’annonce, voire d’actes de foi (traversée du lac). Mais de là à laisser tomber une partie de son électorat naturel, c’est un pari très risqué. Et une posture qui peut laisser poindre le sentiment qu’on s’en va quérir, sur le bout humecté du doigt, la direction du vent. En politique, rien ne se gagne, jamais, à jouer contre son camp.

     

    Pascal Décaillet