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Commentaires GHI - Page 164

  • Amitiés aux Hongrois de Genève !

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    Commentaire publié dans GHI - 11.04.18

     

    Les Hongrois ont voté, dimanche 8 avril, pour leurs élections législatives. Au parti du Premier ministre Viktor Orban, ils ont très largement accordé leur confiance. L’homme fort de Budapest part donc pour un troisième mandat.

     

    Orban gagne les élections, et immédiatement, chez nos éditorialistes de Suisse romande, que se passe-t-il ? On essaye d’abord de minimiser l’ampleur de la victoire, dans la soirée de dimanche. La nuit passée, les chiffres étant là, on nous dit que les Hongrois ont mal voté, qu’ils n’étaient pas informés des vrais enjeux, que ce scrutin éloigne encore un peu plus leur pays de l’Union européenne.

     

    Bref, on traite les citoyennes et citoyens de Hongrie, qui sont pourtant adultes et vaccinés, vivent sur place, et connaissent autrement mieux que nous les problèmes de leur pays, comme de parfaits demeurés. Des êtres qui n’auraient rien compris aux intérêts supérieurs de leur propre nation.

     

    Quelle arrogance ! Quelle morgue ! Quel mépris ! Qui sommes-nous, pour oser venir faire la leçon au corps électoral souverain d’une nation libre d’Europe ? Quelle connaissance aurions-nous de leurs problèmes, qui seraient meilleure que celle des Hongrois eux-mêmes ? A cette méthode, détestable, j’en propose une autre : j’adresse ici mon amical, mon fraternel salut à tous les Hongrois de Genève, auxquels nous lient 62 ans d’une amitié indéfectible. Je leur dis que leur pays est souverain. Et que, dans tous les cas, nous respectons ses choix.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La fermentation des esprits

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    Commentaire publié dans GHI - 04.04.18

     

    Une campagne électorale, c’est un univers qui rappelle le monde de la fermentation. Celle d’un vin, par exemple. Il y a comme un moment où les choses ne sont plus ce qu’elles sont, se mettent à décoller vers un ailleurs. Une forme de métamorphose.

     

    Une campagne électorale a quelque chose d’un Carnaval. On sort, on se presse dans la rue, on passe son temps dehors, jamais chez soi. Au milieu de la foule, on s’oublie soi-même. On tutoie, on fraternise, on rit beaucoup, on boit des verres.

     

    Dit comme ça, c’est plutôt sympa. Mais sachons nous méfier des illusions. Les meutes qui se mélangent, en quémandant des voix, seront les premières à se reconstituer, le jour venu, pour s’affronter. On se redira « vous », on s’écharpera. Les uns contre les autres, on se remettra à ourdir.

     

    Journaliste, j’aime le temps de la campagne. Mais déjà, je vois les temps futurs, où les masques tomberont. Ceux qui, du peuple, auront reçu une parcelle de pouvoir, commenceront à croire en leur puissance. Ceux qui vous cajolaient se mettront à vous ignorer. Ceux qui nous avaient promis monts et merveilles sombreront dans l’amnésie.

     

    A quelques jours du scrutin, je veux ici convoquer la mémoire d’un homme. Il s’appelait Pierre Mendès France (1907-1982), il n’est resté au pouvoir que sept mois, en 1954-55. Il a dit ce qu’il ferait. Et il a fait ce qu’il a dit. Autour de cette parole, si précieuse, s’articule la seule chose qui vaille : la confiance.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La politique : une noble affaire !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 04.04.18

     

    A quelques jours de l’élection (dimanche 15 avril) du Parlement genevois, et du premier tour du Conseil d’Etat, donc du renouvellement pour cinq ans de nos autorités cantonales, je prends ici, une nouvelle fois, la défense acharnée de la politique. Pas la défense de la droite. Ni celle de la gauche. Non, la politique en tant que telle, celle qui place la citoyenne, le citoyen, au centre de tout. La politique, comme espace commun de nos antagonismes. Comme lieu d’explications et, pourquoi pas, d’engueulades bien sonores. Comme langage commun pour la résolution de nos problèmes. La politique, oui, avec des institutions, dont fait intégralement partie la démocratie directe. La politique, pour dessiner ensemble les contours de l’Etat. La politique, pour faire équilibre aux puissances de l’Argent, à la spéculation, aux corporatismes, à l’arrogance des puissants. La politique, au service de la justice sociale et de la redistribution. La politique, contre la loi du plus fort, la jungle.

     

    Au fond, le fossé n’est pas entre la droite et la gauche, même si la géographie de la Convention, la représentation populaire sous la Révolution française, détermine puissamment, depuis plus de deux siècles, notre imaginaire du champ de combat. Non, le vrai gouffre est celui qui sépare ceux qui veulent croire en l’action publique, et ceux qui hélas n’y croient plus. Soit par cynisme, parce que la jungle leur convient. Soit par déception, désillusion : il n’y aurait plus, dans ceux qui aspirent à l’élection, que des arrivistes ou des voyous. Cette thèse du « tous pourris », je la déteste et la récuse de toutes mes forces. Il y a certes, en politique comme ailleurs, des brebis galeuses, mais l’immense majorité sont de braves gens, soucieux d’être utiles, qui sacrifient beaucoup de leur temps à la chose publique. Et je sais de quoi je parle : je viens de donner la parole à 104 d’entre eux, sans compter tous les autres, rencontrés au quotidien depuis plus de trente ans !

     

    La politique a toujours existé, mais il y a tout de même un moment de l’Histoire humaine, tellurique, où tout a basculé, du moins dans la représentation de l’exercice du pouvoir : cette série de séismes, sur plusieurs années, c’est évidemment la Révolution française. Si je devais, parmi les milliers de livres qui lui ont été consacrés, ne vous en recommander qu’un, c’est l’Histoire que nous en lègue l’immense Jules Michelet (1798-1874). Oui, un ordre du monde, dans la symbolique, a laissé la place à un autre, même s’il faudra attendre encore près d’un siècle pour que la République s’installe durablement. Lire l’Histoire politique, se renseigner sur la longue conquête du pouvoir par le corps des citoyens, c’est déjà intellectuellement faire de la politique. Suivre une campagne électorale, voter, lancer des initiatives et des référendums (nous avons en Suisse ce rare privilège), participer, donner son avis, c’en est encore un autre mode. Tout cela, la part du cerveau et celle de l’instinct, constitue ce mot magnifique, qui s’appelle l’engagement. N’oubliez pas d’aller voter !

     

    Pascal Décaillet