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Commentaires GHI - Page 167

  • Tristes missiles

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 14.03.18

     

    Il nous reste un peu plus de quatre semaines : c’est la dernière ligne droite pour la campagne électorale du 15 avril, Grand Conseil et premier tour du Conseil d’Etat. C’est le moment où la Drôle de Guerre, celle où chacun s’observe et s’épie en silence, laisse la place aux attaques. Et même aux missiles.

     

    L’enjeu est simple : comme dans un jeu de quilles, il s’agit, pour certains partis, de faire tomber un conseiller d’Etat sortant, pour prendre sa place. Sur le fond, la démarche est parfaitement légitime : c’est à cela que sert une campagne électorale.

     

    Oui. Mais il y a la manière. D’un côté comme de l’autre, on a trop tiré en rafales, entendez sans précision, en direction, selon l’humeur, de M. Poggia, ou de M. Dal Busco. On a eu tort. Ce sont des hommes solides, ils ne seront pas si faciles à atteindre. D’une manière générale, les sortants, cette fois, sont mieux implantés qu’à l’automne 2013, où deux points faibles étaient clairement identifiables.

     

    Et puis, il y a les coups sous la ceinture. Par exemple, l’attaque en règle contre Mme Emery-Torracinta, en lien avec les ennuis judiciaires de Tariq Ramadan. A cinq semaines de l’échéance électorale ! On ne se prononcera pas ici sur le fond. On se contentera de ne pas être dupe de toute la dimension de récupération politique, pour nuire à une magistrate qui n’est peut-être pas la première impliquée, d’une affaire qui charrie tant d’émotions, et tant de jugements sommaires. Tristes missiles.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La Louve de Rome

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    Commentaire - GHI - 07.02.18

     

    Sommes-nous bien sûrs d’avoir pris la mesure de ce qui vient d’advenir en Italie ? Dans ce pays majeur de notre continent, fondateur au milieu des années cinquante de la Communauté européenne, devenue plus tard Union, pilier de la coopération entre les puissances du Vieux monde, les forces de l’anti-système sont désormais majoritaires. Notamment le Mouvement 5 étoiles, qui devient le premier parti de la Péninsule avec 32% des voix. Mais aussi la Ligue. C’est un bouleversement sans précédent, depuis la Guerre, au Sud des Alpes. Tous les paramètres valables depuis la République, née de l’immédiate après-guerre, s’effondrent. Un autre monde politique italien surgit.

     

    Il était certes déjà loin, le temps de Don Camillo et Peppone, celui où le monde politique italien, surgi des décombres du fascisme et de la reconstruction du pays, était un gâteau partagé entre communistes et démocrates-chrétiens. Il y a eu les années de braise, puis Berlusconi, il y a eu le désordre, l’illisible, rendant parfois algébrique le décryptage d’un univers politique complexe, à nul autre pareil.

     

    Oui. Mais cette fois, c’est autre chose. L’un des six pays fondateurs de l’Europe voit triompher les forces eurosceptiques et revenir au premier plan une démarche anti-système qui n’avait jamais eu autant d’importance depuis 1945, disons au moins 1943. A Bruxelles, chez M. Juncker, on a du souci à se faire : ça n’est pas un nouveau venu lointain des Marches orientales qui bascule. C’est un pilier majeur de l’Europe. Majeur, et matriciel, comme la Louve de Rome.

     

    Pascal Décaillet 

     

  • Une campagne joyeuse : la clef du succès !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 07.03.18

     

    J’observe la politique depuis décembre 1965. J’avais sept ans et demi, c’était la présidentielle française, première du genre au suffrage universel. Nous avions la télévision, ils passaient le soir des spots de campagne, hagards, surgis du 19ème siècle, regards figés face caméra : il y avait Mitterrand, Lecanuet, Barbu, Tixier-Vignancour, je ne comprenais pas grand-chose à ce que racontaient ces Messieurs en noir et blanc qui surgissaient le soir dans notre salon, mais j’adorais. Dès le second tour, opposant de Gaulle à Mitterrand (sans débat, hélas, entre les deux), j’avais déjà beaucoup mieux saisi les enjeux : le maintien au pouvoir du sortant, dont je commençais à percevoir la densité historique, face à un brillant challenger. En l’espace de quelques semaines, j’avais grandi, passant de l’ignorance totale du fait politique à une véritable passion pour la captation des attentions d’un électorat. Toute ma passion politique, celle d’aujourd’hui, patiemment développée pendant un demi-siècle, vient de là, décembre 1965.

     

    Plongé dans la campagne électorale genevoise des 15 avril et 6 mai prochains, j’observe, je scrute, je hume. Totalement immergé au milieu des candidats au Grand Conseil (ils sont 104 à passer à « Visages de Campagne », sur Léman Bleu) et au Conseil d’Etat, j’ai dépassé depuis longtemps la simple approche idéologique. Je préfère contempler la totalité de la personne. Hors de cet humanisme, qui vous amène à pénétrer dans la logique de combat et d’existence de chaque candidat, point de salut. Il y a évidemment des gens très bien dans tous les partis, oui tous, de la gauche la plus radicale à la droite la plus dure. Ce qu’il faut, c’est tenter de saisir le secret de chaque chemin.

     

    Et puis, dire une chose, très fort. La politique, ça doit bien sûr être très sérieux sur le fond, mais ça ne doit surtout pas être ennuyeux ! Surtout dans une campagne électorale. Car enfin, ce qu’on délivre aux gens, ça n’est pas seulement un programme, une idéologie, mais aussi des vibrations. Comme un bonheur d’être là, battre le pavé, rencontrer, toucher, transmettre. C’est la dimension physique de la politique. Si vous êtes dépourvu de ce sens du contact, vous pouvez être aussi brillant que vous voulez, vous n’y arriverez pas. Au fond, il faut aimer les gens. Passer vraiment du temps avec eux. Se charger de leurs énergies. C’est pourquoi, malgré les réseaux sociaux, les médias et tout ce que vous voudrez, rien ne remplacera jamais le contact humain, direct. La plupart, aujourd’hui, l’ont d’ailleurs bien compris, n’oubliant ni les stands ni les marchés. On y rencontre des hommes et des femmes, des vrais.

     

    On cite souvent l’exemple de Jacques Chirac, 45 ans, déjà ancien Premier ministre de Giscard, lors de la campagne législative de mars 1978. Il avait, dit-on, serré un million de mains. Et il l’avait gagnée, cette campagne. En buvant du rouge, et en mangeant du saucisson. C’est aussi cela, une campagne. Joyeux, excessif, festif. Comme un air de Carnaval. Où la parole est reine, et la joie de vire, souveraine. Bonne continuation à tous !

     

    Pascal Décaillet