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  • Philippe Bender, redresseur d'âmes

     
    Sur le vif - Jeudi 10.04.14 - 10.49h
     
     
    Insupportable d'entendre, et ré-étendre toujours, la RTS présenter avant tout comme un "historien" l'infatigable militant canal historique radical Philippe Bender.
     

    Comme si, dans "l'affaire Tornay", ou dans "l'affaire Cleusix", le féroce combattant de Fully n'était qu'un observateur distrait du réel. Comme s'il n'était pas l'un des agents les plus dévastateurs de ceux qui veulent affaiblir le conseiller d'Etat d'Orsières et, par personne interposée, celui de Savièse.


    Philippe Bender a parfaitement le droit de s'exprimer, ce qu'il fait d'ailleurs avec un rare puissance de conviction. Mais de grâce, qu'on nous épargne "l'historien, mémoire vivante", et qu'on nous le présente comme ce qu'il est : le combattant le plus féroce, et à coup sûr l'un des plus doués, du Canal le plus historique - je n'ai pas dit hystérique - du radicalisme du côté du Coude du Rhône.


    Ces gens-là, blessés d'être écartés d'un pouvoir exécutif où ils siégeaient sans discontinuer depuis 1937, ont des objectifs précis de reconquête, ce qui est d'ailleurs parfaitement légitime. Mais de grâce, qu'on le dise, qu'on l'évoque, qu'on le place en perspective, plutôt que de nous présenter l'homme sous sa seule casquette d'historien, érudit, toutes choses qu'il est en effet.
     

    Je viens de visionner Infrarouge. Et me suis dit que ce grand prêtre de la laïcité militante, avec ses leçons sur la "vertu" (fallait-il entendre virtus, au sens de courage, ou vertu dans l'entendement victorien ?) avait manqué la seule carrière qui pût être digne de son intransigeance puissamment jouée: celle d'un redresseur d'âmes. Dans quelque Espagne lointaine.
     
     
    La robe de bure lui irait à merveille.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Un monde en soie

     

    Coup de Griffe - Lausanne Cités - Mercredi 09.04.14
     
     
    Les Japonais photographient tout et n’importe quoi. Ils passent plus de temps à fixer un objectif qu’à humer l’air du monde. Mais au moins, ils braquent leur appareil vers l’extérieur. Un monument. Une gare. Un caillou. Voire rien.
     
     
    À l’inverse, les selfies. Fatigués de porter la misère du monde, d’aucuns n’ont plus d’autre urgence que de se photographier eux-mêmes. Il faut avoir le bras long, le poignet souple, l’âme délicieusement suicidaire : il s’agit, au propre, de retourner l’arme contre soi. Il paraît qu’on y survit. Je n’en suis pas si sûr.
     
     
    Le selfie présente des avantages. Plus besoin d’interpeller un passant pour se faire prendre devant la Tour Eiffel. L’image, au final, n’a pas toujours la qualité des autoportraits de Rembrandt, mais qu’importe, on aura pris du temps pour s’occuper de soi.
     
     
    En politique aussi, le selfie fait rage. Certains partis ne s’expriment plus que pour eux-mêmes. À la seule intention de leurs sympathisants. On évite ainsi la trivialité de l’affrontement, tout juste bonne pour les Gueux. On reste entre soi, dans un monde en soie.
     
     
    Rien n’existe plus que les délices virevoltantes du miroir. On s’aime. On se contemple. On se congratule. On danse, sur l’orchestre, dans un palais des glaces. Figé, dans l’éternité béate. En attendant l’iceberg.
     
     


    Pascal Décaillet



     

  • L'insupportable arrogance des décrispés

     
    Sur le vif - Mercredi 09.04.14 - 10.28h
     
     
    Détestable,  ce terme de "crispation identitaire", inventé par les élites déracinées pour stigmatiser comme pathologiques ceux qui ne pensent pas comme eux.
     

    En quoi la défense des intérêts supérieurs d'une communauté, nationale par exemple, relèverait-elle d'une "crispation" ?


    De quel droit celui qui use d'un tel mot vient-il établir la supériorité de jugement du "non crispé", donc détendu, moderne, mondialiste, supranational, anti-frontières, sur le pauvre malade crispé, qui n'aurait rien compris aux délices affranchissantes de la modernité ?


    Oui, je déteste cette terminologie, tout ce qu'elle révèle de snobisme et d'arrogance. De mépris, aussi, pour les nations et les communautés humaines, qui ont mis des siècles à se construire, et d'ailleurs continuent d'évoluer, ont chacune un sens précis, une Histoire, une part commune de mémoire, une émotion partagée. Cela, les internationalistes déconnectés sont incapables de le percevoir. Mais tellement heureux de leur décrispation.
     
     
    Pascal Décaillet