Comme si, dans "l'affaire Tornay", ou dans "l'affaire Cleusix", le féroce combattant de Fully n'était qu'un observateur distrait du réel. Comme s'il n'était pas l'un des agents les plus dévastateurs de ceux qui veulent affaiblir le conseiller d'Etat d'Orsières et, par personne interposée, celui de Savièse.
Philippe Bender a parfaitement le droit de s'exprimer, ce qu'il fait d'ailleurs avec un rare puissance de conviction. Mais de grâce, qu'on nous épargne "l'historien, mémoire vivante", et qu'on nous le présente comme ce qu'il est : le combattant le plus féroce, et à coup sûr l'un des plus doués, du Canal le plus historique - je n'ai pas dit hystérique - du radicalisme du côté du Coude du Rhône.
Ces gens-là, blessés d'être écartés d'un pouvoir exécutif où ils siégeaient sans discontinuer depuis 1937, ont des objectifs précis de reconquête, ce qui est d'ailleurs parfaitement légitime. Mais de grâce, qu'on le dise, qu'on l'évoque, qu'on le place en perspective, plutôt que de nous présenter l'homme sous sa seule casquette d'historien, érudit, toutes choses qu'il est en effet.
Je viens de visionner Infrarouge. Et me suis dit que ce grand prêtre de la laïcité militante, avec ses leçons sur la "vertu" (fallait-il entendre virtus, au sens de courage, ou vertu dans l'entendement victorien ?) avait manqué la seule carrière qui pût être digne de son intransigeance puissamment jouée: celle d'un redresseur d'âmes. Dans quelque Espagne lointaine.