Définis par qui, ces périmètres, ces frontières ? Par le Ciel ? Évidemment que non ! Définis par le long frottement de l'Histoire, les conflits, les guerres, les traités, les accords signés, en fonction du rapport de forces (jamais définitif) d'un moment.
Les contours de nos nations ne doivent pas un seul millimètre au hasard. Ils sont le fruit de chaînes de causes et de conséquences, bref ce que Thucydide (460 - 395 av. JC), dans sa Guerre du Péloponnèse, exprime comme démarche, sans jamais (comme le rappelle le Professeur André Hurst) utiliser le mot "Histoire".
Lorsque le tragique, du Liban ou de Syrie, d'Ukraine ou d'Iran, du Yémen ou de Somalie, revient sonner à nos portes, alors oui - pour une fois j'utilise ce mot - il y a risque de "mondialisation des enjeux". C'est cela que j'entends, lorsque j'écris "Le Proche-Orient, c'est nous".
Mais, paradoxalement, cet élargissement de l'horizon des conflits, jusqu'à nos rivages paisibles, amène les peuples, non à sombrer encore plus dans l'opium d'une appartenance planétaire, mais au contraire, à resserrer les rangs au sein de communautés précises, longuement définies dans l'espace et la durée, tenues par un partage de mémoire, d'émotion, de reconnaissance. C'est cela que, pour ma part, j'appelle la patrie, ou même la nation.
Pas le nationalisme ! La nation, simplement.
Venue d'un verbe latin, qui veut dire naître.
Pascal Décaillet