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Liberté - Page 806

  • Mai 68, l'anti-Révolution

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    Sur le vif - Vendredi 04.05.18 - 11.50h

     

    Il faut arrêter de parler de "Révolution" au sujet de Mai 68.

     

    1789 est une Révolution. 1830, aussi. De même, 1848. 1917, bien sûr. Et le 9 novembre 1918, en Allemagne, scandaleusement ignorée dans les écoles, alors qu'elle est majeure, et porte les germes de la Contre-Révolution de 1933. Pourquoi les profs d'allemand ne font-ils pas lire le génial "November 1918", d'Alfred Döblin, à leurs élèves ?

     

    Mai 68 n'a absolument rien d'une Révolution. Les étudiants voulaient renverser l'ordre établi, ils ont non seulement échoué, mais, la France ayant eu peur, elle a, en juin, conduit à la Chambre, pour cinq ans, une majorité de la peur, conservatrice. Celle de Pompidou, tellement éloignée du virage social justement entamé par de Gaulle, dont Mai 68 a ruiné les espoirs. Aujourd'hui, qui connaît encore le gaullisme social, celui de Louis Vallon et René Capitant ?

     

    Le révolutionnaire, devant l'Histoire, c'est de Gaulle, ce moine-soldat, ombrageux, incorruptible, haï par les puissances de l'Argent, celles qui avaient fait de très bonnes affaires, entre 1940 et 1944.

     

    Après, on nous parle de Révolution des mœurs, de sujets "de société", voire liés à la sexualité. Je veux bien. Mais toutes ces choses-là, propres à l'évolution des mentalités dans les années 60, étaient déjà dans l'air depuis quelques années. Cette évolution, avec ou sans les éruptions libertaires du Quartier Latin, se serait de toute manière produite. Entamée au milieu des années 60, elle déploie ses effets jusqu'à la fin des années 70, en gros jusqu'à Mme Thatcher.

     

    Une Révolution, relisez Marx (200 ans demain !) ou Engels, lisez aussi la Guerre du Péloponnèse, de Thucydide, présuppose le renversement institutionnel d'une société par une autre. Les excitations estudiantines de Mai 68 n'ont obtenu que la France de Pompidou, le vieux renard prudent de la Banque Rothschild. Pompidou, le matou matois que Mauriac, dans une fulgurance de plume, avait en 1963 surnommé Raminagrobis. Bref, la France de Guizot. Comme Révolution, on fait mieux.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Trump va bien. Et vous ?

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    Commentaire publié dans GHI - 02.05.18

     

    Le 9 mai marquera les dix-huit mois de l’élection de Donald Trump. Un moment de coupure violente, jusqu’ici à Genève, entre ceux, innombrables, qui vomissaient le candidat républicain, allant jusqu’à l’attaquer sur la couleur de ses cheveux, et ceux qui, tel votre serviteur, se refusaient à le diaboliser, entrant en matière sur le protectionnisme, la régulation des flux migratoires, la fin des grands machins multilatéraux. Césure, oui. De vieilles amitiés, ce jour-là, furent rompues.

     

    Un an et demi après son élection, plus de quinze mois après son entrée en fonction, l’homme a-t-il détruit la planète ? A-t-il ruiné son pays ? A-t-il commis l’irréparable ? Réponse : trois fois non. Donald Trump ne fait évidemment pas tout juste, pas plus qu’aucun de ses prédécesseurs, même le grand Roosevelt, mais il est là, bien en place, il dialogue avec le monde, ouvre des perspectives avec la Corée du Nord, pose ses différences avec Emmanuel Macron ou Mme Merkel. Bref, il fait son métier.

     

    On peut certes contester ses options, je l’ai fait dans le dossier de l’Accord nucléaire avec l’Iran, qui était selon moi l’un des seuls succès diplomatiques (avec Cuba) de l’ère Obama. Mais nul ne peut nier que le Président Trump accomplit une action politique dont l’Histoire aura à juger.

     

    Dès lors, ne soyons pas cruels. Résistons à la tentation de reprendre les citations, écrites ou orales, de ceux qui, avant le 9 novembre 2016, nous le décrivaient comme une parfaite créature de Frankenstein. L’effet de ces rappels serait dévastateur, tout simplement.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Autorité

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    Sur le vif - Mercredi 02.05.18 - 10.04h

     

    Homme ou femme, jeune ou vieux, gauche ou droite, rien de cela ne m'importe. J'ai besoin qu'un candidat au Conseil d'Etat ait autorité sur sa propre prise de parole.

     

    Autorité, au sens d'auteur. Ce qu'il dit ne doit pas donner l'impression de lui avoir été soufflé par un autre. Car, s'il est élu, le souffleur, parmi ses pairs, demeurera.

     

    Autorité, au sens d'augmentation du champ du possible. Un ministre doit se projeter en avant, nous ouvrir un avenir.

     

    Autorité, au sens de courage. Pierre Mendès France, à peine investi par la Chambre le 18 juin 1954, se donne un mois, pas un jour de plus, pour trouver une issue à la question indochinoise. Faute de quoi, il annonce qu'il partira. Un mois après, il signe les Accords de Genève.

     

    Autorité, au sens de solitude. Celui qui a besoin d'un souffleur n'est jamais seul sur scène. Dans l'intensité du monologue, il ne saura puiser en lui-même la justesse du ton.

     

    Nous devons élire des auteurs. Des inventeurs. Des défricheurs.

     

    Le reste n'est que politique politicienne, propagande des officines et des états-majors de partis, intérêts corporatistes.

     

    La République a besoin d'autorité. Elle a besoin d'auteurs.

     

    Pour les duplicateurs, il existe des machines a photocopier.

     

    Pascal Décaillet