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Liberté - Page 806

  • Parole et Silence

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    Sur le vif - Dimanche 26.11.17 - 14.15h

     

    Depuis toujours, je m'intéresse à l'Histoire, à la langue, à la musique. Sur ce qui touche à ces domaines, je puis me montrer fort disert. Comprendre, techniquement, la révolution induite par le "clavier bien tempéré", à l'époque de Bach, me passionne totalement, par exemple. Ou comment fonctionne la récurrence d'un leitmotiv, chez Wagner.

     

    Tout autant, il est quantité de thèmes qui m'indiffèrent. Notamment, ce qu'il est convenu d'appeler, depuis un demi-siècle, les "sujets de société". Je n'en nie pas la pertinence. Mais n'ai rien à dire sur eux.

     

    Depuis des décennies, je me passionne pour l'Histoire de France, celle de l'Allemagne, pour nos 26 Histoires cantonales suisses, pour celle de l'Algérie, de l'Afrique du Nord en général, du Proche-Orient, de la Grèce, des Balkans. Pour l'Histoire militaire, notamment la Guerre à l'Est, entre le 22 juin 1941 et le 8 mai 1945. Pour les grandes batailles du passé, par exemple celles de la Révolution, du Consulat et de l'Empire.

     

    Depuis l'enfance, je brûle de capter le fil conducteur du destin allemand. En tout cas depuis Frédéric II, jusqu'à nos jours. C'est l'un des enjeux majeurs de ma vie intérieure.

     

    Tout autant, l'Histoire des religions me passionne. Celles issues du Proche-Orient, au premier plan. Mais aussi de la Grèce, de Rome. Je peux, au Musée étrusque de Volterra, ou à celui de la Villa Giulia, à Rome, passer des heures à rêver devant un vase à figures rouges, qui nous raconte une scène mythologique. Laissant errer mon esprit, je me récite Homère.

     

    Mais il est quinze mille autres sujets, régulièrement débattus à longueur de journées sur nos antennes, dans nos journaux, sur les réseaux sociaux, sur lesquels je n'ai strictement... rien à dire ! Du coup, je m'abstiens, totalement.

     

    J'invite chacun de nous à délimiter exactement les sujets où il se sent capable d'intervenir. En prenant soin de mettre à l'écart ceux sur lesquels il n'a, simplement, rien à dire.

     

    A tout cela, rien de grave. Rien, ni personne ne nous oblige à donner notre avis sur tout. Soyons conscients de nos zones de compétences. Et, pour le reste, sachons nous abstenir.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • La matrice

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    Sur le vif - Samedi 25.11.17 - 12.46h

     

    Je n'utilise jamais le mot "Occident". Ni "valeurs occidentales".

     

    Je me sens certainement plus proche d'un adepte du Soufisme dans le Sinaï égyptien, ou d'un chrétien copte dans la région d'Assouan, ou d'une icône byzantine, ou géorgienne, de la Vieille Ville de Jérusalem, dans le quartier de la Porte de Damas, que d'un boursicoteur de Wall Street.

     

    La toute récente actualité, dramatique, accentue en moi cette fraternité, tous courants confondus, toutes religions mêlées, pour une région du monde, quelque part entre le Nil et l'Euphrate, qui, depuis mon premier voyage là-bas en 1966, m'apparaît comme matricielle de la nôtre.

     

    C'est pourquoi, il y a si longtemps, en 1971, j'ai choisi d'étudier le grec. Première étape vers d'autres langues, dès que j'aurai du temps. Le russe ? L'hébreu ? L'arabe ?

     

    Unterwegs zur Sprache, pour reprendre l'éclatante formule de Heidegger. Celle qui figure un chemin vers la langue.

     

    Donc, un chemin de connaissance.

     

    Le seul qui vaille.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La sainte ferveur de l'innocence

     

    Sur le vif - Vendredi 24.11.17 - 06.46h

     

    En analyse politique, il y a ceux qui, assoiffés d'Histoire, lisent des livres et des témoignages (issus de TOUTES les parties), pour reconstituer les chaînes de causes et de conséquences.

     

    Ceux-là sont disciples du grand Thucydide, le génial auteur de la Guerre du Péloponnèse (5ème siècle avant JC). Mais aussi, de Michelet, Fustel, les Annales, Marc Bloch, Jacques Le Goff, Pierre Milza.

     

    Le principe est simple : sur une région donnée, tiens les Balkans par exemple, ou l'Allemagne, ou l'Algérie, ou le Proche-Orient, on commence par se renseigner. En consacrant quelques années (toute sa vie, en fait) à lire des livres, visionner des archives, approcher la complexité du réel. C'est prodigieusement vivifiant : l'un des bonheurs de l'existence.

     

    Jamais définitive, en perpétuelle correction d'elle-même, la vision des problèmes se tisse et se déconstruit constamment, en fonction des nouveaux documents, témoignages.

     

    Et puis, de l'autre côté, il y a l'armada des moralistes. Ils ont une grille de lecture, une fois pour toutes, celle des bons et des méchants. Ils sont avec les bons, contre les méchants. Avec les victimes (ah, la sanctification de la victime !) contre les bourreaux. Ils s'étranglent, s'indignent, dénoncent, chassent les sorcières, capturent les écrans, clouent au pilori. Les réseaux sociaux colportent et amplifient leur clameur.

     

    Avec eux, la vie est plus simple : la sainte ferveur de l'innocence, en noir et blanc.

     

    Pascal Décaillet