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Liberté - Page 805

  • Place à la croissance maîtrisée !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 09.10.18

     

    20'600 voix : c’est le résultat tout simplement phénoménal de Willy Cretegny, viticulteur à Satigny, lors du second tour de l’élection au Conseil d’Etat, ce dimanche 6 mai. Grandiose, pourquoi ? Parce que nous avons affaire à un homme seul, totalement indépendant, sans parti. Un homme qui s’est juste engagé sur ses idées : la défense de l’agriculture et des paysans, la qualité des produits locaux, le protectionnisme en matière agricole, les taxes douanières, le modèle de croissance sur le canton de Genève, le combat pour un aéroport raisonnable, et non démesuré, comme le voudraient certains.

     

    Certes, l’homme n’a pas été élu, mais son résultat inespéré lui permet de couver des espoirs pour l’élection d’octobre 2019 au Conseil national. Mieux : dans un univers noyauté par le système des partis, le vigneron de nos marchés genevois donne des ailes à d’autres indépendants qui, pour l’heure, nourriraient encore quelques hésitations face à une éventuelle candidature. Il existerait donc, à Genève, d’autres possibilités de percer que la seule appartenance à l’antique machinerie des réseaux partisans. Le force de conviction d’un homme, ou d’une femme, profondément habité par ses idées, peut amener au succès. Ça nous change tellement de ce monde d’assis et de comitards, avec leurs Assemblées générales, leurs mots d’ordre pour les votations, leurs rivalités de chapelles. La force d’un homme, oui, la puissance de sa solitude.

     

    Tout cela n’a pas échappé à un homme. Un certain Pierre Maudet. Dans l’émission spéciale de Léman Bleu, dimanche en début d’après-midi, il a eu un petit mot pour rappeler que ces vingt mille voix en faveur de M. Cretegny se devaient d’être entendues, et que l’idée de maîtriser la croissance n’était peut-être pas si mauvaise que cela. Là aussi, ça nous change : des signaux, par exemple, donnés par les deux ministres radicaux du gouvernement sortant, dans leurs apparitions face au patronat, ces dernières années. Décidément, Pierre Maudet est habile : quelques minutes après une nouvelle donne électorale, il déchiffre, opère la synthèse, s’adapte.

     

    La nouvelle donne, c’est que l’Entente n’est plus majoritaire au Conseil d’Etat, et aura besoin de composer au Grand Conseil pour faire passer des lois. Avec le MCG. Ou même, parfois, avec la gauche. Dans ces conditions, l’arrogance ultra-libérale qu’on a vu poindre trop souvent, ces dernières années, avec son cortège de dérégulation, d’ouverture des frontières, de disparition des taxes douanières, devra céder la place à autre chose. Il ne s’agit pas de revenir au Plan Wahlen, ce système étatiste de protection agricole pendant la dernière guerre, mais de placer au centre de tout le facteur humain. Oui, les hommes et les femmes qui travaillent pour notre économie valent infiniment mieux que la seule course au profit de quelques spéculateurs. Leur santé. Leur bien-être. Leur qualité de vie dans l’espace genevois. Vive la croissance maîtrisée : c’est la clef de notre avenir commun !

     

    Pascal Décaillet

     

  • La Perse, intangible et millénaire

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    Sur le vif - Mercredi 09.05.18 - 07.57h

     

    À l'éditorialiste qui, ce matin, ose affirmer que "l'Iran est un danger pour le Moyen-Orient", il faut juste répondre que l'Iran EST au Moyen-Orient. La vieille Perse, depuis des millénaires, inamovible et riche d'une Histoire incomparable, EST l'une des composantes incontournables de cette région du monde.

     

    Face à cette réalité historique, les gesticulations et l'arrogance d'un État n'existant que depuis 242 ans, situé à des milliers de kilomètres de l'Orient compliqué, auquel il n'a jamais compris grand chose, ne seront pas plus efficaces qu'elles ne le furent, dans les années 60, face à la volonté d'affranchissement et de souveraineté d'un petit peuple de paysans, appelé Vietnam.

     

    Pour l'heure, que je sache, le seul pays à avoir fait usage de l'arme atomique, en 73 ans, s'appelle les Etats-Unis d'Amérique. C'est un fait. Une réalité historique. Août 1945, à deux reprises, sur le Japon. L'un des rares, aujourd'hui, à pouvoir en faire usage à tout moment, c'est encore lui. De quel droit ose-t-il, lui surarmé, distribuer aux autres ses leçons de morale ?

     

    Le fauteur de guerre, où est-il ? Dans les populations implantées depuis des millénaires au Moyen-Orient, ou chez les faucons de Washington ? L'Iran, au-delà de savoir s'il est dirigé par le Shah, par Mossadegh ou (depuis 1979) par le régime des mollahs, est, avant toute chose, une grande nation, pétrie d'Histoire et de culture, de sciences, une réalité vécue, sur l'échiquier.

     

    C'est la nation, dans l'Iran, qu'il faut considérer, dans ses permanences, la puissance tectonique de sa continuité. Les idéologies passent, les nations demeurent. Les caprices de l'arrogance américaine passent, la présence millénaire de la Perse continuera, pour des siècles ou des millénaires, d'exercer sa puissance d'arbitrage sur l'échiquier du Moyen-Orient.

     

    Pour les pays d'Europe, c'est l'occasion ou jamais d'affirmer que leur relation avec l'Iran relève de leur choix souverain, et non d'un alignement sur les États-Unis d'Amérique. On espère que la Suisse, qui n'est pas partie prenante de l'Accord de 2015, trouvera les mots pour affirmer une volonté de solution politique qui passe par le dialogue et la reconnaissance, et non par l'obédience. Si le Conseil fédéral pouvait se montrer plus courageux qu'au printemps 2003, lors de la catastrophique expédition américaine sur l'Irak, notre pays en sortirait grandi. La neutralité, ça n'est pas se taire. Et c'est encore moins s'aligner sur les puissants et l'arrogance, juste parce qu'ils manient les milliards de dollars.

     

    Plusieurs millénaires avant la déclaration d'indépendance des Etats-Unis, la vieille Perse brillait déjà de mille feux. Si elle devait, aujourd'hui, se sentir menacée, la levée en masse serait mue en priorité, comme dans la Russie de 1941, par la défense acharnée de la terre nationale, de la mémoire collective, de la communauté dans l'ordre de l'Histoire. Ces données de fond, intimes et intangibles, bien avant la défense d'un régime.

     

    Les idéologies passent, les nations demeurent.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Des âmes humaines

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 09.05.18

     

    L’arrivée de Thierry Apothéloz au Conseil d’Etat est une excellente nouvelle pour Genève. Parce que cet homme, au sommet de sa forme politique, incarne à la fois l’expérience (quinze années d’exécutif à Vernier, quatrième ville de Suisse romande), le militantisme (c’est un socialiste, un vrai, et pas un caviar de salon), l’espoir. La conjonction de ces trois qualités, Genève en avait besoin.

     

    Quelque part au plus haut niveau de notre Canton, il nous fallait un homme issu du peuple. Un homme de la rive droite, ayant accompli la quasi-totalité de sa carrière politique dans ce qu’il est convenu d’appeler une Cité, terme qu’il faut s’empresser d’oublier : Vernier est une ville, comme d’ailleurs Meyrin, Onex, Lancy, une ville oui, avec son âme, son Histoire, les confluences de tant de destins. C’est ainsi qu’Apothéloz conçoit et raconte Vernier, celui des Avanchets ou du Lignon, ou des Libellules, une ville, une cité, avec des institutions, une mémoire, des âmes humaines.

     

    Puisse Thierry Apothéloz ne jamais oublier d’où il vient. Maintenir, à tout prix, son contact avec la base. Défendre, aux côtés de Serge Dal Busco, les intérêts des communes, dont ils auront l’un et l’autre présidé l’Association faîtière, à Genève. Avec ces deux hommes, qui savent ce que l’échelon municipal d’une commune autre que la Ville signifie, il y aura, face au jacobinisme de certains Plans directeurs, l’espoir d’une sensibilité nouvelle. Genève, c’est un Canton : de Versoix jusqu’à Chancy !

     

    Pascal Décaillet