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Liberté - Page 810

  • Bienvenue en Maudétie !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 18.04.18

     

    Réélu au premier tour ! Avec un résultat canon : 50'180 voix ! Creusant un écart géant avec le deuxième, Mauro Poggia (43'728) et le troisième, Serge Dal Busco (40'836). La victoire de Pierre Maudet, dimanche 15 avril, est évidemment sans appel. Elle détermine l’homme fort du futur gouvernement genevois, comme nos amis vaudois avaient, assez naturellement, déterminé Pascal Broulis, puis Pierre-Yves Maillard. Reste à savoir, justement, si le principe « d’homme fort » est bien conforme à nos traditions suisses, s’il est viable, en attendant la disgrâce, sur une longue période. Et surtout, s’il est souhaitable. Ces questions-là, et d’autres sur le risque de dérive autoritaire, doivent être posées dès maintenant. Et tant pis si ça froisse l’état de grâce, la passion inconditionnelle des groupies, et tous ceux qui se frottent les mains de voir advenir un Etat PLR, pour y prospérer, entre initiés.

     

    Pierre Maudet, je l’ai dit maintes fois ici et ailleurs, est un surdoué de la politique. Intelligent, vif, rapide, malicieux, doté d’un sens aigu de la synthèse, il capte tout, très vite. En plus, en privé, l’homme ne manque pas d’humour, ni d’ailleurs de culture historique, ce qui en fait un interlocuteur très agréable. Mais toute médaille a son revers : très tôt dans sa carrière (que je suis depuis vingt ans), l’homme a compris que le pouvoir ne pouvait s’exercer à moitié. Il l’a compris pour sauver, avec François Longchamp, le parti radical de la déroute, puis conquérir les sièges, à tous les postes de la Ville et du Canton. Cette aptitude au pouvoir fort ne saurait, en soi, lui être reprochée, nous n’allons tout de même pas faire ici l’éloge des mous. Mais elle a ses effets collatéraux : volonté de tout contrôler jusqu’au détail, pratique du fusible jusqu’à l’extase électrique, relais dans la presse genevoise – et lausannoise – avec sa batterie de perroquets et de perruches, toujours prêts à s’extasier des faits et gestes du Prince.

     

    L’essentiel, vous le voyez, n’est pas à reprocher à Pierre Maudet, qui connaît à fond les règles de la communication en temps de guerre, mais à l’incroyable obédience qu’il a réussi à susciter dans certaines rédactions. Le problème no 1 de la presse lémanique, aujourd’hui, n’est pas d’être de gauche, ni de droite, mais de s’aligner systématiquement sur les positions du PLR, à commencer par celles de Pierre Maudet. Notre vitalité démocratique à Genève passera, dans les cinq ans qui viennent, par un contre-pouvoir. Il ne s’agit évidemment pas de démolir tout ce qu’entreprendra le ministre, loin de là, mais de garder la tête froide, comme face à n’importe qui, sur le sens politique de ses actions. Et, bien sûr, de se refuser à tout culte de la personnalité, ni attraper des lumbagos à force de prosternations devant l’éclat solaire du souverain. S’il fait de bonnes choses pour Genève, nous le dirons. S’il abuse de son pouvoir pour établir, telle l’universelle araigne (Louis XI), ses réseaux tentaculaires au service de son seul pouvoir, nous le dirons aussi. Excellente législature à tous !

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Du vent et des illusions

     

    Sur le vif - Mardi 17.04.18 - 09.39h

     

    L'esprit de normalisation qui règne chez les éditorialistes, depuis l'élection de dimanche à Genève, n'est rien d'autre qu'un trompe-l'œil.

     

    D'abord, étonnant, tout de même, cette jouissance des observateurs à l'idée qu'après une parenthèse de fébrilité, tout rentrerait enfin dans l'ordre. Comme si la politique, délivrée des antagonismes et des questions qui fâchent, ne devait être que l'équilibre paisible d'un château de cartes.

     

    Surtout, c'est un leurre. Les questions cruellement posées en 2005, 2009 et 2013 demeurent. Flux transfrontaliers. Emploi local précarisé. Les coûts pour accéder aux soins médicaux. Le manque de logements. La difficulté de circuler.

     

    Pour s'attaquer à tout cela, le corps électoral a choisi de donner une nouvelle chance aux "partis traditionnels". Mais comment la TG ose-t-elle clamer que la frange protestataire "mord la poussière", alors que le MCG, avec ses onze députés, fera clairement office de parti charnière au Parlement ? L'UDC, Ensemble à Gauche, jusqu'à nouvel ordre, ont décroché le quorum.

     

    Le MCG a été attaqué de l'intérieur par une dissidence qui lui a fait perdre plusieurs sièges. Quant à ses thèmes de prédilection, comme la préférence cantonale, ils ont purement et simplement été récupérés par les autres partis. La puissance des "partis traditionnels", depuis la fin du 19ème siècle, c'est de se nourrir doucement des oppositions, en les intégrant.

     

    Le MCG, s'il sait gérer sa défaite et se concentrer sur l'essentiel, peut faire beaucoup mieux avec onze députés cohérents et en ordre de bataille, qu'avec un groupe pléthorique de vingt personnes, où les ferments de dispersion étaient visibles - pour qui sait lire - dès le premier jour de la législature.

     

    Reste que le canton ne veut pas étouffer. Les rêves délirants de croissance, avec flux migratoires, gains faciles pour le patronat, agrandissement démesuré de l'aéroport, ne sont sûrement pas ceux de la population.

     

    Le Grand Conseil 2018-2023, nous dit-on, sera "plus clair". Mais en quoi, je vous prie, un Parlement doit-il être "clair" ? Le gouvernement doit l'être, c'est sûr, mais la députation, c'est la représentation populaire, dans sa diversité, ses contradictions, sa richesse. Que des confrères, journalistes politiques, se réjouissent de l'avènement d'une Chambre d'enregistrement, toute aux ordres d'un Pierre Maudet, est de nature à surprendre.

     

    Dans cinq ans, nos enfants auront-ils des logements, du travail, du pouvoir d'achat ? Seront-ils, comme nous aujourd'hui, étranglés par les primes maladie ? Pourront-ils se déplacer convenablement dans l'espace urbain ? Les Lyonnais viendront-ils embarquer, pour leurs vols à bas coût, à Cointrin ? Cette législature aura-t-elle un peu permis d'avancer ? Ou n'aura-a-t-elle, comme celle qui se meurt, levé que du vent et des illusions ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Rhinocéros

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    Sur le vif - Mardi 17.04.18 - 12.48h

     

    A Genève, c'est le patronat qui pousse à fond, depuis des semaines, pour sécuriser l'élection des quatre candidats de l'Entente. Il lui est égal de savoir qui sera le quatrième élu, ce qui compte c'est de sauver le soldat, à tout prix. Si ce quatrième de l'Entente était un rhinocéros, le patronat le soutiendrait.

     

    L'enjeu, c'est la réforme de l'imposition des entreprises. Garder le taux promis aux multinationales. Pour cela, il faut évidemment une majorité de l'Entente au Conseil d'Etat. Le reste passe loin derrière, jusqu'à la longueur de la corne du rhinocéros.

     

    Rétrospectivement, on comprend mieux certaines attaques contre des magistrat(e)s sortant(e)s, dans la campagne du premier tour. L'enjeu n'a jamais été M. Ramadan, ni les affaires de plaintes contre lui, ni même l'histoire de la secrétaire du DIP. Tout cela est aussi indifférent que la peau épaisse du rhinocéros.

     

    Non. Ce qui comptait, dans ces attaques, n'a jamais été le DIP. Mais affaiblir à tout prix la gauche, en tentant de faire tomber une sortante. Pour que l'Entente conserve la majorité. A cause de l'imposition des entreprises.

     

    Même, au besoin, avec un rhinocéros.

     

    Pascal Décaillet