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Liberté - Page 583

  • Réunification : on a humilié les Allemands de l'Est !

     

    Sur le vif - Samedi 12.10.19 - 10.21h

     

    Je ne me suis pas réjoui lorsque le Mur de Berlin est tombé, le 9 novembre 1989. D'abord, très concrètement, parce que je n'en ai, sur le moment, pas eu le temps : j'ai été préposé, jusqu'à deux ou trois heures du matin, à traduire les discours de MM Kohl et Genscher pour la Matinale du lendemain. J'ai adoré faire ça, d'ailleurs.

    Je ne me suis pas réjoui, parce qu'il était évident qu'un pays souverain qui m'était cher (malgré son régime, sa police politique, la vétusté des infrastructures, l'absence de liberté d'expression face au Parti, tout ce qu'on voudra), et dont j'avais lu avec passion les écrivains, allait, non pas "se réunifier" avec l'Ouest, mais purement et simplement disparaître.

    Cela s'est produit, au-delà de tout ce qu'on aurait pu imaginer. Ce qu'on appelle "réunification" n'a rien été autre, en réalité, qu'un phagocytage pur et simple de la DDR par le glouton Kohl, Rhénan détestant l'Est, suppôt de l'atlantisme et des intérêts américains en Europe, anti-communiste viscéral, comme l'avaient été, avant lui, le Chancelier Adenauer (1949-1963) et le Taureau de Bavière, le Ministre-Président Franz Josef Strauss.

    Immense admirateur des deux Chanceliers ayant immédiatement précédé Kohl, les sociaux-démocrates Willy Brandt (1969-1974) et Helmut Schmidt (1974-1982), comment aurais-je pu vouer la moindre estime à un Helmut Kohl qui, sous prétexte "d'aller vite" et saisir le vent de l'Histoire , a traité ses partenaires de la DDR, en 1989-1990, avec le même mépris qu'on trouverait, chez un aristocrate milanais, pour un travailleur agricole du Mezzogiorno, Pouilles ou Calabre.

    On le sait maintenant, Kohl s'est comporté de manière parfaitement immonde avec le gouvernement est-allemand chargé de négocier avec lui la réunification. Complice et valet des Américain, il a traité ses frères allemands en vaincus du capitalisme triomphant. Il fallait faire vite, liquider la DDR, l'avaler tout cru, l'acheter avec les milliards de l'Ouest, passer en pertes et profits le système social de ce pays. Ne parlons pas de ce que l'Allemagne de l'Est avait fait pour la culture, Kohl n'en avait sans doute jamais entendu parler.

    Si le Rhénan Kohl s'était contenté d'envoyer aux oubliettes un régime communiste que peu regretteront, ce serait une chose. Mais, sous-estimant totalement les questions nationales internes aux équilibres des Allemagnes, il a surtout humilié deux nations, la Prusse et Saxe. La première, croyez-moi, n'est pas morte. Tout au plus a-t-elle subi, juste après la guerre, une damnation de mémoire dont elle se remettra, un jour ou l'autre. On ne gomme pas ainsi une aussi grande nation, ayant joué un tel rôle en Europe depuis Frédéric II (1740-1786).

    Les Allemands qui, aujourd'hui, habitent sur les territoires historiques de la Prusse, de la Saxe et de la Thuringe, aspirent à être reconnus dans leur dignité nationale. Dans ces régions, en Saxe notamment, subsistent de terribles îlots de pauvreté. Chômage, aide sociale, immense précarité : ce sont les grands oubliés du capitalisme brutalement imposé, de l'Ouest, par la réunification. Beaucoup d'entre eux, parmi les aînés, regrettent la DDR, son système social. Le miracle libéral, il ne l'ont vu passer que par-dessus leurs têtes, tout là-haut, chez les spéculateurs qui s'enrichissaient en collaborant avec l'Ouest.

    Ce sont ces oubliés-là, de tous âges, qui aujourd'hui disent leur colère dans les Länder de l'ex-DDR. Parce que pour eux, rien n'a été fait. L'ogre Kohl, le glouton, n'aura été qu'un marchand d'illusions, distributeurs des capitaux de l'Ouest à quelques-uns, oubliant les autres, se souciant comme d'une guigne de la cohésion sociale allemande, de l'équilibre et du respect entre les différents corps des Allemagnes.

    Il est temps, aujourd'hui, de parler de la réunification avec les éléments critiques que l'Histoire ne cesse de nous fournir. Se refuser à cet exercice, c'est accepter comme vérité dogmatique les discours de propagande des ultra-libéraux et des atlantistes, qui sont d'ailleurs les mêmes.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Jamais la dette !

     

    Sur le vif - Vendredi 11.10.19 - 04.08h

     

    En aucun cas il ne faut revenir sur le frein à l'endettement. Nulle gestion financière, ni celle d'une famille, ni celle d'une PME, ni celle d'un Etat, ne doit reposer sur la dette. Il faut d'abord réunir les fonds, et ensuite investir. Il ne faut jamais rien devoir à personne, pour assurer sa marge de manœuvre et son indépendance. Il faut maintenir son activité dans des proportions humaines, maîtrisables, respectueuses des personnes et de l'environnement. C'est peut-être vieux jeu, conservateur, tout ce qu'on voudra. Mais c'est ma conception - et ma pratique - de la gestion économique.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Seniors, avec nous !

     

    Commentaire publié dans GHI - 09.10.19

     

    Quelles retraites pour les Suisses, dans les décennies qui viennent ? La question est majeure, c’est l’un des sujets qui préoccupent le plus les habitants de notre pays. J’ai étudié à fond l’Histoire de nos régimes de retraites, avant la Seconde Guerre mondiale, puis dès 1948 (entrée en vigueur de l’AVS), puis au milieu des années 1980 (deuxième pilier obligatoire), puis aujourd’hui, avec la pyramide des âges inversée, et un très grand nombre de rentiers, les natifs du baby-boom, à qui notre société se doit d’attribuer une retraite décente.

     

    Une chose est certaine : le premier pilier, donc l’AVS, véritable fleuron de notre système social suisse, né du besoin d’Etat de l’immédiate après-guerre (débats parlementaires passionnants en 1947), réformé par dix révisions complètes, dont trois sous le remarquable conseiller fédéral Tschudi (PS, BS, 1959-1973), doit faire l’objet de nos attentions prioritaires. C’est lui qu’il s’agit de consolider à fond, car il est mutuel et solidaire, et se fonde sur l’aide entre les générations. L’AVS est un ciment de notre cohésion sociale.

     

    Aucune réforme des retraites, en Suisse, ne pourra faire l’économie d’une consolidation de l’AVS. Les personnes âgées, qui ont fait ce pays avant nous, et nous ont légué un pays prospère, ont droit à une vie décente. J’en profite pour les saluer, toutes, très amicalement. Leurs préoccupations sont les nôtres. Et nous voulons les garder avec nous, dans le corps social de ce pays que nous aimons.

     

    Pascal Décaillet