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Liberté - Page 576

  • Conseil des Etats : un boulevard pour la gauche

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 30.10.19

     

    Les élections fédérales ne sont pas terminées. Pour le National, les dés sont jetés : Genève a désigné ses douze députés, pour quatre ans, dans cette Chambre. Reste, le dimanche 10 novembre, le second tour de l’élection au Conseil des Etats. Là, chaque canton, quel que soit son nombre d’habitants, envoie deux personnes. Le système électoral exige des figures rassembleuses, charismatiques, capables d’aller chercher les voix hors de leur seule famille politique. La gauche tient le bastion depuis douze ans, avec une socialiste et un Vert à la Chambre des Cantons, qui ne se représentent pas.

     

    Elle tient la citadelle depuis douze ans, et pourrait bien la garder ! L’avance entre les deux premiers, la Verte Lisa Mazzone et le socialiste Carlo Sommaruga, et les autres candidats, lors du premier tour, dimanche 20 octobre, est impressionnante : quinze mille voix d’écart entre le candidat socialiste, no 2, et celui du PLR, Hugues Hiltpold, no 3 ! La candidate PDC Béatrice Hirsch arrive quatrième, l’UDC Céline Amaudruz cinquième. La gauche a su, comme d’habitude, serrer les rangs, jouer la discipline de vote. Elle le fera aussi au deuxième tour. Nul ne saurait lui en faire grief : la politique est un art du combat et des rapports de forces, rien d’autre. Et puis, en stratégie, il ne faut pas commenter les mouvements de l’adversaire, mais manœuvrer soi-même.

     

    Dès lors, quid ? Eh bien disons qu’à moins d’un sursaut phénoménal d’un électorat de droite qui, paraît-il, « ne s’était pas mobilisé » au premier tour (traditionnelle excuse des vaincus), l’affaire est entendue : longue vie à la gauche genevoise, Verts et socialistes, au Conseil des Etats ! Que du bonheur : mille ans de roses et de tournesols ! Mille ans de taxes, avec les Verts, mille ans d’impôts avec les socialistes. Ça ne vous irradie pas de jouissance, cette perspective ? Mille ans, peut-être davantage, tant que n’existera pas, au sein des droites genevoises, une stratégie dûment mise au point, non pas trois semaines avant l’échéance, mais plusieurs années. Une stratégie dont on ne dévie pas, contre vents et marées.

     

    On en est très loin. Le soir du premier tour, lors de nos émissions spéciales de Léman Bleu, à Uni Mail, la présidente de l’UDC, Céline Amaudruz, tendait une perche au président du PLR, Bertrand Reich. Ce dernier, courtois mais sans appel, lui répondait par une fin de non-recevoir. L’affaire était pliée : longue vie à la gauche ! Dès lors, on voit mal pourquoi l’électorat genevois de l’UDC, si souvent humilié, ces dernières décennies, par les tonalités patriciennes des libéraux ou les rudesses de grognards des radicaux, sans compter le mépris du parti des bénitiers, se gênerait, une seule seconde, d’inscrire un seul nom sur la liste de deuxième tour : celui de Céline Amaudruz. Nous aurions ainsi, au soir du 10 novembre, un décompte enfin précis des différentes sensibilités, au sein des droites genevoises. La politique y gagnerait en clarté. Pour l’avenir, on prendrait date.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Bobos : l'addition sera salée !

     

    Sur le vif - Mercredi 30.10.19 - 05.18h

     

    La colère montante d'une classe moyenne étouffée par les primes, les taxes, les impôts, travaillant dur et ne pouvant plus mettre un centime de côté, sera l'un des paramètres majeurs de la prochaine législature fédérale.

    Rester sourd à cette colère, c'est condamner la Suisse à revivre des déchirements comparables à ceux de novembre 1918.

    La Suisse est, depuis 1937, un pays de paix sociale. Mais elle ne l'est ni par nature, ni par essence, ni en vertu d'une onction du ciel.

    Non, notre cohésion est le produit d'une culture politique, et d'une attention aux souffrances de nos compatriotes. Ne jamais laisser personne, ni aucune catégorie de population, sur le bord du chemin. La création de l'AVS, notre fleuron, en 1947/48, incarne la grandeur de cette ambition.

    Aujourd'hui, attention danger ! Personnes âgées laissées dans le dénuement et l'abandon. Jeunes sans emploi. Paysans sacrifiés sur l'autel du libre-échange. Travailleurs pauvres. Primes maladie, taxes, impôts, totalement confiscatoires. Et là, l'idéologie Verte qui va nous concocter de nouvelles taxes !

    Le problème no 1 de la Suisse est social. Notre cohésion, secret de notre réussite, est en danger. Toucher aux réseaux de solidarité, de mutualité, qui ont fait la Suisse moderne, c'est jouer, à terme, l'existence de notre pays.

    Sur tous ces thèmes, absolument majeurs, l'obsession monothématique de la campagne fédérale 2019 a joué le rôle d'un paravent. Les responsables de cet effet de leurre, évidemment profitable aux plus favorisés du système ultra-libéral, seront un jour amenés à rendre des comptes. L'addition sera salée.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Foutez-nous la paix avec le Brexit !

     

    Sur le vif - Mardi 29.10.19 - 16.09h

     

    De grâce, laissons le Brexit ! Le destin de l'Europe ne se joue pas dans ses rapports avec le Royaume-Uni, mais sur le continent ! L'obsession anglophile - et anglomane, et anglophone - de la presse romande l'amène à surestimer totalement le rôle d'une nation certes importante, mais périphérique pour le destin européen.

    Par pitié, considérons l'Allemagne ! L'Histoire allemande. La langue allemande. La littérature allemande. L'Histoire musicale allemande. Le prodigieux renouveau du destin national allemand, depuis Frédéric II (1740-1786), mouvement ininterrompu (le 8 mai 1945 n'est qu'une défaite d'étape).

    Passionnons-nous pour l'Ostpolitik, cette idée de l'immense Chancelier Willy Brandt (1969-1974). Analysons sans concessions la réunification de 1989/1990, entendez le pur et simple, le vulgaire et glouton phagocytage de la DDR par un Kohl atlantiste à souhait. Tentons de comprendre le vote en Thuringe. Le vote en Saxe. Le vote en Ombrie. Tentons de saisir ce qui se passe en Italie, en Pologne, en Hongrie, en Grèce, dans les Balkans.

    Et cessez de vous focaliser, à cause de votre anglomanie née de la propagande post-1945, sur une Perfide Albion qui vivra très bien son destin hors de l'Union européenne, ce qu'elle n'avait pas trop mal réussi depuis Hastings (1066) jusqu'à 1972 !

    Tout ce tropisme obsessionnel des médias sur le Brexit, tout ce bruit, toute cette fureur, nous en disent beaucoup plus long sur l'importance totalement sur-évaluée du monde anglo-saxon dans les consciences formatées de nos observateurs politiques. Et, par symétrie, sur l'incroyable sous-estimation de l'univers germanique, dans l'ordre de l'Histoire, de la politique, et avant tout dans celui de la culture.

    Foutez-nous à la paix avec le Brexit !

     

    Pascal Décaillet