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Liberté - Page 549

  • Tibia, péroné, et puis des ailes !

     

    Sur le vif - Jeudi 02.01.20 - 01.51h

     

    2 janvier 1970 : il y a, jour pour jour, un demi-siècle, je me cassais tibia et péroné, peu avant 17h, autant dire à la tombée de la nuit, à l'issue d'une journée de ski commencée à 9h, à Verbier, avec mon père, au cours de laquelle j'avais fait trois fois le Mont-Gelé. Et puis, tout en bas, au Rouge, la piste pour débutants, juste avant de rejoindre notre chalet, un ruisseau, la fixation qui ne s'ouvre pas, et voilà le Père Décaillet, onze ans et demi, hors d'état de nuire, pour plusieurs semaines.

    Je vous passe l'agonie (sans calmants) dans la file d'attente de la minuscule clinique du Docteur Pilule (oui, tout le monde l'appelait comme ça !). L'événement, en soi, est d'un intérêt relatif pour la marche du monde. Mais pas pour votre serviteur ! Que fait un enfant immobilisé ? Réponse : il lit !

    Il lit quoi ? Mais tout ce qui se trouve dans la bibliothèque de ses parents, parbleu ! Oh, ce modeste amas n'avait rien de l'Ambrosienne, ni de la Mazarine. Mais c'était le nôtre.

    Au milieu de ma première année secondaire, je comprenais deux choses. D'abord qu'en classe, on peut être une star, rien qu'en arborant un plâtre. Et puis, qu'un humain immobile pouvait se mouvoir, mentalement, des milliers de lieues plus loin que les autres. Par le seul miracle de la lecture.

    La morale de l'histoire ? Il n'y en a pas. Juste un tournant dans ma vie. À l'époque, le réglage des fixations était approximatif. Et cet archaïsme technique aura peut-être été l'une de mes grandes chances.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Les années

     

    Sur le vif - Mardi 31.12.19 - 17.05h

     

    Les années filent, les années volent, les années fusent.
    Les années passent, confuses.


    Les années rient, les années pleurent, les années chantent.
    Les années noires, méchantes.


    Les années vont, les années viennent, les années meurent.
    Les années belles demeurent.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Quand les Yankees nous lessivent le jugement

     

    Sur le vif - Lundi 30.12.19 - 17.22h

     

    De grâce, qu'on cesse de reprendre servilement, comme cela se fait depuis janvier 1991 (première Guerre du Golfe), le terme de "frappes", lorsque les Américains lâchent ou déversent leurs bombes au Proche-Orient !

    Le mot "frappe" est tout, sauf innocent. Directement repris des communiqués de l'armée américaine, il laisse entrevoir quelque chose de très technique (comme un jeu de précision), précis, indolore. Une partie virtuelle de stratego.

    Le mot laisse entendre, aussi, que les gentils Américains, gardiens de la paix dans le monde, ne décochent leurs "frappes" qu'en rétorsion à des actions antérieures, où l'ignoble ennemi du moment (hier l'Irakien, aujourd'hui l'Iranien) les aurait fourbement attaqués. La frappe, ce serait le talion, œil pour œil, sans plus.

    Tissu de mensonges. Déjà lors du Vietnam, les communiqués américains mentaient, éhontément. Ils ne font que cela, depuis très longtemps : et bien plus longtemps que vous ne l'imaginez, mais je briserai ultérieurement ce tabou.

    Les Américains veulent la guerre avec l'Iran. Ils la voulaient déjà avant Trump, qui n'a rien arrangé. Leurs bases, depuis des années, encerclent les frontières de la Vieille Perse. Pour agir, comme toutes les armées du monde cherchant à justifier une offensive future, ils exploitent les "provocations". En rétorsion à ces dernières, ils nous balancent des communiqués faisant état de très sages et très scientifiques "frappes", munies de la parfaite légitimité de la contre-attaque.

    Fumisterie, bien sûr. Les Américains n'en ont certes pas le monopole (lisez les Guerres Antiques, vous trouverez exactement cela). Mais avec les Américains, chez quantité de journalistes, ça marche ! Si les Yankees ont parlé de "frappes", alors ce doit être des "frappes", alors OK, on reprend comme des moutons le mot "frappes".

    Le problème, dans l'affaire, ce ne sont pas les communiqués de propagande de l'armée américaine. Toutes les armées du monde utilisent la même ficelle, lisez les Bulletins qui relataient la (géniale, vraiment) Campagne d'Italie du jeune Général Bonaparte en 1796/97, le principe est le même.

    Le problème, ça n'est pas la propagande d'un belligérant. Non, c'est l'allégeance à son vocabulaire, de la part des médiateurs. Lorsque le propagandiste se trouve être la première puissance du monde, c'est un peu gênant. Ca pourrait presque, à un esprit chagrin, donner le sentiment d'une servilité face aux puissants. Et de beaucoup d'ignorance face à l'identité, l'Histoire, la civilisation de ceux qui sont en bas, sous les bombes du puissant.

    Tenez, on pourrait peut-être, dans une autre vie, cesser de parler de "frappes". Et puis, aussi, dans dix mille vies ultérieures, se mettre à étudier, en profondeur, les langues, Histoires et civilisations du monde arabe, et du monde perse. C'est un peu plus compliqué que le monosyllabe "frappe". Mais ça enrichit l'esprit. Et ça pourrait même, un jour, nous ouvrir les cœurs.

     

    Pascal Décaillet