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Liberté - Page 431

  • Covid : pas de cirque d'automne du pouvoir, SVP !

     
    Sur le vif - Mercredi 21.10.20 - 17.04h
     
     
    Je suis désolé si je jette un froid, mais je viens de suivre, comme beaucoup d'entre nous, la conférence de presse Covid du Conseil d'Etat et des autorités sanitaires, en direct des HUG, et cela m'inspire les sept commentaires politiques suivants. Je dis bien "politiques", au sens des intérêts supérieurs de la Cité, et non "sanitaires" : je ne suis pas médecin, et n'ai aucune qualification sur le fond médical. Je ne ne suis pas médecin, mais je suis (très) patient.
     
    - Commentaire no 1 - Les autorités ne peuvent pas recommencer le cirque médiatique de ce printemps. Conseiller(s) d'Etat, Directeur de la Santé, pontes des HUG en blouses blanches (alors qu'ils ne sont pas, que je sache, en train d'opérer), et toute la smala censée incarner, aux yeux du public, l'AUTORITE, dans ce qu'elle a de fondé et de potentiellement coercitif. Le crique d'automne ne doit pas succéder au cirque de printemps.
     
    - Commentaire no 2  - Que les médecins en blouses blanches s'expriment sur les questions médicales. En y demeurant strictement circonscrits.
     
    - Commentaire no 3 - Que les élus politiques s'expriment EXCLUSIVEMENT sur les questions politiques. Ils ne sont pas médecins, pas plus que nous. Ils sont magistrats de la République. Il n'est pas, par exemple, du niveau d'une Présidente du Conseil d'Etat de venir faire la maîtresse d'école en regrettant d'avoir vu des étudiants de l'Université ôter leurs masques, pour discuter en groupes, à peine sortis de l'Alma Mater. Elle peut, sans problème, laisser ce genre de remarques aux médecins spécialistes des questions de masques, distances, etc.
     
    - Commentaire no 4 - La Présidente du Conseil d'Etat s'exprime en général avant son collègue, le Super-Ministre-de-la-Police-et-de-la-Santé. Sinon, elle donne l'impression que le vrai pouvoir présidentiel serait ailleurs. Nous n'osons imaginer cette hypothèse.
     
    - Commentaire no 5 - Le Parlement a-t-il décidé, comme ce printemps, de se mettre en congé, et de laisser l'exécutif pondre, tout à loisir, ses directives, sans le moindre contre-pouvoir ?
     
    - Commentaire no 6 - Nous sommes des citoyennes et des citoyens de la République. Des hommes et des femmes libres. Mûrs. Adultes. Vaccinés. Chacun d'entre nous est doté d'un libre-arbitre. En Suisse, le personnage principal, ça n'est pas l'élu, encore moins le fonctionnaire. C'est le corps des citoyennes et citoyens qui constitue le souverain de ce pays. Nous ne sommes pas dans la France jacobine. Nous sommes dans un pays de confiance citoyenne. Nous sommes prêts à appliquer des directives. Mais nous ne supportons pas les tonalités paternalistes, encore moins menaçantes. ll y a une certaine manière de nous parler, si on veut nous convaincre. M. Berset avait compris cela, et même à Genève M. Hodgers.
     
    Il n'y a aucune raison que, sous prétexte de crise, la totalité du pouvoir soit exercée par un seul homme à Genève, aussi compétent, intelligent, soit-il.
     
    - Commentaire no 7 - La santé publique est évidemment un impératif capital. La démocratie suisse, aussi.
     
     
    Pascal Décaillet
     
     

  • Pompier-pyromane

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.10.20

     

    Je ne me prononce pas ici sur l’opportunité sanitaire, mais désolé, une chose est sûre : nos politiques, à Genève et au niveau fédéral, sont en train, depuis ce printemps, de foutre par terre notre économie. Le grand sabordage, organisé non par un pays ennemi, ni par une Cinquième Colonne. Non, juste par le pouvoir, en place ici et maintenant !

    A Genève, on a rendu la vie impossible aux bistrots. On a multiplié les consignes pour les restaurants. On a fermé des bars. On a intimé au monde de la nuit l’ordre de tout arrêter, en quelques heures. Ces gens-là, ce sont de petits entrepreneurs, ils ont pris des risques, engagé des gens, vécu la folle aventure de l’entreprise privée, et les voilà sur le carreau.

    Des politiques qui, sous un prétexte que je ne juge pas, sapent eux-mêmes l’économie du pays, ou du canton, dont ils ont la responsabilité : c’est quand même, dans l’Histoire humaine, une sacrée première, vous en conviendrez !

    Peut-être l’ont-ils fait pour de bonnes raisons. Et puis, peut-être pas. L’Histoire jugera. Mais ce sacré virus aura réussi l’exploit de transformer l’Etat en pompier-pyromane : un ministre ferme des entreprises où les gens ne demandent qu’à bosser ; son collègue arrive avec la pharmacie de secours, et les « aides à l’économie ». Ce modèle de gouvernance, justifié ou non par l’impératif sanitaire, restera dans l’Histoire comme l’un des plus surréalistes que Genève et la Suisse aient connus.

     

    Pascal Décaillet

  • Rentes AVS : même pas l'aumône !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.10.20

     

    Dix francs par mois d’augmentation de la rente minimum AVS en 2021, vingt francs pour la rente maximum. Cette nouvelle, tombée mercredi 14 octobre, alors que tous les regards, toutes les attentions sont fixés sur l’obsession sanitaire, est l’un des pires scandales, en Suisse, de l’année 2020. Il ne faut pas venir nous parler de chiffres, ni de courbes, ni d’indexations. Il ne faut pas venir nous enfumer avec des histoires de diagrammes. Nous parlons d’hommes et de femmes. Nous parlons de nos pères et de nos mères. Nous parlons de nos frères ou sœurs aînés. Nous parlons de nos grands-parents. Nous parlons de citoyennes ou citoyens qui ont travaillé toute leur vie.

     

    Beaucoup d’entre eux ont eu des enfants, les ont élevés, leur ont tracé le chemin. Aujourd’hui, les forces en eux n’ont plus la vigueur d’antan. Mais ils sont toujours là, humains parmi les humains, naufragés de la mémoire, témoins de notre Histoire commune. 40 ans, 45 ans de vie professionnelle, donc de travail au service du pays, de sa prospérité. Et là, au milieu d’un renchérissement général de la vie, avec des primes maladie qui ne cessent de grimper, des classes moyennes étouffées par les taxes et les impôts, ces dix misérables francs ! Ça n’est même pas un pourboire ! Même pas l’aumône ! C’est au-delà du dégueulasse, et je pèse mes mots.

     

    Comment la Suisse en est-elle arrivée là ? Comment ce pays sublime, celui du respect et de la reconnaissance, celui de la main tendue à ce qui diffère, celui des grands principes de mutualité, de solidarité de 1848, celui de la grande aventure de l’AVS dans les années 1947/48, peut-il être devenu le pays de l’oubli des Anciens ? Il y a là quelque chose de terrible, comme si l’ingratitude était la fille perdue de l’amnésie : je ne te reconnais pas, frère humain, sœur humaine, parce que j’ai moi-même perdu toute mémoire, tout repère, tout ancrage dans la durée, dans la chaîne de l’Histoire. Je ne te reconnais pas, parce que je ne suis plus capable de me reconnaître moi-même, dans ma fonction d’humain, mes priorités de citoyen. Alors, je ne reconnais plus rien. Ma vie est un marécage, mon horizon est un brouillard.

     

    Être citoyenne, être citoyen, c’est vouloir des repères. Il faut aussi des lois écrites, c’est cela la civilisation. Se passionner pour la politique, c’est dessiner des priorités. On aurait pu imaginer que le sort des personnes âgées sans trop de ressources, ou celui de nos jeunes sans emploi, ou celui des 192 apprentis au chômage à Genève, ou celui des plus faibles, des plus fragiles, fussent placés au sommet de la hiérarchie de l’urgence. La décision des dix francs vient fouetter cet espoir comme bise d’hiver, glacée. Cette décision, nous ne pouvons pas l’accepter. Le régime des retraites en Suisse, révolutionnaire en 1948, plein de vigueur et de santé dans les années Tschudi, cet exceptionnel conseiller fédéral socialiste de Bâle, qui fit à lui seul trois réformes de l’AVS, est aujourd’hui à bout de souffle. A nous d’en inventer un autre. C’est une tâche prioritaire, au nom du pays.

     

     

    Pascal Décaillet