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Liberté - Page 428

  • Faites-vous des ennemis !

     
    Sur le vif - Dimanche 10.01.21 - 14.20h
     
     
    Il ne saurait exister de "liberté d'expression, mais...". Il faut la liberté d'expression, tout court.
     
    Je suis partisan, depuis toujours, de la liberté d'expression la plus large possible. La seule chose que nous ayons à respecter, c'est la loi.
     
    A part la loi ? Rien ! Tout le reste, c'est de l'autocensure. De la morale ambiante. De la poisse, dans nos surmois. Si nous y cédons, nous ne devons nous en prendre qu'à nous-mêmes : manque de courage, obédience face aux puissants et leurs cercles de courtisans, leurs copinages de carnotzets, peur des meutes. Ces dernières, immondes, se déclenchent pour un rien, alors on préfère renoncer à exprimer ce qu'on ressent en profondeur, on baste, pour éviter les vagues, et puis voilà.
     
    On a tort ! La liberté d'expression est une conquête. Elle ne se quémande pas, elle s'arrache. Le prix à payer : solitude, mise à l'écart, chasse à courre par la cohorte de ceux qui pensent juste, douleurs d'estomac, nuits sans sommeil. C'est ça, le tarif.
     
    Ne vous laissez surtout pas impressionner par les aimables correctifs de ceux qui, toute leur vie, n'ont jamais rien fait d'autre qu'arpenter les allées du pouvoir. Ceux-là, toujours, tenteront d'atténuer les antagonismes, prôner les vertus du "consensus", vous faire la leçon sur vos manières, jugées trop raides. Ils savent se tenir, ils ont appris, tout petits, ils tiennent à le rappeler. Regardez comme leurs mains sont propres, manucurées.
     
    Si vous aspirez à vous exprimer dans l'espace public, je vous encourage à tout dire. Tout ce que vous avez sur le coeur. En respectant la loi. Mais sans vous laisser intimider par la force de nuisance de la doxa ambiante. Vous vous ferez des ennemis ? Et comment ! Si vous préférez n'avoir que des amis, taisez-vous.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Haddock, Tintin : deux solitudes, une amitié sublime

     

    *** Essai sur le miracle d'une rencontre - 80 ans après, jour pour jour - Samedi 09.01.21 - 17.45h ***

     

    Première apparition, le Crabe : dans sa cabine, face à sa bouteille de whisky, un homme seul. Une épave. Il se morfond, il réclame sa drogue, il invoque sa maman, il pleure. Première rencontre avec Tintin, qui surgit de l’extérieur, par le hublot. Comme deux pierres à étincelles, le choc de deux solitudes.

     

    Celle du gamin, qui vit déjà avec un petit chien, seul, prend tout seul son petit-déjeuner, vieux garçon : derrière la façade lisse, derrière la ligne claire, quels secrets ?

     

    La solitude du vieux Capitaine, enfin un homme d’âge mûr, il a vécu, il a souffert, il trimbale ses mystères. La solitude du tout jeune homme, cœur pur, mais jeté là, dans la vie, plongé dans des aventures, où est sa famille, a-t-il des amis ?

     

    La solitude de Haddock est humaine, infiniment. Un homme qui boit, toujours, a une histoire. Il boit pour la dissimuler, ou peut-être la laisser perler, de l’intérieur, par infiltrations de mémoire. Il revit ses émotions. Il appelle sa maman.

     

    La solitude de Tintin, jeune humain plein d’énergie, inventif, clairvoyant, est glaçante. Il ne boit pas. Il ne renie ni passé, ni destin. Où en est-il, de sa vie, ? Que fabrique-t-il, si jeune, dans la seule compagnie de Milou ?

     

    La solitude de Haddock transfigure notre curiosité : qui est-il, ce Capitaine, quelles mers a-t-il fréquentées, avec son vieil ami le Capitaine Chester, quelles femmes a-t-il rencontrées, quelle est son ascendance, quelles cicatrices porte-t-il, dans l’ancestrale noblesse de son âme, derrière les jurons ?

     

    Haddock vient de quelque part, il porte en lui une Odyssée, il pourrait avoir l’âge d’Ulysse, homme mûr, lorsqu’il échoue, nu, seul rescapé du naufrage, sur les rivages du Roi Alkinoos, et que la fille de ce dernier, la troublante Nausicaa, le recueille.

     

    Tintin n’a pas d’âge. Il n’est jeune que par les traits. Il promène sa solitude. Glaçante, comme l’intérieur lunaire d’une caverne.

     

    Et, dans cette scène si décisive du Crabe, dans cette cabine au seuil de la mort, les deux solitudes se rencontrent. Chez l’un comme chez l’autre, aussitôt, quelque chose renaît. Ils sont cernés, l’infâme Allan veut leur peau. Ils sont prisonniers d’un bateau, dont leur ennemi est le maître. Jetés là, à la merci du mal. Sans un mot, sans déclaration d’amour, ni d’amitié, les deux solitudes se nouent l’une à l’autre. Le sort de l’un devient le sort de l’autre.

     

    C’est le début d’une sublime histoire, un seul roman familial fragmenté dans la diversité des albums. Jamais ces deux-là ne se trahiront. Montaigne et La Boétie, en plein vingtième siècle, sur les mers polaires et tropicales, sur la Lune, au Tibet. Qui dit mieux ? Oreste et Pylade, peut-être, premier vers d’une tragédie : « Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle… ».

     

    Ce sont les aventures de Tintin. Et ce sont les aventures de Haddock, Archibald de son prénom, bouleversant second très vite propulsé au rôle de héros paritaire. L’un est l’antithèse du premier, et pourtant quelque chose, d’infiniment secret, semble à jamais les réunir.

     

    Tintin et Haddock, deux hommes, deux destins, deux solitudes. La plus belle histoire d’amitié depuis Achille et Patrocle. Il faut reprendre l’œuvre, dans le désordre, laisser faire le hasard, puiser, laisser monter en nous la finesse inestimable, sous le chaos des aventures, de cette relation entre deux hommes. Seul un génie de la pudeur, du non-dit, pouvait la concevoir. Hergé en était un, dans les feux du vingtième siècle.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Blanc bonnet, bonnet blanc

     
    Sur le vif - Samedi 09.01.21 - 12.33h
     
     
    Pour moi, un candidat de droite qui accepte la dette, face à une candidate de gauche qui (par nature) accepte la dette, c'est blanc bonnet, bonnet blanc.
     
    Deux candidats qui se sont déjà rangés (l'un par une surprenante conversion, l'autre par orthodoxie) au défaitisme financier des deux dernières années de législature. La première, à droite, à se convertir fut l'actuelle Ministre des Finances. Le ton était donné. L'ampleur du passage dans l'autre camp, sans ambiguïté. On l'a vécu à la Mobilité, on l'a vécu aux Finances : de facto, l'actuel Conseil d'État est déjà à gauche !
     
    Cette politique de l'endettement constamment creusé n'est pas la mienne, vous le savez pour me lire depuis des années. Je ne veux pas qu'on taxe encore plus les classes moyennes, les indépendants, les petits entrepreneurs, les gens qui se lèvent le matin pour aller bosser.
     
    Je n'attends rien de la gauche. Et je constate le passage de la droite libérale (dont je n'ai jamais rien attendu, sauf justement en matière de rigueur financière) dans l'autre camp.
     
    Blanc bonnet, bonnet blanc. Dans les deux cas, davantage d'impôts pour les classes moyennes. Je voterai donc pour Jacques Duclos, le 7 mars.
     
     
    Pascal Décaillet