Sur le vif - Dimanche 10.01.21 - 14.20h
Il ne saurait exister de "liberté d'expression, mais...". Il faut la liberté d'expression, tout court.
Je suis partisan, depuis toujours, de la liberté d'expression la plus large possible. La seule chose que nous ayons à respecter, c'est la loi.
A part la loi ? Rien ! Tout le reste, c'est de l'autocensure. De la morale ambiante. De la poisse, dans nos surmois. Si nous y cédons, nous ne devons nous en prendre qu'à nous-mêmes : manque de courage, obédience face aux puissants et leurs cercles de courtisans, leurs copinages de carnotzets, peur des meutes. Ces dernières, immondes, se déclenchent pour un rien, alors on préfère renoncer à exprimer ce qu'on ressent en profondeur, on baste, pour éviter les vagues, et puis voilà.
On a tort ! La liberté d'expression est une conquête. Elle ne se quémande pas, elle s'arrache. Le prix à payer : solitude, mise à l'écart, chasse à courre par la cohorte de ceux qui pensent juste, douleurs d'estomac, nuits sans sommeil. C'est ça, le tarif.
Ne vous laissez surtout pas impressionner par les aimables correctifs de ceux qui, toute leur vie, n'ont jamais rien fait d'autre qu'arpenter les allées du pouvoir. Ceux-là, toujours, tenteront d'atténuer les antagonismes, prôner les vertus du "consensus", vous faire la leçon sur vos manières, jugées trop raides. Ils savent se tenir, ils ont appris, tout petits, ils tiennent à le rappeler. Regardez comme leurs mains sont propres, manucurées.
Si vous aspirez à vous exprimer dans l'espace public, je vous encourage à tout dire. Tout ce que vous avez sur le coeur. En respectant la loi. Mais sans vous laisser intimider par la force de nuisance de la doxa ambiante. Vous vous ferez des ennemis ? Et comment ! Si vous préférez n'avoir que des amis, taisez-vous.
Pascal Décaillet