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Liberté - Page 318

  • Mon amoureux

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 23.02.22

     

    Non seulement la gauche a déserté le peuple, mais le peuple ne veut plus de la gauche. Au fond, comme dans la sublime chanson de Brassens, la gauche et le peuple ne sont plus d’accord que sur un point : la rupture. Il se sont connus, jadis, du temps de Zola et de la Révolution industrielle, du temps de Jaurès, ils se sont tant aimés, mais aujourd’hui c’est du passé. Le temps des passions est révolu.

    Le plus fou, c’est que la gauche, dans son discours, donne l’impression d’y croire encore. Elle prétend parler au nom des classes populaires ! Les connaît-elle, seulement ? Se rend-elle compte, un peu au moins, de l’émigration de ces dernières vers d’autre rivages ? Tente-t-elle, un minimum, de saisir les causes de ce grand transfert ? Ou croit-elle sincèrement que l’ouvrier suisse, le chômeur suisse, le travailleur pauvre suisse, le retraité précaire suisse, votent encore pour elle ?

    En réalité, tant d’âmes de gauche vivent dans le déni. Elles veulent croire, encore un peu, à la grande mythologie de la fraternité industrielle, à la fusion des cœurs, à l’ardeur des adhésions. « Encore un peu », comme dans une autre chanson de légende, celle de Piaf : « Mon amoureux ».

    La gauche est une chanteuse perdue, sur le bord de la scène. Aveuglée par les spots, elle se dit que le public est encore là, à l’ovationner. Comme Piaf, toujours elle, la gauche ne regrette rien. Elle n’a commis nulle erreur. Le peuple est parti, mais c’est lui qui a eu tort. Il ne l’a pas comprise. Salaud de peuple.

     

    Pascal Décaillet

  • Le peuple ? La gauche l'a abandonné !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 23.02.22

     

    Il fut un temps, fort lointain, où la gauche défendait le peuple. Âgé de seize ans, je suis allé voir Georges Marchais dans un grand meeting à Genève, fin 1974, pour les trente ans du Parti du Travail. La foule qui l’acclamait était considérable, et on sentait bien que c’était celle des travailleurs. Il y avait encore des usines, un prolétariat, être communiste avait un sens très précis, en Suisse, en France, en Italie : vouloir la justice sociale. Alors oui, Georges Marchais en France, Jean Vincent ou Armand Magnin en Suisse, Enrico Berlinguer en Italie, ces chefs communistes parlaient au peuple. Ils en avaient la fougue, le talent. Quand je repense à cette époque, dix-huit mois avant ma Maturité, j’ai l’impression que c’était la Préhistoire. Je peine à croire, même, que j’aie pu vivre cela, tellement c’est lointain. Oui, c’était le temps d’avant. Avant l’abandon du peuple par la plus grande partie de la gauche.

     

    A seize ans, je n’étais vraiment pas homme à fréquenter les meetings. Je vivais de lectures, de musique, de poésie. Pourtant, Marchais, malgré son discours-fleuve, après une « introduction » déjà elle-même interminable par le chef du Parti du Travail, Jean Vincent, grand orateur, m’avait impressionné. Pour la première fois de ma vie, à la fin du meeting, j’ai été pris dans le maelström de l’Internationale, que j’ai toujours trouvée musicalement magnifique, sans être particulièrement communiste. De cette foule surgissait quelque chose de puissant. C’était il y a mille ans.

     

    Mais aujourd’hui ? De tout cela, il ne reste rien. Le Mur de Berlin s’est effondré, la DDR de mon adolescence a été avalée par le capitalisme, son Histoire reste à écrire, et elle sera loin d’être uniquement négative. Depuis trois décennies, nos partis de gauche, à part les communistes (regardez l’excellent Roussel, en France), ont doucement abandonné la défense des classes populaires. Oh pas dans les paroles, mais dans les actes ! Les socialistes ont pris goût aux œufs de l’esturgeon. Les Verts, eux, d’une toute autre tradition, ne sont pas issus de la lutte des classes. Depuis la chute du Mur, la doxa imposée par le néo-libéralisme a tenté de faire croire au monde que le capitalisme était inéluctable, qu’il était le Bien. Et qu’au fond, la seule querelle entre droite et gauche serait de déplacer le curseur sur l’acceptation du libre-marché.

     

    Au fond, la gauche gouvernementale s’est mise à ressembler à la droite. Au point qu’aujourd’hui, les classes populaires ne votent plus pour elle. Elles votent pour qui ? Allons, vous le savez très bien : elles votent pour la droite nationale, souverainiste, protectionniste. Elles votent pour la frontière. Et il n’est pas sûr qu’elles soient si enchantées que cela par les flux migratoires. Les élites de la gauche, en Suisse comme ailleurs, ont perdu le contact avec le peuple. Elles s’inscriront en faux contre cette affirmation, jureront le contraire, mais qui les croit encore ? Les colères populaires, aujourd’hui, sont ailleurs. Elles ont émigré. Vers d’autres rivages. A l’intérieur même de nos pays.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Lamentables médias suisses!

     
    Sur le vif - Mardi 22.02.22 - 07.42h
     
     
    Catastrophiques médias suisses, embarqués dans l’idéologie américaine, incapables de discernement historique sur la longueur, dans l’affaire Russie-Ukraine !
     
    Aussi pitoyablement atlantistes qu’en 1991, dans l’affaire du Koweït, que pendant toutes les années 1990, dans les guerres balkaniques (auxquelles ils n’ont rien compris), qu’en avril 2003, lors de l’expédition américaine en Irak.
     
    Tout, dans le discours de la presse suisse, est formaté américain. Les mots (« séparatistes russes »). Le manichéisme. La diabolisation de la Russie, et de son Président. La sanctification du régime pro-Occident, en Ukraine.
     
    Exactement comme dans l’affaire balkanique, il y a trente ans, on désigne un coupable (les Serbes, les Russes), qui comme par hasard est l’adversaire de l’impérialisme américain. On justifie une Croisade au nom de la morale. En Suisse, on s’apprête, comme au printemps 2003, à jeter aux orties la neutralité et à se comporter en laquais de Washington.
     
    Toujours le même scénario. Toujours la même cécité de nos médias. Toujours cette génération de journalistes, même formation, type HEI, langue anglaise adulée, matrices de pensée américaines, prisonnière de la morale.
     
    Ce petit monde-là n’est plus qualifié pour nous inonder de leçons. Non seulement il était légitime, il y a neuf jours, de lui refuser la moindre assistance du contribuable. Mais il convient maintenant de le culbuter. Et de passer à autre chose. La Révolution sera culturelle, ou ne sera pas.
     
     
    Pascal Décaillet