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Liberté - Page 319

  • Noires colères

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.12.21

     

    Soyons clairs : si le gouvernement genevois est, depuis ce printemps, à majorité de gauche, ça n’est pas l’effet d’un souffle puissant venu du peuple, mais d’un enchaînement de circonstances, de jeux de personnes, survenus en cours de législature, et qu’on appellera, pour faire court, l’Affaire Maudet.

    Ne refaisons pas cette Affaire, surtout pas, pitié ! Mme Fischer est assurément légitime, puisqu’elle a été élue par le peuple, aucun problème avec cela. C’est elle que le corps électoral a voulue. Mais pas nécessairement, sur le fond, une majorité gouvernementale de gauche. Cette dernière est là, jusqu’au printemps 2023, dont acte. Mais elle serait fort avisée de ne pas s’imaginer portée par une quelconque lame de fond. Le parlement est très nettement à droite, dans sa majorité. Et le peuple du Canton, aussi.

    Jusqu’aux prochaines élections générales, d’où sortiront, espérons-le, des majorités claires, le Conseil d’Etat ferait bien de montrer un minimum de sens de la composition. Avec ses 364 nouveaux postes dans le budget 2022, il ne l’a pas fait ! Avec ses 6 milliards, délirants, au titre de la « transition écologique » (mantra Vert qui cache un vide sidéral), il ne l’a pas fait. Avec l’entêtement du DIP sur le catéchisme de « l’école inclusive » et la démesure des états-majors, il ne l’a pas fait. Le gouvernement doit maintenant respecter les contribuables, les classes moyennes, et cesser de les pomper toujours plus. Sinon, de noires colères sont à craindre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Refus du budget : à juste titre !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.12.21

     

    Le refus du budget, par un parlement, n’est pas un acte anodin. Il n’est pas à lire en termes comptables, ni chiffrés, mais avec les outils de l’analyse politique. Le budget, pour l’année à suivre, c’est l’acte majeur de l’Etat. Avec l’argent public – notre argent – l’exécutif définit les enveloppes financières dont il estime avoir besoin pour accomplir sa tâche. Les ministres commencent par s’expliquer entre eux, se mettent d’accord, au moins pour l’officialité, puis arrivent en début d’automne avec un projet de budget. Ce document est examiné par la Commission des finances du Grand Conseil, puis en décembre, en plénum. Profs d’Histoire, ou d’éducation citoyenne, s’il vous plaît, enseignez cela à vos élèves : futurs contribuables, ils ont le droit de savoir ce qu’on fait de leur argent.

     

    Cette année, le parlement a refusé, très sèchement (59 voix contre 40, droite et MCG contre gauche), le budget 2022 du gouvernement. Le Canton devra fonctionner avec le système des douzièmes provisoires : on reprend le budget précédent, ça n’est pas la fin du monde, mais c’est inconfortable. Il l’a refusé, et il a eu raison ! Le gouvernement de gauche, en place depuis ce printemps (suite à l’élection de Fabienne Fischer, succédant à Pierre Maudet), est arrivé en septembre avec un projet délirant, vorace jusqu’à la gloutonnerie, exigeant la création de 364 nouveaux postes, et surtout excluant toute remise en question du train de vie de l’Etat. Un vrai budget de gauche, caricatural, méprisant pour l’argent des contribuables, alors que Genève détient le record suisse de la pression fiscale sur ses habitants, à commencer par les classes moyennes : ceux qui se lèvent le matin pour aller bosser, triment toute l’année, sont beaucoup trop ponctionnés sur le fruit de leur travail, ne peuvent pas mettre un sou de côté, finiront avec des retraites malingres.

     

    A la vérité, notre gauche gouvernementale ne se soucie pas des classes moyennes. Ni des 62% de contribuables qui paient vraiment des impôts, le nombre des exonérés étant tout simplement hallucinant, et posant un vrai problème d’égalité face à la loi républicaine. Non, notre quatuor de gauche n’a comme objectif que de conserver, voire d’augmenter les milliards donnés par le contribuable à l’Etat. Nous avons à Genève une dette record (près de 13 milliards, en fait pas loin de 20 si on compte la Caisse de pension des fonctionnaires). Nous avons, en comparaison intercantonale, le record de dépenses publiques par habitant. Nous avons des Départements (comme le DIP) où la part des états-majors est beaucoup trop grande. Mais non ! La gauche gouvernementale, et les groupes parlementaires qui la soutiennent, montrent une incapacité coupable à la moindre remise en question du fonctionnement de l’Etat le plus tentaculaire de Suisse. A cette folie dépensière, à cette gloutonnerie, la droite et le MCG ont eu mille fois raison de dire non. Non à la mauvaise gestion. Non à l’idéologie dépensière. Non à l’incompétence. L’argent de l’Etat n’est pas celui du gouvernement, ni celui de l’administration. C’est notre argent. Et la colère, parfaitement justifiée, est notre colère.

     

    Pascal Décaillet

  • Les vitrines de Cologne, juste après la guerre

     
    Sur le vif - Jeudi 09.12.21 -10.15h
     
    Je préfère mille fois les votations aux élections. Parce qu'on y parle des thèmes, et non des personnes. Notre magnifique démocratie suisse, où le suffrage universel a le dernier mot, permet de brasser, toute l'année, des sujets communaux, cantonaux ou fédéraux sur lesquels, quatre dimanches par an, les citoyennes et citoyens se prononcent. Nous parlons des thèmes, nous faisons la politique, nous tous. Nous aimons notre pays, nous sommes les acteurs de son destin. En vérité je vous le dis : en matière de démocratie, nous avons des années-lumière d'avance sur nos voisins, à commencer par la France.
     
    La France ! Ce pays que j'aime tant, dont je parcours l'Histoire avec passion depuis l'enfance (comme celles de l'Allemagne, de la Suisse, des Balkans, du Proche-Orient, de l'Afrique du Nord). Ce pays dont la littérature, et d'ailleurs aussi la musique, me captivent. Ce pays ami n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut. En juin 1940, il a tout perdu, on sous-estime totalement cette défaite, la plus grande de son Histoire, absolument pas rachetée (méfiez-vous de la geste gaullienne) par la participation de façade de la France à la victoire de 1945. Oui, de Gaulle, génie du verbe, a brandi le cadavre comme on avait, au soir de la bataille, exhibé celui du Cid. Oui, par deux fois, en 44-46, puis en 58-69, il a raconté l'Histoire de la résurrection. Par deux fois, c'était un leurre. Et ça n'est pas, je pense, un anti-gaulliste primaire qui signe le présent billet.
     
    La France est dans un état moral hallucinant. Le cirque médiatique des chaînes en continu passe son temps à nous distraire avec le casino boursier des candidats à la Présidence. Sur ces chaînes, on bavarde. On s'étripe. On s'agrippe. On s'interrompt. De la vie quotidienne des Français, pouvoir d'achat, misère des retraites, chômage des jeunes, on ne parle jamais. On vient juste pour le spectacle. On fait briller les feux de vitrines luxuriantes, mais derrière, le magasin est vide. Comme dans Cologne, visitée un soir par mes parents juste après la guerre. Le lendemain, ils sont montés sur le dôme, ils ont découvert à leurs pieds la ville en cendres. Les vitrines, c'était juste pour maintenir le moral de la population.
     
    Nous les Suisses, restons concrets. Soyons démocrates, plus que jamais. Renforçons la démocratie directe. Lançons des initiatives. Nous les citoyennes et les citoyens, faisons la politique. Aimons notre pays. Parlons des idées, des projets. Pas des personnes.
     
     
    Pascal Décaillet