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Liberté - Page 253

  • Coupable par essence

     

    Commentaire publié dans GHI - 23.03.22

     

    Quand vous arrivez en voiture place du Cirque, direction Pont de la Coulouvrenière, vous tombez sur un feu qui ne reste vert que quelques secondes. Seuls cinq ou six véhicules passent, les autres attendent. Vous restez là, plantés. Vous avez tout loisir d’admirer le paysage. Un exemple, parmi tant d’autres. Chacun de vous pourra donner le sien. Chacun a en tête la cartographie des bouchons genevois, ceux qu’on pourrait parfaitement éviter, mais qu’on ne touche pas, pour bien laisser l’automobiliste, ce coupable par essence, mariner dans le jus de sa colère.

    Cette politique ne doit rien au hasard. Elle relève d’un choix idéologique bien précis : rendre la vie impossible aux conducteurs de véhicules motorisés, les inciter à laisser leurs voitures au garage, et à entrer dans le paradis des transports publics.

    Cette politique porte un nom : celui de Serge Dal Busco. A la ville, le meilleur des hommes, je le dis sans ironie. Un magistrat soucieux du bien public. Mais hélas, un ministre qui a, de façon totalement incompréhensible, troqué la politique de son camp naturel, en matière de mobilité, contre celle de ses adversaires. Ce transfert (voyez, je reste poli), unique dans l’Histoire de Genève, demeure l’un des mystères de la législature. L’homme serait-il allé à Damas ? Serait-il tombé de cheval ? Aurait-il été frappé par une révélation ?

    La loi sur la mobilité dite « cohérente et équilibrée » brille par deux aspects singuliers : son incohérence, son déséquilibre. Ainsi va le monde : parfois, il nous déroute.

     

    Pascal Décaillet

  • Fiche technique

     
    Sur le vif - Jeudi 24.03.22 - 11.57h
     
     
    OTAN : organisation visant à placer l’Europe centrale et orientale sous contrôle américain. Contrôle stratégique, mais aussi économique et financier. A tapissé de bombes, nuit et jour, il y a 23 ans, un pays souverain du continent européen : la Serbie. En a profité pour établir ses têtes de pont, militaires et économiques, dans les Balkans, vieux rêve d'un autre Anglo-Saxon : Winston Churchill, l'homme qui s'était couvert de succès aux Dardanelles, en 1915. L'homme qui a rasé Hambourg en juillet 43, et Dresde en février 45.
     
    Signe particulier : se pare de l’étendard du Bien. Jouit de prestige auprès des naïfs, des incultes, des manichéens, de ceux qui n'ont jamais ouvert un livre d'Histoire, et des moralistes à la petite semaine.
     
    Bénéficie d'un excellent service de propagande, visant à toujours placer ses actions militaires sous le signe de la protection des peuples, de la promotion du "monde libre", de la "liberté". Fait passer les Etats-Unis d'Amérique pour une nation de paix, soucieuse de la seule concorde entre les peuples. Entretient et encourage les trous de mémoire sur les huit années de bombardements du Tiers-Monde, loin des caméras et des médias, sous Barack Obama.
     
    Peut compter sur le soutien sans faille des atlantistes, des amateurs de westerns, des motards de la Route 66, des amis d'Elvis, des centristes belges, du Syndicat des Parrains de la Democrazia Cristiana italienne, du Président sortant de la République française, des orléanistes, des Ligues anti-communistes, des nostalgiques du maccarthysme, des boursicoteurs mondialisés, des maquettistes de B-52 à l'échelle 1/100%, de la Société polonaise de Country.
     
    Et aussi, d'un manifestant de la Place fédérale, nommé Ignazio Cassis.
     
     
    Pascal Décaillet

     
  • Eric le sprinter, Marine la marathonienne

     
    Sur le vif - Mercredi 23.03.22 - 15.42h
     
     
    Si le deuxième tour de la présidentielle française oppose Marine Le Pen à Emmanuel Macron (une hypothèse, parmi d'autres), alors les Français auront, beaucoup mieux qu'il y a cinq ans, le vrai débat autour des sujets de fond qui touchent la Présidence de la République : les Affaires étrangères, la Défense nationale, l'indépendance, la souveraineté, la cohésion du pays, la réforme des institutions pour associer le peuple aux décisions.
     
    Le rôle du Président, c'est cela. 90% des débats, sur les chaînes privées françaises, sont totalement hors-sujet : les Français se choisissent un chef d'Etat, pas un chef de gouvernement, encore moins un ministre des Finances, de l’Économie ou de la Santé. Ni Charles de Gaulle, ni François Mitterrand ne s'occupaient des détails. Ils avaient la vision d'ensemble.
     
    Le débat sur l'appartenance de la France à l'Otan doit avoir lieu. Tout comme celui sur son rapport à l'Union européenne. Sur ces deux points, la vision d'Emmanuel Macron et celle de Marine Le Pen (ou d'ailleurs Zemmour, Mélenchon) sont radicalement différentes. Près de 40% des Français soutiennent le retour à une souveraineté nationale, dégagée de la toile multilatérale, des pouvoirs bureaucratiques de Bruxelles, et plus encore de l'atlantisme stratégique, entendez l'obédience aux Etats-Unis. En bref, près de 40% des Français soutiennent des options fondamentalement gaulliennes, souverainistes, non-alignées.
     
    Pour le moins, ce débat-là doit avoir lieu. S'il est escamoté, tout comme si on passe sous silence la réforme des institutions, et le besoin pressant du peuple (on l'a vu avec les Gilets jaunes) d'avoir institutionnellement voix au chapitre, alors tout cela, au cours des cinq prochaines années, resurgira. Dans la colère. Et dans la rue.
     
    Si Marine Le Pen affronte le Président sortant au second tour, c'est sans doute Emmanuel Macron qui l'emportera. Mais le résultat de sa rivale sera incomparablement plus massif qu'il y a cinq ans, ce qui pourrait donner à l'opposition nationale, sociale et souverainiste une cheffe, une unité, une autorité qui prendraient date pour d'ultérieures échéances.
     
    Eric est un sprinter, attiré par la lumière des caméras. Marine est une marathonienne. Elle prend le temps. Elle sillonne la France depuis des années. Elle laboure. Elle attend. Un jour, elle récoltera.
     
     
    Pascal Décaillet