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Liberté - Page 1563

  • La chasse aux sorcières, ça suffit.



    Edito Lausanne FM – Mardi 05.02.08 – 07.50h


    Dimanche soir, à Neuchâtel, un prêtre catholique a mis fin à ses jours. Il avait été impliqué, il y a près de 25 ans, dans une affaire avec un adolescent mineur. Il y avait eu dénonciation, beaucoup plus tard, puis non-lieu pour cause de prescription. Ainsi avait parlé la loi. Depuis, il officiait dans une paroisse, sans contact avec des adolescents.

    Un prêtre qui se suicide pour cause de pression médiatique. Cette pression, j’en ai dit un mot vendredi matin, sur cette antenne, juste avant la conférence de presse de Mgr Genoud, j’y reviens ce matin.

    Les affaires de pédophilie, dans l’Eglise catholique comme ailleurs, sont abominables. Il ne s’agit en aucun cas de les nier. Et la première préoccupation doit en être les victimes. Cela posé, la chasse aux sorcières, ça suffit. La meute, ça suffit. Les redresseurs de torts, ça suffit. L’inélégance de certains pasteurs, défilant dans des studios radio et profitant de l’aubaine pour raviver, face à l’Eglise catholique, des questions qui n’ont rien à voir, ça suffit.

    La presse de Suisse romande, dans cette affaire, a parfois pris des positions qui confinent au délire. J’ai lu un édito, d’une plume avertie et talentueuse, appelant noir sur blanc à l’enfer. J’ai entendu des intervieweurs, d’ordinaire bien conciliants dans leur tonalité, se parer d’un ton glacial lorsqu’ils avaient face à eux Mgr Genoud. Il y a eu crescendo dans le ton de procureur. L’effet Fouquier-Tinville, vieille tentation du métier, a joué.

    Dimanche soir, à Neuchâtel, un prêtre catholique s’est donné la mort. Faudra-t-il d’autres drames pour que se calme un peu la rage mimétisée, moutonnière, tellement facile au fond, et tellement confortable, des justiciers à deux sous ?


  • L'aubaine anti-cathos



    Édito Lausanne FM – Vendredi 01.02.08 – 07.50h



    Il n’est pas question, ici, de nier une seule seconde la gravité des actes commis, en matière de pédophilie, par des membres du Clergé du l’Eglise catholique. Il y a eu atteinte à l’innocence des enfants, cela relève de la loi, celle de la République bien sûr, toute notion de « droit canon » étant, en l’espèce, aussi dépassée que déplacée.

    Mgr Genoud, dans un instant, va s’exprimer. Nous verrons bien ce qu’il dira. Il est sûr, en tout cas, qu’il parle un peu tard, et que la communication, dans cette affaire, a été gérée d’une manière pour le moins approximative. Quelles que soient les qualités de Nicolas Betticher, c’est, depuis longtemps, la voix de l’évêque qu’on attendait.

    Mais il y a autre chose, dont il faudra bien parler : cette tempête d’éditos, de condamnations, revanchardes, à l’emporte-pièce, à la faveur de ces affaires, contre le monde catholique. Ainsi, il y a quelques jours, dans l’émission « Le Grand Huit » à la RSR, le pasteur vaudois Antoine Reymond a lié le thème de la pédophilie à celui du célibat des prêtres. Association pour le moins hasardeuse, même certains de ses collègues pasteurs l’ont reconnu.

    Plus récemment, il y a quelques minutes, je viens d’entendre un commentaire radio, d’un éminent confrère protestant, liant ces abominables affaires de mœurs à la structure hiérarchisée de l’Eglise catholique romaine. Là aussi, on ne peut pas s’ôter de l’idée que certains réformés saisissent la situation – en effet bien inconfortable pour les catholiques – pour faire resurgir les vieilles, les éternelles querelles.

    Ces querelles ont lieu d’être. Il est absolument normal de les poser. Mais, de grâce, par temps de paix. Dans un dialogue interreligieux où puissent régner, sereinement, l’estime et le respect mutuels. Profiter de les déterrer au moment où le diocèse de Genève, Lausanne et Fribourg affronte une crise majeure, ne m’apparaît pas comme la plus élégante des formules.

  • La grève, un jeu dangereux



    Édito Lausanne FM – Jeudi 31.01.08 – 07.50h



    En Suisse, la grève ne fait pas partie de notre culture politique. Elle n’en fait pas partie depuis plus de sept décennies. Il y a eu, certes, des grèves, il y en a, il y en aura, mais ce mode d’action demeure – et doit demeurer – l’ultima ratio, le dernier recours lorsque toutes les négociations ont été épuisées.

    Le contraire du système suisse, c’est la France. Où l’on fait la grève pour un rien. Où on la fait même, parfois, avant de commencer à discuter. C’est un lourd héritage, pesant, encombrant, de la lutte des classes, avec un patronat souvent obtus, et surtout de méga-centrales syndicales disproportionnées, des empires, des pieuvres, testant leur pouvoir au niveau national, prenant toutes leurs décisions à Paris.

    Et puis surtout, s’il est un genre de grève risqué, c’est bien celle des fonctionnaires. Et, parmi les fonctionnaires, encore plus, celle des enseignants. Quelle que soit la justesse intrinsèque de leurs revendications, ils seront toujours perçus, par les employés du privé, par les petits indépendants, comme ceux qui ont de longues vacances, et dont l’emploi est garanti.

    Se mettre en grève, descendre dans la rue, quand on est enseignant, est un jeu dangereux. S’imaginer qu’on va conquérir la sympathie du public est un leurre. Croire encore, en 2008, que l’acte même de la grève demeure auréolé de dimension héroïque ou révolutionnaire, c’est avoir mal saisi l’évolution des mentalités. Et, en Suisse, parmi d’autres indices, le résultat des élections fédérales du 21 octobre dernier. Où on ne peut pas franchement dire que la gauche idéologique, dans les urnes, ait brillé de mille feux.