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Liberté - Page 1562

  • Pharmaciens socialistes, votre avis nous intéresse !

     

     Édito Lausanne FM – Jeudi 22.05.08 – 07.50h



    J’ai déjà dit et souligné les mille bonnes raisons qu’il y avait à combattre l’initiative de l’UDC sur les naturalisations. Non sur le texte lui-même, qui se contente de replacer la commune au centre de gravité de la décision, mais sur ce qui pourrait, in fine, se produire, en cas de oui : des citoyens octroyant à la tête du client, voire à la consonance du nom, la nationalité suisse. Le débat est dans l’arène, le peuple tranchera dans dix jours.

    Et elle semble – soyons prudents – avoir basculé, l’opinion publique, à en croire le dernier sondage GFS-SSR, publié hier soir. Il y aurait une majorité de non. Déterminantes seront, le 1er juin, la majorité des cantons, et surtout la carte électorale des Ja et des Nein, la Suisse alémanique étant appelée à être un théâtre décisif de la votation.

    Un mot sur la propagande : vous avez remarqué ? Pas un jour sans qu’un Grand Conseil de Suisse romande, ou un Conseil d’Etat, ou le gouvernement d’une Ville (Genève détenant la palme d’or de l’exercice) ne vienne, en grand défenseur des droits fondamentaux, appuyer le camp du non. Dernière en date de ces interventions, celle des « Conseillers d’Etat radicaux et libéraux de Suisse romande » ! Annonce payante (par le contribuable ?), en page 8 du Temps de ce matin.

    Diable ! Voilà bien une instance capitale, fondamentale, vous y auriez pensé, vous ? Il y avait déjà les professeurs de droit, à peu près toujours la même liste de signatures, à prétention urbaine, éclairée et moralisante, de scrutin en scrutin, voilà maintenant la modeste relique (Dieu, ce qui frappe, c’est qu’ils sont si peu, désormais !) de grands vieux partis gouvernementaux.

    Demain, peut-être, les pharmaciens socialistes ? Les notaires genevois d’origine jurassienne ? Les partisans de Tornay passés dans le camp de Darbellay ? Les bisexuels protestants ?

    Oh, certes, chacun, ici-bas, a bien le droit de s’exprimer, nous sommes libres de nous associer, de nous assembler, de nous réunir dans des cabines téléphoniques, de nous y embrasser jusqu’aux pâles heures de la nuit. Libres, aussi, d’assumer ce zeste de dérisoire qui rend la vie, décidément, si surprenante et si belle.

  • Moritz et la pâleur de l’éternité



    Edito Lausanne FM – Mercredi 21.05.08 – 07.50h



    Revoilà donc, en direct de la voie lactée, notre Pierrot lunaire. L’homme qui ne gouverne pas, ne décide pas, mais, tel la Pythie de Delphes, se contente de donner des signes. Il s’appelle Moritz Leuenberger, il est là depuis treize ans : de loin le plus ancien de nos conseillers fédéraux. Déjà, l’éternité le guette.

    L’homme des signes. Que, d’ordinaire, nul mortel ne saisit. Ni ses adversaires, ni surtout ce qu’il est convenu d’appeler ses amis politiques, mais ces deux mots sont un oxymore. Ses « amis », les socialistes, à chacune de ses déclarations, s’arrachent ce qu’il leur reste de cheveux, littéralement horripilés, au bord de la crise de nerfs, Almodovar.

    Lui, au-delà des nuées, plane. Le week-end dernier, il « lance l’idée » de privatiser partiellement les CFF. Tabou, tollé, ramdam, patatras. No problem : cette idée, aussitôt, il la retire. C’est vrai quoi, on ne va tout de même pas se battre pour des idées, c’est d’un autre temps, un temps d’avant l’art contemporain et les cuillers de caviar dans les galeries zurichoises, calmez-vous camarades, c’était juste un ballon d’essai.

    Plus céleste, encore : lundi, il lance l’idée de détruire les voitures des chauffards. C’est un peu méchant pour les voitures, qu’il avait si poliment saluées lors d’un Salon de l’Auto, mais enfin pourquoi pas. Il la lance, mais aussitôt ajoute : « Peut-être, c’est juste une idée, je ne sais pas ».

    C’est cela, peut-être, son problème : juste des idées. Qu’il sème, à tous les vents, c’est Larousse et c’est le discobole. C’est Moritz Leuenberger. Que guette l’éternité. Pâle et lunaire, comme un bon mot. Dans une galerie, à Zurich.

  • Zappelli, l'Ange exterminateur

    Un Procureur général, dans la nef d’une Cathédrale, « instruisant » ouvertement ses ordres à une cheffe de la police vêtue d’une écharpe de maire, de beaucoup de probité candide, d’un éphèbe duvet d’écarlate sur les joues. Voilà, hier soir, qui ne relevait pas de la République de Genève, mais de l’un des plus grands films de Bunuel, l’Ange exterminateur.

    Rarement, dans le même site, tant de confusion des pouvoirs. Daniel Zappelli, ivre de son triomphe face à l’aérien Paychère, s’adressant avec une jupitérienne immédiateté à une haut fonctionnaire ne dépendant absolument pas de lui, mais du conseiller d’Etat Moutinot, au demeurant présent, mais Belle au Bois dormant, innocence, pesanteur des paupières, torpeur, tristesse de la chair, face à la tonitruance de l’homme en chaire.

    C’était tout cela, c’était Saint-Pierre, clefs du Paradis, de la toute puissance. Débordement des compétences, obédience de l’assistance, conformisme de pouvoir, noce chez les petits-bourgeois, orthonormés comme des pingouins, nord-sud, dans les travées.

    C’était une cérémonie ordinaire, retransmise, hertzienne, mariage d’Elisabeth, couronnement de Napoléon. Ne manquait que Madame Mère. Et son énigmatique sourire. Au pays de Calvin, de François Paychère, de Michel Simon, et de la longeole. Sont-ils au moins, la cérémonie finie, sortis de la Cathédrale ? Cela, seul l’Ange exterminateur le sait. Et, peut-être, quelques gisants. Souriants et rassasiés.