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Liberté - Page 1451

  • Gérard Deshusses et le pays de Canaan

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    Sur le vif - Vendredi 11.06.10 - 19.09h

     

    C’est un petit homme au regard vif, en politique depuis longtemps, prof de français ayant laissé d’excellents souvenirs à ses anciens élèves. Et là, que brigue-t-il ? La place de Dieu ! Il n’a pas froid aux yeux, Gérard Deshusses, lui qui n’a qu’un seul défaut.

     

    Car dans moins d’un an, Dieu s’en va. « Fatigué de porter ses misères hautaines », guidé par son destin (et, accessoirement, mais ne le dites pas trop fort, par cette saloperie de tournus qui vous oblige, putain de merde, à casser l’Eternité après douze ans seulement, alors que le regretté Louis XIV a régné 72 ans), Manuel Tornare (que mille vierges le bénissent) tournera l’immaculée splendeur de ses talons vers d’autres horizons. Et Deshusses, qui guettait, aimerait bien le remplacer, lui le Doux, à côté de l’Amère. Deshusses, oui, qui n’a qu’un seul défaut.

     

    Car il est cultivé, charmant, travailleur, respecte l’aigu lorsqu’il dit « débat », n’use de l’épicène que pour faire carrière, sait que le fond de l’homme est noir et violent, que la colère est sainte, le meurtre sublime. Et son esprit va vite. Tant de qualités, fourmillantes, primesautières, pour un seul défaut.

     

    Sur sa route pour l’investiture aux côtés de la Régente, il trouvera un bon docteur Moustache endormeur de méfiances, un sympathique prof de théâtre, et sans doute le pays de Canaan, laissé en déshérence par Dieu, au moment de son départ. En vérité je vous le dis, frères lecteurs, il est digne de les combattre. Lui le preux, le fulgurant. Lui, cultivé, lettré, qui n’a qu’un seul défaut. Le même que Dieu d’ailleurs : mais pourquoi donc est-il socialiste ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

  • Sur les murs, l’Enfer

     

    « Post Tenebras Egalité ». C’est le slogan – puissamment pensé – de la Ville de Genève. A découvrir, dans les jours qui viennent, sur 200 affiches.

     

    Il y a des gens qui sont payés, à la Ville, pour trouver ça ? Et tiens, puisqu’on parle monnaie, ça va chercher dans les combien, cette honorable plaisanterie, pour les contribuables ?

     

    Jean-Pierre Jobin, le Méphisto du slogan qui gifle et qui percute, est-il dans le coup ? Rouget de l’Isle, les Soldats de l’An II ont-ils été consultés ?

     

    On a comparé avec le triptyque du Maréchal ? On a offert une francisque au lauréat du concours d’idées ?

     

    On a pensé aux âmes sensibles ? Elles s’imaginaient qu’après les ténèbres, faute de lumière, il pût au moins y avoir le néant. Une forme de repos éternel, limbé, dans la ouate de l’éternité.

     

    L’Enfer, ce sont trois mots qui ne se supportent pas.

     

    L’Enfer, ce sont les mots des autres, lorsqu’ils veulent imposer un langage, le mouler sur une idéologie.

     

    Au-delà des derniers fleuves, plus loin que l’Enfer, il y a le militantisme féministe drapé dans l’officialité.

     

    Amitiés épicènes.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Âmes soeurs

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    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 10.06.10

     

    Je me suis retrouvé hier matin, sur le coup de 07.30h, face à un fou transgénique qui m’a lancé : « Je suis une maîtresse enfantine ». Je me suis d’abord dit qu’il se gaussait, me cherchait, j’ai guetté un pré où l’affaire aurait pu se régler. Je l’ai contemplé : c’était bien un homme, pourtant, nous n’étions ni chez Michou ni à Hambourg, quartier du port. J’ai pris peur.

     

    Et l’homme a confirmé : « Je suis maîtresse enfantine ». J’ai rougi, j’ai pâli, j’ai frémi à ses yeux, genres, grammaires, kabbales se sont mélangés dans mon esprit embué, d’étranges pensées salerniennes m’ont envahi, maires, mairesses, j’ai cherché le masculin de l’amertume, j’ai pensé aux points cardinaux, aux boussoles du côté du Pôle Nord.

     

    Il faut dire que j’avais là, face à moi, le meilleur des hommes. Il y avait, à côté de lui, toute l’animalité taurine d’Olivier Baud, comme une mise à terre, pour me rassurer. Je me suis dit que, si cet homme-là était une maîtresse, que serais-je, moi-même ? Une ombre ? Une lueur ? Une inconnue dans l’équation ? Une disparition ?

     

    J’ai pensé aux genres et à leurs mélanges, aux confluences, aux eaux du Rhône et celles de l’Arve, aux semi-créatures de Platon, dans le Banquet. J’ai pensé, aussi, à la géométrie. La définition de la droite. Le plus court chemin d’un point vers l’autre ? Et si c’était, simplement, la course d’une âme, quelque part, vers sa sœur ?

     

    Pascal Décaillet