Sur le vif - Vendredi 11.06.10 - 19.09h
C’est un petit homme au regard vif, en politique depuis longtemps, prof de français ayant laissé d’excellents souvenirs à ses anciens élèves. Et là, que brigue-t-il ? La place de Dieu ! Il n’a pas froid aux yeux, Gérard Deshusses, lui qui n’a qu’un seul défaut.
Car dans moins d’un an, Dieu s’en va. « Fatigué de porter ses misères hautaines », guidé par son destin (et, accessoirement, mais ne le dites pas trop fort, par cette saloperie de tournus qui vous oblige, putain de merde, à casser l’Eternité après douze ans seulement, alors que le regretté Louis XIV a régné 72 ans), Manuel Tornare (que mille vierges le bénissent) tournera l’immaculée splendeur de ses talons vers d’autres horizons. Et Deshusses, qui guettait, aimerait bien le remplacer, lui le Doux, à côté de l’Amère. Deshusses, oui, qui n’a qu’un seul défaut.
Car il est cultivé, charmant, travailleur, respecte l’aigu lorsqu’il dit « débat », n’use de l’épicène que pour faire carrière, sait que le fond de l’homme est noir et violent, que la colère est sainte, le meurtre sublime. Et son esprit va vite. Tant de qualités, fourmillantes, primesautières, pour un seul défaut.
Sur sa route pour l’investiture aux côtés de la Régente, il trouvera un bon docteur Moustache endormeur de méfiances, un sympathique prof de théâtre, et sans doute le pays de Canaan, laissé en déshérence par Dieu, au moment de son départ. En vérité je vous le dis, frères lecteurs, il est digne de les combattre. Lui le preux, le fulgurant. Lui, cultivé, lettré, qui n’a qu’un seul défaut. Le même que Dieu d’ailleurs : mais pourquoi donc est-il socialiste ?
Pascal Décaillet