
Liberté - Page 1407
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Soviet suprême: la dernière séance
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Ecole : voici l’UDC !
Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 21.10.10
Les uns peuvent prendre cela avec le sourire, les autres parler avec mépris de « résurrection de l’école de grand-papa », la réalité est là : l’école sera le nouveau grand thème de l’UDC au niveau national. Un papier de position sera voté ce week-end. Amorce d’un mouvement de fond, qui va s’amplifier.
Pourquoi s’en étonner ? Le premier parti de Suisse, près de 30% de l’électorat, n’aurait pas le droit de s’intéresser à la formation de nos enfants ? Il devrait laisser ce champ à une gauche qui ne l’a que trop occupé, et de façon catastrophique, depuis quatre décennies, ou à quelques radicaux acariâtres qui vous disent « laïcité » avant même que vous ne les ayez salués ?
Si l’UDC est intelligente (vaste postulat !), elle évite à tout prix d’en faire trop avec Guillaume Tell et le treizième siècle, elle reconnaît le legs de la Révolution helvétique (1798) et de 1848. Et elle s’attache à fédérer – ce qu’elle est seule à droite à pouvoir faire au niveau national – une vision de l’école qui est celle du travail et du mérite, à quelques milliers de lieues marines du gnangnan et du ragnagna des pédagogues à la sauce genevoise.
Si elle fait cela dans un esprit de rassemblement, et nous épargne les Waldstätten, elle a une autoroute devant elle, tellement la gauche a démérité sur la question. L’UDC et l’école, cela ne fait que commencer : il y en a pour vingt ans.
Pascal Décaillet
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La France nous ennuie
Chronique publiée dans le Nouvelliste - Jeudi 20.10.10
Tous ceux qui me connaissent vous le confirmeront : j’ai passionnément aimé la France. Son Histoire, ses passions, ses déchirures. La lumière de son passé chrétien, mais aussi le legs de la Révolution, c’est parfaitement compatible, en tout cas depuis l’appel au Ralliement de Léon XIII. Quand j’étais enfant, le président de la République française s’appelait Charles de Gaulle. Plus tard, il s’est appelé François Mitterrand. Figures supérieures, inoubliables.
Je me demande souvent si cette grande nation n’est pas morte en mai-juin 1940. Libérée non « par elle-même » (de Gaulle, Paris, août 44), mais bel et bien par les Alliés, de facto sous tutelle du parapluie occidental, la France a continué de se croire aux premières loges de l’Histoire. Elle n’y était plus. Elle a décolonisé dans la douleur, s’est certes donné, de 1958 à 1969, un homme d’exception pour la guider, mais cet éblouissant mystique de la politique lui brandissait le cadavre d’une nation perdue, lui faisant croire qu’elle vivait encore.
Aujourd’hui, il ne reste plus rien. Un président petit bourgeois, suintant l’orléanisme sans même avoir la hauteur giscardienne du chasseur. Une gauche incapable de sortir du mythe du Grand Soir. Une droite sans la moindre classe. Une extrême droite qui monte. Une population majoritairement désertée par l’ardeur d’entreprendre, écrasée par la bureaucratie, attendant tout de l’Etat, soit pour s’en nourrir, soit pour le vilipender. Ce grand pays est sans doute l’un de ceux d’Europe où la notion de responsabilité individuelle est réduite à sa portion la plus congrue. On subit. Et, quand on en a marre de subir, on descend dans la rue. Et on casse tout.
En chaque Français, il y a un héros de barricades qui sommeille. On se joue à n’en plus finir les grandes scènes de 1830, 1848, 1944, 1968. Le gouvernement cède un peu, ou beaucoup, c’est selon. On inscrit ses exploits au fronton de la légende. Et puis, la vie continue, si verticale dans les rapports de pouvoir, sans que la base ne puisse – pacifiquement – influer par des initiatives (au sens suisse) sur le destin national. Cette logique est arrivée au-delà de son terme. Une révolution est possible, qui pourrait bien être ultraconservatrice. Le dernier exemple date de 1940. Le modèle républicain qui nous a tant fait rêver est en péril.
Pascal Décaillet