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Liberté - Page 1391

  • Hainard, les chiens, les chiennes

     

     

    Sur le vif - Lundi 23.08.10 - 17.14h

     

    Il y a des fois, dans la vie, où on se réconcilierait avec l’épicène. Confrères et consœurs, voyous et voyelles, chiens et chiennes.

     

    Bien sûr, le journalisme est souvent dur. Bien sûr, nous mettons cruellement sur le gril nos interlocuteurs. Bien sûr, nous traquons la langue de bois. C’est la loi du métier. La loi du genre.

     

    Mais nous ne sommes pas pour autant des inquisiteurs. Ni des vautours. Ni des chiens errants, affamés.

     

    La manière dont Frédéric Hainard (qui a certes tout entrepris lui-même pour se perdre) a été traité par un quotidien orangé, sûr de soi et prédateur, donne à réfléchir. Non pas, bien sûr, dans la mission de transparence. Mais la récurrence. Mais la systématique. Mais l’acharnement.

     

    Ce quotidien a-t-il défini seul sa ligne inquisitrice ? Lui a-t-elle été insufflée d’en haut ? Aujourd’hui, ils doivent se dire qu’ils ont gagné. Ils disent sûrement « champagne ». C’est leur droit.

     

    Moi, simplement, je dis « nausée ».

     

    Et tout le reste, je m’en fous.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Quand Doris nous mène en bateau

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    Dmanche 22.08.10 - 09.36h

     

    Hier à Cham, dans le canton de Zoug, devant l’Assemblée des délégués de son parti, le président du PDC suisse, Christophe Darbellay, a lancé à sa manière – celle du flandrin qui fonce d’abord et qui discute après – une OPA sur le DETEC (Département des transports, de l’énergie et de la communication), exigeant qu’il revienne à Doris Leuthard.

     

    Il y a mille raisons (nous y reviendrons dans d’autres textes) que le DETEC, où Moritz Leuenberger blanchit sous le harnais, avec une rare inefficacité, depuis plus de quinze ans, passe en mains bourgeoises. À la base, oui, disons « bourgeoises », pas particulièrement PDC. Mais, si on y regarde de plus près, l’évidence Leuthard s’impose en effet : Ueli Maurer et Eveline Widmer-Schlumpf sont trop fragiles, au sein du collège, pour prendre en main des chantiers de longue haleine. Didier Burkhalter vient d’arriver, et de toute manière serait catastrophique sur la politique de communication, à laquelle il reconnaît lui-même ne rien entendre.

     

    Bref, l’hypothèse Leuthard est à prendre au sérieux. Et Darbellay a eu mille fois raison de la brandir. Beaucoup moins plaisante, hier, la réaction de la principale intéressée, qui a du reste passé son temps, hier à Cham, à sourire (un art dans lequel elle excelle) et toucher les écrouelles. Avec la complicité d’une presse people qui passe davantage de temps à chanter les louanges de ses tenues qu’à s’intéresser à son action politique, la présidente de la Confédération commence à afficher un côté diva qui pourrait, un jour, se retourner contre elle. Interrogée sur l’hypothèse DETEC, elle a fait comme si elle l’avait découverte en écoutant le discours de son président de parti. Elle a joué les mijorées, les saintes-nitouches, nous a gratifiés d’une leçon burkhalterienne sur les vertus de la collégialité. Bref, pas loin de désavouer le verbe trop aventureux du Flandrin, elle nous a menés en bateau.

     

    La répartition des rôles entre le chef de parti qui lance l’idée et la conseillère fédérale qui feint d’en prendre connaissance avait-elle été concoctée à l’avance ? Ou la madone des belles étoffes a-t-elle lâché le Valaisan ? Dans tous les cas, pour qui sait lire la politique au-delà des sourires et de la haute couture, il y a des inélégances, dans la vie, qui dépassent parfois de beaucoup le seul domaine vestimentaire.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • La peine de mort : non, non et non

     

    Vendredi 20.08.10 - 17.34h


    Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours été viscéralement opposé à la peine de mort. Enfant dans les années 60, adolescent dans les années 70, j’apprenais régulièrement, par les journaux, que la France, ce grand pays voisin et ami, venait de procéder, par la guillotine, à une nouvelle exécution. Je me souviens exactement où j’étais (à la Maison du Diable de Sion), le 28 juillet 1976, lorsque j’ai appris l’exécution de Christian Ranucci. J’étais à l’armée, un an plus tard, lorsqu’un transistor nous annonçait celle de  Hamida Djandoubi, le 10 septembre 1977.


    C’est dire avec quel bonheur j’ai accueilli, le 10 mai 1981, l’élection de François Mitterrand, puis, quelques mois plus tard, la loi d’abolition de Robert Badinter. Il m’avait semblé, ce jour-là, que la France retrouvait le chemin qui avait été le sien en 1789, et même au moment des Soldats de l’An II, un chemin d’exemple. Je n’aurai pas ici l’indécence de citer 1793, l’année de la Terreur, preuve que la Lumière ne naît pas toujours de la Lumière, que le pire peut surgir du meilleur, qu’aucune loi de l’Histoire, hélas, ne nous prémunit d'un retour à la barbarie.


    Bien sûr, la peine de mort est un thème qui divise. C’était même, au début des années 70, quand j’étais collégien, le sujet bateau de dissertation, où on attendait de l’élève qu’il soupesât sagement la thèse, l’antithèse, avant d’oser émettre un avis. La moitié de la classe était pour, l’autre contre, mais, pendant que nous pérorions, la France, elle, continuait d’envoyer des hommes sur l’échafaud : ça n’était pas la France de Pétain, mais celle de Pompidou et du « très libéral » Giscard !

     

    Alors voilà, nous apprenons aujourd’hui qu’en Suisse, un comité d’initiative veut rétablir la peine de mort, abolie en 1942 dans notre pays. Auront-ils les signatures ? Je gage que oui. Faut-il invalider le texte ? Evidemment, non. Que voteront le peuple et les cantons, un certain dimanche, dans quelques années ? Rien que d’y penser me fait frémir. Je n’ai pas la réponse, évidemment. Mais juste l’ombre du frisson. Comme un voile noir. Comme si l’Histoire ne servait à rien. Comme si tout, chaque fois, était à recommencer.

     

    Pascal Décaillet

     

    PS (18.20h) - Très belle unanimité républicaine, à l'instant, de deux présidents de parti (le PDC Christophe Darbellay, le Vert Ueli Leuenberger) et du conseiller national UDC Oskar Freysinger sur la question, à la RSR.