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Liberté - Page 1392

  • Le Moa de novembre

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 22.11.10

     

    Vous prenez un ministre des constructions dont on aimerait quand même une fois qu’il construise quelque chose. Ajoutez un avocat, à vrai dire plutôt connu comme député, tiens du même parti, d’ailleurs, que le ministre. Vous touillez. Vous pimentez d’un zeste de pampa, remplacez juste le poivrier par un moulin à vent. Du bout du doigt, goûtez.

     

    Surgit un candidat au Conseil administratif, officiellement PDC, en réalité de la même mouvance que le ministre et le député : « Construisez sans entraves ». Vous lui dites bonjour, il vous répond : « Blocages ! ». Vous lui dites Mao, il vous réplique Moa. Il est partout, à la fois Don Quichotte et Sancho Panza, à la fois le cheval et l’âne. Et le moulin à vent, lui, est toujours là.

     

    Vous éventez, justement. Pour la sauce, quelques gouttes d’élixir de jeunesse, vous irez le puiser dans l’urne, entre le poivre et le sel de vos propres cheveux, vous en aurez l’usage discret, comme il sied aux condiments de race. Goûtez à nouveau. Contemplez-vous dans glace. Déjà, vous faites vingt ans de moins.

     

    Mais le temps presse. A la porte, on sonne. C’est l’avocat, le ministre et le candidat. Par l’odeur alléchés, ils sont montés chez vous. Ils avaient juste entendu des voix. Mais les voix, comme l’urne de l’élixir, c’est plus fort qu’eux : ils n’ont jamais su y résister.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Une nouvelle tâche régalienne de l’Etat : posséder des dancings

     

    Sur le vif - Jeudi 18.11.10 - 17.02h

     

    En cet automne qui nous honore de sa clémence, le Conseil d’Etat genevois nous réserve presque chaque jour une rafraîchissante surprise. Aujourd’hui, il nous annonce donc qu’il veut acheter le Moa. Singulière perspective, inattendue, surtout pour qui se passionne, de Philippe le Bel à Carnot, en passant par Louis XI, Colbert et Louvois, pour l’étude de ce qui constitue les tâches régaliennes de l’Etat.

     

    Sur ces missions, en 2010, nous sommes tous à peu près d’accord : l’Etat doit s’occuper de sécurité, de santé, d’éducation, de grands chantiers d’infrastructures. J’en oublie sûrement, mais je ne susse pas qu’il appartînt aux collectivités publiques, fussent-elles dévoyées par le désir torréfié du cocktail et de la pampa, d’acquérir un dancing.

     

    Voilà donc une nouvelle tâche, on se réjouit qu’on puisse immédiatement trouver à cet effet 14 millions qu’on refusera à d’autres affectations, nouveaux postes dans l’enseignement secondaire, crèches, effectifs de police, et autres menus détails évidemment insignifiants face à la puissance du Pain et des Jeux, quand se lovent les corps et se tétanise la pêche à l’électeur.

     

    Autre élément salé : vous avez des problèmes de sécurité, le maelström d’une candidature passe par là, avec ses quarantièmes rugissants et mille tempêtes andines pour vous soulever l’âme, eh bien voilà qu’un deus ex machina appelé « Etat » vient vous tirer d’affaire. « Ne vous en faites pas, j’arrange tout ».

     

    Belle folie, à vrai dire, où l’univers de Quinte-Curce se pare du filet du rétiaire et des chants moirés de l’histrion. Peut-être, dans son mouvement vers le monde des sens et du désir, le gouvernement de la République genevoise pourrait-il songer à l’acquisition de ces lieux où suinte l’extase et donc Claudel a dit qu’il existait, pour cela, des maisons.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Le Moa rachète le Conseil d’Etat ?

     

    Sur le vif - Jeudi 18.11.10 - 12.07h

     

    L’une des nouvelles les plus hallucinantes d’une année 2010 qui n’en aura pas été avare à Genève : le Conseil d’Etat rachète le Moa ! Il veut acquérir, avec 14 millions de l’argent des contribuables, le terrain de ce dancing. Nous reviendrons dans l’après-midi sur la dérive que représente une telle acquisition de la part d’un Etat, une notion à laquelle nous voulons croire, comme garante de l’intérêt public, l’intérêt de tous.

     

    Pour l’heure, contentons-nous d’une question : est-ce, bel et bien, le Conseil d’Etat qui achète le Moa ? Ou n’est-ce pas, peut-être, le contraire ? Question posée avec le sourire, of course, allez disons juste pour taquiner. Juste une histoire d’actif et de passif, de complément d’agent placé à l’envers. Rien de grave, juste la vie qui va.

     

    Pascal Décaillet