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Liberté - Page 1392

  • Sept rustres

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 27.09.10



    Devant le cercueil de chêne de Mgr Genoud, samedi matin en la Cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg, la quasi-totalité du gouvernement fribourgeois, Philippe Leuba pour celui du canton de Vaud, et… strictement aucun conseiller d’Etat genevois ! Laïcité ou non, loi de 1907 ou non, cette absence n’est tout simplement pas acceptable.

    La laïcité est une chose, nul ne la conteste, en tout cas pas l’auteur de ces lignes. Mais la rustrerie en est une autre, qui doit être désignée comme telle, sans ménagement. La laïcité, c’est le respect des croyances, en l’occurrence celle des catholiques romains. Il eût fallu, pour le moins, un acte de présence à Fribourg. La plus élémentaire des courtoisies.

    Quelques heures auparavant, vendredi soir, veillée à Notre-Dame, à Genève, en mémoire de l’évêque disparu. Là aussi, boycott du Conseil d’Etat. Dans la classe politique, seul Manuel Tornare a eu la classe et le courage de s’y rendre. Pour les autres – les premiers à faire des ronds de jambe à d’autres religions, plus « tendance » - pénétrer dans une église catholique semble relever de la vulgarité.

    A ce niveau-là, ce n’est plus de la laïcité, qui est une belle et grande chose. C’est de la connerie laïcarde. Bernard Genoud était aussi l’évêque de Genève. Par cette double absence, ce sont ses fidèles qu’on a insultés.

    Pascal Décaillet


  • Léger, Hodgers, léger…

     

    Sur le vif - Et avec la gravité d'une plume dans le vent - Dimanche 26.09.10 - 13.23h

     

    Antonio Hodgers connaît-il la Suisse ? A-t-il déjà, une fois dans sa vie, pointé son nez dans le canton d’Uri, où la vie quotidienne est à quelques milliers d’années-lumière de celle d’un bobo urbain branché de Genève ? A-t-il entendu parler de la paysannerie de montagne ?

     

    Uri, et quelques autres cantons de Suisse centrale, coupables, aux yeux du Vert à soie d’en-deçà de la Versoix, d’égoïsme et de manque de solidarité vis-à-vis de cantons comme Genève, davantage touchés par le chômage.

     

    Il vient de le dire, sur les ondes de la RSR. Et c’est une énormité. Cette manière – surtout quand on n’a pas fait campagne – de culpabiliser le vainqueur est non seulement hallucinante, mais elle traduit une profonde méconnaissance du pays, des disparités entre régions de montagne et grands centres urbains gavés d’infrastructures, de la réelle répartition des produits intérieurs au sein de la Confédération.

     

    Et puis quoi, si Uri n’a qu’1% de chômage, c’est plutôt à l’honneur des Uranais. D’avoir une économie qui fonctionne. Et peut-être aussi, accessoirement, de ne pas se précipiter à la première occasion pour aller sucer les mamelles d’un Etat-Providence. Au royaume de l’insoutenable légèreté, un sceptre et une couronne pour Antonio le Magnifique.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Adieu, Madame Widmer-Schlumpf

     

    Sur le vif - Et l'air de rien - Vendredi 24.09.10 - 18.25h

     

    Elle est parvenue aux affaires par la trahison, elle en sortira, dans un peu plus d’un an, par une autre trahison. Celle de ceux-là mêmes qui l’avaient, dans un pronunciamiento de fortune ne visant qu’à se défaire d’un homme trop fort et trop encombrant, portée au pouvoir. Ce jour-là, le glaive se retournera contre Eveline Widmer-Schlumpf. Personne ne pleurera. Surtout pas le triumvir qui avait ourdi, dans quelque alcôve du Bellevue, la singulière irruption de cette Grisonne dans l’Histoire suisse.

     

    Ce qui a sonné le glas d’EWS, c’est le remarquable succès de la candidature de combat de Jean-François Rime, le 22 septembre. Oui, l’UDC est de retour, elle n’était d’ailleurs jamais partie, oui l’idée de lui restituer son dû chemine sous la Coupole, oui la trahison isole, finit toujours par se payer. Oui, le Climatique peut brûler d’envie d’empoigner le Flandrin, il a bien fallu quelques Verts, en plus de quelques PDC de Suisse centrale, pour que Rime fasse un tel score. Oui, il arrive toujours un moment où Brutus, Cassius et Antoine finissent par s’étriper. C’est dans Plutarque. Dans Shakespeare. Dans l’immuable et sublime noirceur de l’être humain.

     

    Donc, le Flandrin a tort. De quoi ? De voler aujourd’hui, dans Le Temps, au secours de l’Usurpatrice. Et le reste de la droite suisse a bien raison de préparer l’année des adieux. Vous les verrez, ce seront les mêmes. Ceux qui l’avaient portée aux nues, lui porteront le coup fatal. Ainsi va la politique. Ainsi tourne le carrousel des choses humaines. Et les mêmes, les tyrannicides d’hier, seront comme Edith Piaf, à qui elle ressemble tant : non, rien de rien, non, ils ne regretteront rien.

     

    Pascal Décaillet