Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté - Page 1389

  • Quand René Longet atomise la démocratie

     

    Sur le vif - Samedi 02.10.10 - 09.38h

     

    Président du parti socialiste genevois, René Longet accorde à mon confrère Marc Bretton, dans la Tribune de Genève de ce matin, une interview qui est un festival de pleurnicheries et une atomique démonstration de la gauche mauvaise perdante, geignarde, et surtout, une fois de plus, anti-démocratique dès que le résultat de la démocratie ne lui convient pas.

     

    Que veut René Longet ? Dissoudre la Constituante. Pourquoi ? Parce que les décisions, démocratiquement votées à la majorité, de cette Assemblée ne lui plaisent pas. Les constituants, souverainement, votent une disposition donnant à nouveau à Genève la possibilité de s’ouvrir à l’énergie nucléaire. Réponse de Longet : dissoudre la Constituante. « Toutes les digues ont lâché, déclare le patron du PSG. Après les droits sociaux, l’égalité hommes-femmes, l’éligibilité des fonctionnaires, les communes, voici le nucléaire ».

     

    Ce sont quoi, des digues qui lâchent ? Quoi d’autre, M. Longet, que la souveraine expression d’une majorité, légitimement élue par le peuple pour plancher sur la révision d’une Charte fondamentale. Oh, des digues qui lâchent, il y en aura encore beaucoup. Parce que la Genève d’aujourd’hui, au niveau cantonal, comme d’ailleurs la Suisse en général, se trouve être beaucoup plus conservatrice que les aurores aux doigts de rose dont rêve René Longet. Mais cela, le président du parti socialiste genevois ne veut pas le voir. Si une assemblée vote des dispositions de droite, alors c’est qu’elle doit être, nécessairement, une mauvaise assemblée, c’est qu’il doit y voir une anomalie quelque part. Donc, dissoudre.

     

    René Longet, Christian Levrat, c’est la gauche des gémissements et des hurlements. La gauche qui n’a jamais su perdre. Qui brandit la morale comme paravent de son inaptitude à convaincre. Qui parle au nom du bien (dont elle est seule détentrice), et n’accepte les rapports de force que lorsqu’elle est du bon côté. Dans son interview irradiée de la Tribune de Genève, René Longet parle des « pyromanes qui parient sur l’échec parce qu’ils ont peur de voir naître une Constitution centriste et progressiste ». Mais, M. Longet, au nom de quoi une Constitution devrait-elle être, par définition, centriste et progressiste ? Pourquoi diable n’aurait-elle pas le droit d’être conservatrice, si la majorité le décide ? Cela s’appelle la démocratie, non ?

     

    Au reste, M. Longet n’a pas grand souci à se faire. Si vraiment le texte final ne tient pas la route, le peuple, un certain dimanche, le refusera. Mais demander, en cours de route, parce que les inflexions du moment lui déplaisent, la dissolution de l’Assemblée, c’est bafouer la démocratie. Un exercice dans lequel la gauche suisse excelle de plus en plus. Il est vrai que l’exemple lui est donné au plus niveau, avec un président national de parti reconverti dans le rôle de pleureuse.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Rester, partir

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 30.09.10

     

    Donc, Boris va rester. Ou plutôt Boris va partir. Enfin, disons que Boris partira tout en restant. Ou restera tout en partant. Elle n’est pas toujours simple, la vie, il y a ceux qui vont et viennent, il y a les vraies ruptures et les faux départs, les copains qu’on salue et ceux qu’on ignore, l’année des adieux et les aubes qui renaissent.

     

    Boris, c’est M. Drahusak, un homme charmant. Tellement attachant que son chef, Patrice Mugny, ne peut se résoudre à s’en séparer. D’autant que Boris aimerait bien le poste de Patrice, il y a bien des copilotes qui tombent raides dingues du cockpit, des califes et des vizirs, des régents et des maires du palais. Elle n’est pas simple, la vie.

     

    Normalement, pour faire campagne, Boris devrait quitter le cockpit, quelques mois. S’éloigner de Patrice. Sami l’a bien fait, lui. Mais Boris et Patrice, c’est plus compliqué. Plus noué. A ce niveau de copilotage, l’un sans l’autre, on serait déboussolé. Le Pôle magnétique. Alors, Patrice et Boris ont eu une idée : Boris ne sera plus directeur, mais « conseiller ». il partira, tout en restant.

     

    « Conseiller », et non plus directeur ! Caramba, Manuel, vous n’y aviez pas pensé, pour Sami ? C’est pourtant élémentaire. Un jeu de présence et d’absence, d’être et de néant, de ficelle et de pigeon. Et les pigeons, dans l’histoire, c’est nous.

     

    Pascal Décaillet