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Liberté - Page 1389

  • Là, Rappaz, ça suffit !

     

    Sur le vif - Et avec treize étoiles de fureur - Lundi 30.08.10 - 11.06h

     

    A peine de retour en prison, Bernard Rappaz recommence une grève de la faim. La grève de trop. Cette fois, ça suffit. Si Rappaz veut en finir avec la vie, eh bien qu’il en finisse. Il y a un Etat, qui s’appelle l’Etat du Valais, qui est un Etat de droit, avec des lois, démocratiquement votées pas ses élus ou même directement par ses citoyens. Bernard Rappaz n’est pas Antigone, Madame Waeber-Kalbermatten n’est pas Créon. La plaisanterie a assez duré : la démocratie valaisanne ne peut plus, ne doit plus céder face à la provocation.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les blancs, les noirs

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    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 30.08.10

    Compliquée, l’UDC genevoise ? Racontars ! Il suffit d’y voir clair. Au début donc, avant même le Verbe, il y avait Soli Pardo. Prince noir. Solitaire, levantin, celui qui fronce et qui fronde. Le fou.

    A deux cases de lui, et quelques années-lumière de haine, Yves Nidegger. Celui qui montre et démontre. Solitaire aussi, à mesure qu’il raisonne et se rapproche de l’éther. Démarche complexe. Le cavalier.

    Prudent, laissant choir et déchoir, autour de lui, fortunes et destinées : Eric Leyvraz. Feignant de se retirer, mais demeurant. L’âme noueuse comme un cep. Au milieu de la mêlée, il survit. Le roi.

    Toujours prêt pour avancer, chair à canon de la mitraille adverse, jamais plus sublime, dans l’art de la chute, que lorsqu’il la provoque lui-même, équation newtonienne à lui tout seul, André Reymond. Le pion.

    Raide et roide comme une soutane battue par le vent glacé, il a inventé, avant Euclide, la ligne droite : Eric Bertinat. La tour.

    Folle comme Pardo, cavalière (ô combien !) comme Nidegger, royale comme Leyvraz, pionnière comme Reymond, fille de Pise et de Galilée comme Bertinat, voici enfin celle que vous attendez tous. Céline Amaudruz. Elle se rit de l’archer, danse avec l’obstacle, rend les fous raisonnables, et fous les raisonnables. Celle qui reste debout. La reine.

    Pascal Décaillet


  • À Changins, nos diplomates !

     

    Sur le vif - Et avec une pointe d'acidité sur la langue - Dimanche 29.08.10 - 09.11h

     

    Le Faustino V n’est de loin pas un mauvais vin, encore qu’il pâtisse souvent, comme nombre de Riojas d’exportation, d’un excès vanillé de séjour en barrique, que le consommateur certes adore, mais qui masque à la fois les vertus et les vices d’un nectar.

     

    À l’ambassade suisse d’Helsinki, Christophe Darbellay s’est vu servir du Faustino V. Alors, il a vu rouge. Surtout que la petite plaisanterie finno-ibérique n’est que la goutte qui fait déborder la cuve : on sert souvent des vins étrangers dans nos missions officielles (qui sont les cartes de visite de la Suisse), et, nous apprend un papier de mon excellent confrère Titus Plattner dans le Matin dimanche d’aujourd’hui, le Pavillon suisse de Shanghai sert des crus italiens et espagnols ! Alors, le 13 septembre prochain, à la rentrée parlementaire, Darbellay déposera une motion obligeant tout ce petit monde en smoking – ainsi que les organisations subventionnées par la Confédération – à servir du vin suisse. À coup sûr, il devrait rallier facilement une majorité.

     

    Le plus fou, c’est que nos snobinards de cocktails n’y ont pas songé eux-mêmes. Envoyés aux quatre coins du monde comme images de la Suisse, ils n’ont juste pas pensé à cette charnelle, cette mystique incarnation de la terre qui s’appelle le vin. Nous en avons certains d’exceptionnels. Mais eux, quelle image ont-ils du pays ? Un système ? Une construction intellectuelle ? Et la Suisse tellurique, celle de l’argile et du terroir, ils ignorent ? Une Petite Arvine de vendanges tardives pourrait pourtant, au point le plus tangent de certaines négociations, défendre mieux les intérêts supérieurs du pays que bien des discours.

     

    Alors, après la motion Darbellay, on pourrait imaginer une motion 2 : inclure, dans le programme de formation des futurs diplomates, quinze jours sur les vins suisses. Visites, dégustations, rencontres avec les vignerons, identification des cépages. Et une semaine à la Station fédérale de Changins. Histoire d’apprendre qu’un pays, ça n’est pas seulement des lois et des traités, mais aussi la sensualité d’une terre. Le pays profond, oui, qui n’appartient pas seulement à celui qui le possède, mais à tous ceux qui l’aiment.

     

    Pascal Décaillet