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Mourir, et mériter sa mort

 

Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 01.12.10

 

En cette fin 2010, et à l’horizon des élections fédérale d’octobre 2011, il y a clairement trois grandes familles politiques en Suisse : un tiers de gauche, un tiers de centre-droit, un tiers d’UDC. Galvanisé par sa victoire de dimanche, sur un thème qu’il a traité seul avant tous les autres, le parti de Blocher a désormais les moyens de passer, l’an prochain, la barre des 30%. Si c’est le cas, il sera légitimé à occuper aux affaires une place dont il a été dépossédé par le pronunciamiento du 12 décembre 2007.

 

Oui, le maelström de dimanche ne marque pas seulement la défaite – une de plus – de la gauche, mais surtout celle de la droite qui a fait le pays, d’un côté l’univers libéral-radical, issu des Lumières et des valeurs républicaines, de l’autre son ancien ennemi du Sonderbund, la profondeur tellurique de la Vieille Suisse, les conservateurs, aujourd’hui appelés PDC (je préférais le courage de l’ancien mot). Depuis longtemps, ces deux composantes-là ont à peu près tout en commun, elles s’amusent simplement à se jouer et se rejouer l’Histoire du Sonderbund, quand les adversaires s’appellent la gauche ou l’UDC.

 

Le problème, c’est que même réunis au plan fédéral, ces deux univers ne totalisent plus guère qu’un tiers de l’électorat. D’autant plus fragilisé que se multiplient, à Berne, les « alliances malsaines », gauche-UDC, pour les prendre en tenaille. Depuis des années, le centre-droit ne prend plus d’initiative propre, mais s’est spécialisé dans l’art suiviste du « contreprojet » aux impulsions données pas l’UDC. Pire : à l’exception d’un Christophe Darbellay, on peine à entrevoir, à Berne, l’émergence d’une vraie figure nationale issue de ce monde de notables tranquilles, courtois, cérébraux, tout heureux de célébrer la « complexité » des choses, là où l’UDC serait simpliste, populiste, brutale.

 

Oui, la graine d’hommes d’Etat fait défaut. Les Delamuraz, les Couchepin, les Furgler, ceux qui, au-delà des idées, se définissent par une « dimension d’Etat ». Si le centre-droit, en Suisse, doit un jour mourir, pour laisser la place à un univers bipolaire, c’est aussi à cette absence de relève qu’il le devra. Et ni Didier Burkhalter, ni Johann Schneider-Ammann, notables ennuyeux et grisâtres, ne donnent l’impression de parer à l’inéluctable de cette vacance.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

 

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