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Liberté - Page 1387

  • Le chardon, l’ortie

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 09.12.10

     

    Au royaume du vote secret, les médiocres sont rois. La vengeance y est petite, la lâcheté, sudoripare. Que Micheline Calmy-Rey ne soit pas facile à vivre, que son caractère soit paré de la grâce du chardon et de l’ortie, c’est possible. Mais c’est une ministre de qualité, vraie patriote, immense travailleuse. C’est peu dire qu’elle ne méritait pas le soufflet de bassesse des rampants.

     

    Sale caractère ? Et alors ! Du caractère, au moins, du vrai, âpre à l’ouvrage, comme dans le sillon rugueux d’un verger de montagne. A mille lieues des souris grises, des passe-murailles, des éteignoirs. Le monde politique a justement besoin de sales tronches, trempées, tenaces, qui crochent et qui s’agrippent : Couchepin, Blocher. Des emmerdeurs.

     

    On peut discuter des options diplomatiques du DFAE, (feindre de) s’émouvoir de telle ou telle fuite, déplorer le degré zéro d’humour, au reste reconnu comme tel, de la ministre. Mais l’escouade punitive sur la présidence, juste l’élire mais mal, c’est le onzième sous-sol de la politique.

     

    Je souhaite à Micheline Calmy-Rey une belle année présidentielle, comme le fut son premier passage à cette fonction. Je lui souhaite de rester ce qu’elle est : une dame qui sert son pays. Avec des hauts et des bas. Mais le regard droit. Je lui affirme ici le respect et l’estime que j’ai toujours voués aux êtres de courage.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Micheline, les cabris, les souris

     

    Sur le vif - Mercredi 08.12.10 - 14.08h

     

    Ils sont tout heureux, tout piaffants, comme des cabris dans l’émoi de leur première laine. Ils ont « donné une leçon » à Micheline Calmy-Rey. Leçon de choses ? Tu parles ! Basse vengeance, encre noire d’un pronunciamiento qui discrédite, un peu plus encore, le parlement comme instance d’élection de l’exécutif. Tout heureux d’avoir humilié une ministre qui ne leur a jamais plu, et c’est  bien ça le drame du Conseil fédéral : devoir plaire au parlement !

     

    Micheline Calmy-Rey ne plaît pas aux 246, soit. Mais la Suisse est faite de sept millions d’hommes et de femmes, et beaucoup d’entre eux, sans pour autant partager ses options, reconnaissent le courage de notre ministre des Affaires étrangères, sa ténacité, son engagement pour le pays. Il ne s’agit pas ici de défendre le socialisme, ni l’irénisme de la vision multinationale. Non, il s’agit de défendre une femme, une ardeur, un caractère, et tant mieux si c’est un sale caractère, ce sont les seuls qui vaillent.

     

    Parce que les souris grises, qui plaisent tant au parlement, pour ne pas trop le déranger, les Burkhalter et quelques autres, ces gens-là les grands électeurs n’iront jamais leur chercher noise. Ceux qu’on sanctionne, ce sont ceux qui existent. Bravo, Madame Calmy-Rey, d’exister. Le reste, on s’en fout.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Demain, Micheline Calmy-Rey doit être présidente

     

    Sur le vif - Mardi 07.12.10 - 16.38h

     

    On aime ou non Micheline Calmy-Rey, on apprécie ou non ses options, mais une chose est sûre : c’est une femme courageuse, elle aime son pays et entreprend ce qu’elle croit être le mieux pour le défendre. Dans le système actuel (qui doit être réformé, mais c’est une autre affaire), il n’y a donc strictement aucune raison de ne pas élire la socialiste à la présidence de la Confédération.

     

    Elle serait, nous rappelle le Temps de ce matin, « la mal aimée du parlement ». Et alors ? Mal aimée de 246 personnes, là où il y en a 7 millions ! Bien sûr, le parlement est souverain pour l’élire, ne pas l’élire, mal l’élire, la punir mesquinement, lui faire payer le pataquès (dans l’affaire libyenne) de tout un système. C’est son droit, oui, en attendant que cela change. Car cela changera, tout ce système de Diètes d’Empire, de suffrage indirect, favorisant la combinazione, le pronunciamiento, survalorisant le législatif, déroulant des tapis rouges aux souris grises, renvoyant à la maison une Karin Keller-Sutter. Tout cela, oui, doit passer.

     

    Mais la réforme du mode d’élection, c’est pour après-demain. Pour demain, le vrai demain, mercredi 8 décembre, rien ne justifierait de casser un tournus qui, en attendant mieux, assure les équilibres. Au demeurant, Micheline Calmy-Rey a déjà été présidente une fois, je l’ai suivie de près, et n’ai rien trouvé à redire à la dignité avec laquelle elle assumait sa fonction, soucieuse de la pluralité suisse, ayant un mot pour tous.

     

    Et puis, surtout : ne pas élire Mme Calmy-Rey, ce serait porter à la présidence Mme Widmer-Schlumpf. Comme une dans une grande Cène où Judas figurerait au milieu du tableau. Faire ça, un 8 décembre, non merci !

     

    Pascal Décaillet