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Liberté - Page 1384

  • Boris et Sami, les maires du palais

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    Sur le vif - Et dans la gloutonnerie du Jeûne - Jeudi 09.09.10 - 15.32h

     

    Est-ce en raison du prestigieux passé mérovingien de Genève : les maires du palais se réveillent. A l’époque, ils s’appelaient Otton, Pépin ou Carloman. Je me souviens de mon vieux bouquin d’Histoire de France, couverture orangée, milieu des années soixante, je l’ai tant aimé, et je revois comme si c’était hier les images de ces dignitaires d’Austrasie ou de Bourgogne, dont l’institutrice, prénommée Jehanne, nous disait qu’ils étaient redoutables, car « ils se prenaient parfois pour le roi ». Treize siècles plus tard, la poussière du monde est passée, mais la magie des prénoms demeure : les maires du palais, aujourd’hui, s’appellent Boris ou Sami.

     

    Il y avait aussi les grands-sénéchaux, les grands-maîtres de la maison du roi, c’étaient les permanents, ils veillaient au grain et contrôlaient l’appareil. Comme Boris et Sami. Il y avait des rois fainéants (comme chez Boris), ou de grandes figures de superbe et d’orgueil (comme chez Sami), solaires, poudroyantes. « Ils profitaient, poursuivait Jehanne, notre bonne maîtresse, des défauts du roi pour s’incruster et augmenter leur influence ». Comme Boris et Sami.

     

    Et puis, parfois, le maire du palais devenait roi lui-même. Et certains devinrent même de grands rois, détail qui ne manque pas de faire rêver Boris ou Sami, lorsque le poids des dossiers pour celui-ci, la fatigue de la décapitation pour celui-là, les auraient par mégarde entraînés dans quelque sommeil coupable, passager.

     

    Car le vrai maire du palais ne dort pas. Jamais. Il ne doit pas. Nul murmure de la Cour ne doit lui échapper. Toujours à l’affût, le magister palatii aiguise à la fois ses appétits et le couteau sacrificiel, celui qui fera jaillir le sang des rivaux, pendant que le roi sommeille (comme chez Boris), ou se mire (comme chez Sami). Les soirées d’hiver sont longues, dans les temps mérovingiens, alors on tue le temps. Et, dans la foulée, tout adversaire qui pourrait vous faire de l’ombre. On tue pour la jouissance ou pour l’extase, comme chez Boris. On tue la contre-figure trop populaire, comme chez Sami.

     

    Oui, le maire du palais doit tuer. C’est le jeu. C’est le lot des choses humaines. Je vous laisse sur cette délicieuse odeur du sang. Et m’en vais relire ce chef-d’œuvre de Kipling. Un film de John Huston, aussi, interprété avec génie par Sean Connery : « L’Homme qui voulut être roi ».

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

  • Le scandale Billag

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Jeudi 09.09.10

     

    67 millions d’excédent. 67 millions qui dorment, par mauvaise gestion et pitoyable gouvernance. 67 millions, notre argent. C’est le scandale Billag, du nom de la Ferme générale chargée de prélever ce qu’on appelle pudiquement « redevance », et qui n’est rien d’autre qu’un impôt déguisé pour engraisser l’audiovisuel de service public en Suisse, ce que Pascal Couchepin appelait « radio d’Etat », ou « télévision d’Etat ». Les autres, les privés, en reçoivent quelques miettes, qu’ils feraient d’ailleurs bien mieux de refuser, ce que je conseille à tous les médias, radios ou TV, pour lesquels je produis des émissions.

     

    67 millions de trop, dont on se dit tout de suite qu’ils pourraient être redistribués. Non, exclu, répond le Conseil fédéral, la loi ne le permet pas. Parlons-en, de cette loi : une usine à gaz ! L’une des machines à Tinguely les plus tordues de l’ère Moritz Leuenberger. Le résultat d’un lobby éhonté de la SSR, jusque dans les Pas perdus du Parlement, pour faire tourner à l’avantage de ses seules prébendes la nouvelle législation. A ce jeu-là, les radios et TV privées se sont fait avoir : certaines d’entre elles, toute heureuses de jouer les petits mammouths et les petites SSR, là où elles auraient dû se comporter en entreprises, avec des risques et de l’audace, se rendent compte aujourd’hui de leur erreur.

     

    La redevance radio-TV est une relique d’un autre temps. Elle est un oreiller de paresse pour le Mammouth, qui ne cesse de mendier davantage de moyens, en donnant bien peu de preuves d’esprit entrepreneurial et d’imagination pour faire mieux avec moins. Un jour ou l’autre, ce mode de perception d’Ancien Régime disparaîtra. En attendant, on peut au moins espérer la gestion la plus rigoureuse possible de la part de l’entreprise chargée de prélever les fonds. Le conseiller national Andrian Amstutz (UDC, BE) a osé monter au front en déposant une motion dans ce sens, que le Conseil fédéral s’est empressé de rejeter. On espère que d’autres parlementaires, Monsieur Prix étant maintenant intervenu, prendront le relais. Pourquoi pas dans la délégation valaisanne ? Il y a des fois, dans la vie, où il faut savoir lever la Matze. Qu’on soit de Martigny, de Vétroz ou de Savièse. Pour Nendaz, j’oublie. Pour Grimisuat, je demande à voir.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

  • Antoni Mayer gagne contre Naxoo

     

    Sur le vif - Et sans codage ni cryptage - Mercredi 08.09.10 - 17.32h

     

    La presse locale ayant fait ses choux gras de l’éviction d’Antoni Mayer par Naxoo, en septembre 2009, suite à une affaire de travail au noir, on espère qu’elle ne passera pas sous silence la très belle victoire obtenue le 19 août dernier, devant le Tribunal des Prud’hommes, par cet homme d’honneur et de droiture, contre son ancien employeur. Que j’aie un mandat pour Léman Bleu et qu’il en soit le directeur éveillera bien sûr les plus vipérins des venins pour dire que je défends un ami. J’assume.

     

    Les Prud’hommes ne se prononcent pas sur l’affaire de travail au noir, pour laquelle Antoni Mayer avait été condamné à 120 jours-amendes avec sursis, pour violation de la loi sur les étrangers. Ils statuent sur les conditions du licenciement avec effet immédiat de l’ancien directeur de Naxoo, à qui le président de cette société, Michel Mattachini, reprochait notamment de ne pas l’avoir averti de sa condamnation.

     

    Eh bien Naxoo, en première instance en tout cas, perd. Et Antoni Mayer gagne. De solides indemnités devront lui être versées. Dans un document de 25 pages, les conditions du licenciement sont sérieusement remises en question, et il faut bien dire que le rôle de Pierre Maudet n’y est pas décrit sous son meilleur jour.

     

    Une victoire juridique claire et nette. Le début de réparation d’un tort moral. Reste à éclairer le rôle du politique dans cette affaire, la part de kabbale et de règlements de compte. Dans un domaine où l’intrication des pouvoirs publics, notamment la Ville de Genève, est à l’évidence excessive. Mais c’est une autre affaire.

     

    Pascal Décaillet