Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté - Page 1147

  • Les indignés de la 25ème heure

     

    Sur le vif - Vendredi 25.01.13 - 11.11h

     

    Je suis révolté, comme tout le monde, par la décision de la Commission des États sur les primes surévaluées. Mais ne suis pas dupe, une seule seconde, de l'aubaine que constitue pour certains politiques - en surjouant l'indignation - cette malheureuse décision.

     

    Ces indignés de la 25ème heure, qu'ont-ils mis en oeuvre, concrètement, pour éviter ce vote majoritaire des commissaires ? On sait la Commission des États, légendairement, sensible aux pressions. Nos indignés, leur lobbying à eux, sont-ils suffisamment montés le faire, à Berne ? La politique n'est pas affaire de morale, ni de pleurnicheries, mais de rapports de force. Aussi difficile à accepter soit son vote, il n'en demeure pas moins que la Commission de la Santé du Conseil des Etats est un organe souverain de notre démocratie. Plutôt que de pleurer, il faut s'employer à renverser le vote, au moment du plénum. Ce ne sera pas facile.

     

    Pour le reste, il y a hélas beaucoup de gesticulations. Un conseiller d'Etat, à Genève, qui en fait un peu trop dans le registre de la colère. Son homologue, sur Vaud, fidèle à lui-même. On accordera davantage de crédit à MM Buchs et Poggia: eux, au moins, se battent tous les jours de l'année, y compris hors caméras, pour la défense des assurés.

     

    Il y a un populisme de droite. Il y a un populisme de gauche. Il y a, oh oui, un populisme du centre. Et il y a, plus que tout, un pénible populisme de l'indignation.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Le journalisme en 2013, entre paravents et pleurnicheries

     

    Dimanche 20.01.13 - 10.30h

     

    Je me refuse depuis des années à accepter les invitations aux colloques de pleurnicherie sur l'état de la presse en Suisse romande. Où l'on passe des heures à se lamenter sur les méchants éditeurs, les méchants lecteurs, les méchants internautes qui tuent la presse papier. Comme si le papier était autre chose qu'un simple vecteur !

     

    Le problème numéro un de beaucoup de journalistes en Suisse romande n'est pas là. Il est dans leur absence de curiosité, d'imagination, d'inventivité, de combativité pour évoluer avec les nouvelles techniques de notre temps, qui sont non seulement fascinantes, mais très propices au développement du journalisme. Mise en ligne. Travail en réseau. Interactivité immédiate, développement d'intelligences collectives. Ou alors, possibilité extraordinaire, pour les solitaires, les individualistes (pour peu qu'ils soient sacrément bosseurs), de proposer aux gens leur univers à eux, rien qu'eux, avec leurs textes à eux, leurs images à eux, leurs sons à eux, leur mise en page à eux. Chacun, avec les outils d'aujourd'hui et de demain, peut proposer son journal. Ensuite, les gens aiment ou non, adhèrent ou non. C'est une autre question.

     

    Bientôt, on ne confondra plus journalisme avec journaux. On peut faire du journalisme sans cette intrication complexe qui s'appelle un journal papier. On peut, tous les jours, sortir un journal papier, sans que cela soit du tout du journalisme. Certains, en Suisse romande, s'y emploient à merveille.

     

    De quoi sont nés, techniquement, les journaux ? De la nécessité, à l'époque, de concentrer une équipe rédactionnelle à proximité immédiate de l'équipe technique, autour de la rotative qui, à minuit, sort chaque jour le bébé. C'est exactement dans ces conditions, au reste fascinantes, que j'ai exercé mes premières années au Journal de Genève, rue du Général-Dufour: nous produisions le journal d'un bout à l'autre, et savions pratiquement tout faire nous-mêmes. Il y a une trentaine d'années, on a commencé à avoir la possibilité technique d'éloigner l'imprimerie. Aujourd'hui, on peut parfaitement éloigner les rédacteurs les uns des autres.

     

    Mais on en est resté aux grosses équipes rédactionnelles, hypertrophiées, avec les rubriques, les chefs de rubriques, les sous-chefs de rubrique, les évaluations annuelles, les interminables conférences de rédaction, les ressources humaines, les horaires, les congés, les vacances, les propos venimeux de cafétéria les uns contre les autres, les rivalités internes, les ascensions des grimpaillons, toutes choses qui tuent la créativité, éloignent l'objectif premier qui doit être la création, la production, l'imagination. Et on laisse passer les années, et on se croit éternels, et un beau jour le quotidien meurt.

     

    Le problème numéro un, c'est l'hypertrophie des structures, le poids des habitudes, l'incroyable lenteur lorsqu'il faut affronter des techniques nouvelles. Le reste, ce ne sont que paravents, prétextes et pleurnicheries.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Aux ricaneurs du PDC

     

    Commentaire publié dans le GHI - Mercredi 16.01.13

     

    Amis PDC,

     

    Dimanche soir, Delphine Perrella Gabus, fidèle militante et ancienne candidate à la présidence de votre parti, annonçait son passage au MCG. Certains d’entre vous ont cru bon de ricaner. Demain,  cela pourrait bien être le député et brillant chirurgien Philippe Morel, comme ce fut, par le passé, Mauro Poggia. A chaque fois, vous ricanez.

     

    Vous avez tort. Parce qu’au lieu de vous gausser, comme des notables se croyant éternels, vous feriez mieux de vous demander pourquoi certains membres de votre parti - et l’hémorragie n’est pas finie – passent avec armes et bagages chez M. Stauffer. Oui, vous feriez mieux de vous livrer à un minimum d’introspection sur le véritable état de votre parti.

     

    Et ne venez pas me parler de vos valeurs. Je les connais mieux que vous. A part Fabiano Forte, et sans doute un ou deux autres, je ne connais plus personne, dans votre section genevoise, qui soit capable de tenir une conversation sur Léon XIII, la Doctrine sociale, le Sillon, le Zentrum, ou même la Democrazia Cristiana et les pères de l’Europe. Vous êtes devenus ignares de votre propre essence, de votre Histoire. A Genève, vous êtes juste un parti de notables, entre clans familiaux, automatismes locaux, petites facilités entre amis.

     

    Vous n’avez, aujourd’hui, plus aucune ligne. Votre actuelle présidence n’existe pas. Vous êtes juste là, à regarder partir certains des meilleurs des vôtres, en ricanant. Eh bien, ricanez, mes amis. Vous êtes les héritiers d’un grand parti, qui a donné au canton des hommes d’Etat, comme Jean-Philippe Maitre. Mais cet héritage, qu’en avez-vous fait ? Vous avez certes de bons candidats au Conseil d’Etat, mais votre parti, aujourd’hui, son profil, ses priorités, c’est quoi, exactement ? Il vous reste le choix : vous ressaisir, ou continuer de ricaner. Comme vous voudrez.

     

    Pascal Décaillet