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Liberté - Page 1150

  • Coire-Paris, aller simple

     

    Sur le vif - Dimanche des Rois - 06.01.13 - 14.34h

     

    Ne serait-il pas plus simple, après réflexion, que Mme Widmer-Schlumpf devienne directement ministre de la République française ? Au moins, les choses seraient claires. La verticalité de l'allégeance, sans ambiguïté. Ca nous éviterait toutes sortes de malentendus. La vie parisienne, et pourquoi pas au sens d'Offenbach, ferait du bien à la Grisonne. Elle pourrait initier nos amis jacobins à la complexité des Ligues Grises, à côté desquelles celles de la regrettée Maison de Guise font figures de paisibles clubs de pétanque. En échange, juste du bout des lèvres, quelques menus cours de français, oh trois fois rien, juste apprendre les mots fidélité, loyauté, lire un peu Verlaine, tiens disons Sagesse. Que du bonheur.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Pompidou, suite et pas encore fin

     

    Samedi 05.01.13 - 18.44h

     

    Il est très rare que je lise un livre politique deux fois de suite. C'est pourtant ce que je viens de faire, avec les "Lettres, notes et portraits, 1928-1974" de Georges Pompidou, dont j'ai déjà parlé ici le 24 décembre dernier (http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2012/12/24/pompidou-un-livre-a-lire-absolument.html), et dont je viens de relire avec une extrême attention de nombreux passages.



    Ce qui m'intéresse, c'est la motivation de monter vers le pouvoir, chez Pompidou. D'un bout à l'autre de l'ouvrage, dès les lettres de 1930 (il a 19 ans) à son ami Pujol, jusqu'en 1969 (son élection à la Présidence de la République), il ne cesse de clamer que le pouvoir politique ne l'intéresse pas, que la vraie vie est ailleurs, par exemple en littérature, où ce Normalien excelle. Une tension dialectique interne que je puis, profondément, comprendre.



    Il ne cesse de le dire, et, plus il le répète, moins nous le croyons. Parce que toute la réalité de son existence, au contraire, évidemment à partir de septembre 1944 (sa rencontre avec de Gaulle, il se met à son service, à la Libération), est celle d'une implication totale, certes souvent dans l'ombre, dans la glaise politique. Toute sa correspondance des années 1946-1958 (la Quatrième République, de Gaulle traverse le désert, mais Pompidou, lui, au service du Général, sait tout, voit tout, entend tout), révèle un homme d'une habileté diabolique.



    Son génie : arriver à chaque fois (chef de cabinet du Général à Matignon de mai à décembre 1958; Premier Ministre en 1962; Président en 1969) comme un homme qu'on serait venu chercher. Jeu de masques, évidemment, que tout cela. Extraordinaire savoir-faire de cet homme de très grande valeur. Avec lui, le héros du 18 juin, l'homme mythique, hors normes, légendaire, pouvait compter sur le pragmatisme d'un terrien. Un couple de rêve, au fond, où l'un complète l'autre.



    Je crois que vais lire ce bouquin une troisième fois.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • La Suisse en 2012 : un pays attaqué, mais en bonne santé !

     

    Edito publié aujourd'hui dans le Giornale del Popolo, sous le titre "Paese sotto attaco, ma in salute" - Samedi 05.01.13

     

    La première bonne nouvelle, en forme de bilan de l’année 2012, c’est l’incapacité totale de nos amis les Mayas à émettre la moindre prévision correcte : à l’heure où j’écris ces lignes, début 2013, la Suisse, le monde, la planète, sont encore là, et la fin des temps est remise à une date ultérieure ! L’autre bonne nouvelle, c’est que la Suisse, malgré les incroyables pressions qui pèsent sur elle de la part de ses chers voisins, se porte finalement plutôt bien : notre taux national de chômage, autour de 3%, est sans comparaison avec ceux des pays qui nous entourent. Il fallait tout de même commencer par dire cela, avant d’en venir à l’examen de détail de nos préoccupations. Qui restent, toujours en comparaison internationale, les soucis d’un pays riche, prospère, où le niveau de vie, celui de formation, la santé publique, la sécurité, la qualité d’existence demeurent très enviés, loin à la ronde.

     

     

    Venons-en à 2012. De même que le vingtième siècle a commencé en 1914, il se pourrait bien que l’année 2012 ait vu son véritable début politique…  le 12 mars ! Ce dimanche-là, le peuple (50,6%) et une majorité de cantons (12 + 3 demi-cantons) acceptaient l’initiative de Franz Weber « pour en finir avec les constructions envahissantes de résidences secondaires ». C’était une bombe. Révélant au pays l’importance, pour nos compatriotes, d’un aménagement du territoire mieux contrôlé qu’aujourd’hui. Des cantons comme Zurich, Berne, Genève acceptaient le texte. Le Tessin le rejetait à 54%, tout comme le Valais, canton touristique, à près de 74% ! Une Suisse véritablement coupée en deux, non sur la barrière des langues, mais sur la plaine et la montagne, les grands centres économiques face aux régions périphériques. Une césure dont on n’a pas fini de parler, et qu’il sera très intéressant d’observer le 3 mars 2013, dans deux mois, lors de la votation fédérale sur l’aménagement du territoire. Oui, les Suisses aiment la qualité de leurs paysages, veulent avoir leur mot à dire sur les questions d’urbanisme, n’ont aucune envie de voir leur pays transformé en une immense cité-dortoir, où il n’y aurait plus ni ville, ni campagne.

     

     

    L’autre leçon de 2012, c’est que notre pays ne peut pas compter sur grand monde d’autre que sur lui-même ! Finie, la Suisse aimée et câlinée pas ses voisins, voici maintenant le temps d’une Suisse attaquée, de partout, avec une fureur de plus en plus forte, autour de son système fiscal. Nos voisins allemands, français, mais aussi les Britanniques, les Américains, l’Union européenne nous font procès de notre laxisme, et de notre très grande «réceptivité » à l’évasion fiscale venue de leurs propres pays. Et le ton n’est plus du tout à la politesse : la Suisse est houspillée, vilipendée, mise sous pression. Il n’est pas sûr, face à cette véritable guerre lancée contre nous, que nous ayons pu compter, avec la présidente de la Confédération 2012, sur le meilleur appui, le meilleur stratège, la plus farouche détermination à défendre le pays.

     

     

    Oui, Mme Widmer-Schlumpf a posé problème. Non, ses négociateurs ne furent pas les meilleurs de notre Histoire. Non, il n’est pas compréhensible qu’elle donne l’impression, fin 2012, d’entrer en matière sur l’échange automatique d’informations, alors qu’elle n’en a reçu nul mandat, de personne. A tel point que même le président du PLR suisse, Philipp Müller, s’est énervé en fin d’année, attaquant avec beaucoup de violence la présidente. Dans ce conflit, début 2013, rien n’est résolu : les pressions de nos voisins vont continuer, le débat interne aussi, les uns accusant les autres de trahison. Nous montrons hélas beaucoup de faiblesse dans la gestion de cette crise.

     

     

    Au final, un pays en bonne santé économique. Dont les institutions fonctionnent. Dont la dette est beaucoup moins vertigineuse que celle de nos voisins, ceux qui justement nous font la leçon. Un pays dont la cohésion sociale, elle aussi, se porte plutôt bien, sans doute grâce au tissu de conventions collectives datant de la paix du travail (1937). Mais un pays attaqué. Un pays qui doit définir ses valeurs, démocratiquement, mais ensuite les défendre avec beaucoup plus d’unité qu’aujourd’hui. Un pays qui doit se battre pour demeurer compétitif. Un pays ni meilleur, ni pire que les autres. Mais c’est le nôtre. Il est petit, il est fragile, il n’a pas à rougir de ce qu’il est. Peut-être devrions-nous davantage lui montrer que nous l’aimons.

     

     

    Pascal Décaillet