Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté - Page 1145

  • Avec Christian Varone

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 31.08.12

     

    Un homme seul. Il a certes sa famille, ses amis, d’innombrables messages de sympathie. Et, au sein de sa formation politique, son clan de partisans. Mais dans la vie, et surtout dans la difficulté, on est toujours seul. Je mesure ce que doit éprouver Christian Varone, le poids du lâchage et de la trahison, la mielleuse délicatesse des défections, ceux qui s’en vont, vous savez, sur la pointe des pieds, sans faire de bruit. Ceux, prétendument de votre camp, qui vous traitent ici même de « page blanche », ou n’attribuent votre mérite, votre vertu, qu’à la « bienveillance du camp majoritaire ». Comme si, depuis 75 ans, cette compatibilité n’avait été un élément déterminant pour faire élire les grands magistrats radicaux de ce canton.

     

    Page blanche ! L’image est belle, elle a la moiteur blême de la main qui tient la dague. J’ignore tout de cette candeur, mais je sais, lorsqu’il a fallu gérer l’affaire du tunnel de Sierre, là où nous tous aurions flanché, qu’on ne se souciait guère de savoir si la page était blanche ou grise. Parce qu’on avait face à nous la rudesse d’un courage, la trempe d’un caractère. Une attention infinie, aussi, à la dimension du tragique, la rupture de tous ces destins, ce malheur qui fait chavirer les âmes. Ça n’est certes pas un blanc-seing pour devenir ministre, mais enfin je ne sache pas non plus que ça détermine le contraire, ni de subtils distinguos sur « la main ferme » et « la main heureuse ». En un mot comme en mille, lorsqu’il fallait être là, Christian Varone le fut.

     

    Le 6 septembre, à Conthey, le PLR fera son choix. Je ne suis pas sûr qu’il ait absolument besoin des « Lumières de la Raison » pour se déterminer. Laissons chacun de ces militants écouter le fond de son cœur, la petite voix de l’intérieur qui se passera bien de l’Appel aux Equerres pour dessiner la géométrie de la décision. Si cette instance devait élire Christian Varone comme candidat, alors tout deviendrait possible. Pourquoi ? Mais parce que l’autre instance, finale, la seule qui vaille, le peuple valaisan du printemps 2013, je peux vous dire qu’elle donnera avec une souveraine majesté sa réponse à tout cet océan de miasmes et de salissures qui, de l’interne bien plus que de Turquie, aura sévi en cet été caniculaire. Parce qu’il s’agit d’élire un conseiller d’Etat. Et que la seule instance apte à le faire, est le corps électoral. Pas la justice turque. Pas l’ambassade turque. Pas la presse satirique. Pas les éditorialistes. Pas vous. Pas moi. Non : le peuple en armes, non celui qui fait du bruit, mais celui qui vote.

     

    Et ce peuple électeur, nul n’a de leçon à lui donner. Si M. Varone est candidat, seul le peuple jugera. Il l’élira. Ou ne l’élira pas. Mais foin des juges, foin des censeurs, foin des moralistes de la 25ème heure. Il y aura le peuple. Il y aura une décision. Cela s’appelle, tout simplement, la démocratie.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • André Steiger: un grand nous quitte

    steiger.png&sa=X&ei=xeM8UM7bDOXZ4QS42YHQAg&ved=0CAQQ8wc&usg=AFQjCNFx7WW6wzgGogQA1Ms9ggxTVt7Ohg

    Mardi 28.08.12 - 17.22h


    Juste un ou deux souvenirs, pour l'heure, pêle-mêle, Brecht et Shakespeare. Et puis deux cents autres, tant il fut partout, infatigable créateur, dans le théâtre romand.


    André Steiger, qui vient de nous quitter à 84 ans, était un géant de nos planches. Derrière l'homme au cigare, l'acteur, le metteur en scène, il y avait l'impétueux souci théorique de ce que doivent être le geste, la situation, la parole du théâtre. Sa culture dramaturgique, à l'égal d'un Claude Stratz, d'une Martine Paschoud, était immense.


    D'autres rendont hommage, dans les heures qui viennent, à l'un des hommes qui auront, entre autres, le mieux fait connaître l'univers d'un Bertolt Brecht à la Suisse romande. Nous croiserons, ce soir 19h dans Genève à chaud, les regards de deux directeurs de théâtre, Hervé Loichemol pour la Comédie, Philippe Macasdar pour Saint-Gervais.


    Nous n'oublierons pas le parcours de cet homme, qui ne vivait que par la création théâtrale, au sujet d'elle, et autour d'elle. Il en était habité, et l'habitait. Hors de cela, j'ignore tout de sa vie. Et c'est peut-être sans importance.


    Pascal Décaillet



  • Fiscalité : le réveil salutaire du centre droit

     

    Sur le vif - Samedi 25.08.12 - 16.01h

     

    Face aux attaques hallucinantes lancées, en matière de fiscalité, contre la Suisse, il convenait depuis longtemps de hausser le ton. Une bonne partie de la classe politique suisse, hélas, a mis des années à courber l’échine, voire enfouir la tête sous le sable, comme si la cécité pouvait empêcher la tempête. Depuis des années, notre pays donne l’impression de suivisme, n’ayant jamais l’initiative, se contentant au mieux, comme un enfant pris en faute, de tenter d’inventer des répliques, au coup par coup.

     

    Il fallait réagir, oui. Au centre droit, famille charnière dans ces questions-là, Philippe Nantermod fut le tout premier, il y a trois semaines, à déclarer que l’accord sur les successions, avec la France, devait être rejeté. Aujourd’hui, face aux délégués du PDC suisse, à Bâle, c’est Christophe Darbellay qui a donné de la voix, à propos cette fois des Länder allemands, notamment du ministre des Finances de Rhénanie du Nord – Westphalie, et de l’achat de CD contenant des données fiscales volées : « Un Land allemand qui soutient des pratiques illégales est indigne d’un Etat de droit démocratique et européen. Nous n’acceptons pas ces méthodes criminelles, et encore moins d’être noircis et accusés au bout du compte ».

     

    Entre Nantermod et Darbellay, il y eut trois semaines d’un salutaire réveil dans la famille du centre droit. Beaucoup d’autres personnalités politiques situées dans l’espace entre la gauche et l’UDC, qui jusque-là brillaient par leur discrétion quand elles ne rasaient pas les murs, ont enfin laissé sortir un autre discours que celui d’une culpabilité qui n’a absolument pas lieu d’être. La Suisse, depuis des années, est attaquée, avec une hargne inouïe, par des pays qui n’ont strictement aucune leçon à lui donner en matière fiscale : les Etats-Unis et la Grande Bretagne ont des paradis fiscaux, l’Allemagne et surtout la France pratiquent des taux totalement confiscatoires. La France se révèle incapable, depuis bientôt quatre décennies, de nous sortir un seul budget qui ne soit pas dans les chiffres rouges. Face à cela, la Suisse, avec son frein à l’endettement, ses mécanismes anti-déficits, n’a absolument pas une seule seconde à rougir.

     

    Je dois avouer que ce réveil rhétorique du centre droit me surprend en bien, il nous sort du marais poitevin, des silences attentistes. Il affirme, en matière fiscale en tout cas, la solidarité de ces partis avec le reste de la droite suisse, celle qui n’a pas attendu cet été pour agir par voie de démocratie directe. Voilà au moins un effet intéressant, sur notre plan intérieur, des chantages de Washington, Londres, Paris et Berlin : ils auront contribué à une amorce de réconciliation des différents courants de la droite suisse.

     

    Quant aux ennemis de l’intérieur, avec leur naïveté, leurs illusions d’ordre multinational, leur appel à « l’interdépendance », leur ignorance totale des vraies contingences de l’Histoire, qui sont rapports de force et rien d’autre, en un mot leur inculture, laissons-les à leurs illusions. Unies, les droites suisses ne représentent pas loin de deux tiers du corps électoral, assurément du Parlement fédéral. Qu’elles le fassent savoir. Nous avons, sous la Coupole fédérale, l’une des députations les plus à droite d’Europe, l’un des partis socialistes les plus timides. Pourquoi diable les représentants des partis dits « bourgeois » sont-ils aussi timides, là où ils sont clairement majoritaires, et ont mandat du peuple d’agir dans un certain sens? Nous sommes là dans le domaine de l’inhibition. Je n’ai pas de réponse. Et la psychanalyse ne relève pas de mes compétences.

     

    Pascal Décaillet