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Liberté - Page 1005

  • "Grand Genève" : le peuple doit se prononcer

     

    Sur le vif - Lundi 19.05.14 - 09.21h

     

    Le Conseil d'Etat genevois va-t-il continuer, comme si de rien n'était, comme si rien ne s'était passé hier, de nous propager son idéologie du "Grand Genève", abstraite, hors sol, géométrique, théorique, et surtout dépourvue de toute onction démocratique ?



    On nous dit que le "Grand Genève" existe. C'est vrai, sur le plan économique. Mais il ne s'agit pas de cela. Il n'a jamais été question de ne pas collaborer avec nos voisins. Je n'ai, pour ma part, jamais accepté de les stigmatiser. Non, la question, c'est celle de donner de l'argent, ou même (entend-on) une armature institutionnelle à un projet qui n'a jamais été avalisé par le peuple.



    Ce qui manque au "Grand Genève", c'est une légitimité démocratique. Il importe donc, sans attendre, de lancer dans ce canton un vaste débat politique, où tous pourront s'exprimer, sur un projet précis, lisible, identifiable, qui soit perçu par les citoyens autrement que comme un club d'élites transfrontalières, ou une usine à gaz. Et puis, un beau dimanche, le peuple votera. Et sa décision, quelle qu'elle soit, je serai ce jour-là le premier à l'accepter.



    Mais, Messieurs du Conseil d'Etat, on ne fonde nulle politique durable, en Suisse, en bâtissant sur du sable. Autrement dit, en sautant l'étape d'un vaste débat démocratique, aboutissant à une décision du peuple. C'est lui, le véritable souverain. Et non le parfum d'arrogance de quelques locataires du pouvoir.

     

    Pascal Décaillet

     

  • "Grand Genève" : la fin du mirage

     

    Sur le vif - Dimanche 18.05.14 - 16.36h

     

    Au Grand Conseil, le MCG et l’UDC totalisent 31% des sièges, un petit tiers. Devant le peuple, aujourd’hui, sur un sujet de forte importance symbolique, ils emportent la majorité (51,1%) des voix. Ils sont donc suivis, pour refuser le financement genevois des parkings P+R en France voisine, par 20% d’un électorat qui n’est pas le leur, mais qu’ils réussissent à aller ravir aux autres partis. Pour la Nouvelle Force (que l’arrogant président du Conseil d’Etat, François Longchamp, croit bon sur la RTS d’appeler « Nouvelle Farce »), la victoire est considérable. Non seulement parce qu’elle montre la marge de progression qu’a devant lui ce Tiers Etats encore méprisé par les notables. Mais aussi, parce que c’est une victoire acquise dans le cœur de cible de leur combat : le rejet d’une idéologie transfrontalière qu’ils jugent abstraite, théorique, hors sol. Le corps électoral genevois, dans une majorité certes serrée mais bien réelle, leur a donné raison.

     

    Il n’est pas dénué de sel, ni de saveur, que cette victoire populaire intervienne au lendemain d’une défaite parlementaire, disons plutôt une pantalonnade, où, pour protéger le président du Conseil d’Etat et les siens, l’éternelle coalition d’intérêts du CEVA (elle tient depuis le 29 novembre 2009) a préféré la coagulation à la transparence. Puisse le peuple en garder quelque mémoire lors des échéances municipales, dans moins d’un an. Hier, au Parlement, se comportant comme s’il était chez lui, et parlant aux élus du peuple comme s’il était leur chef, le président du Conseil d’Etat a traité de menteurs une partie de la députation. Le même homme, il y a quelques mois, avait exigé du Grand Conseil un vote nominal, bafouant le principe de séparation des pouvoirs. On eût aimé, ce jour-là, entendre le président du Grand Conseil, toujours si aimable avec les ministres. Le même homme encore, au procès de la Banque cantonale, au mépris de la séparation des pouvoirs entre le judiciaire et l’exécutif, avait joué les Zorros, chargeant des accusés que la justice allait, plus tard, acquitter.

     

    Les partisans du « Grand Genève » tireront-t-ils la moindre leçon de leur défaite d’aujourd’hui ? Continueront-ils de nous concocter en laboratoire des recettes mathématiques dont la population ne veut pas ? Vont-ils encore longtemps passer accords et contrats avec la France voisine, sans que ces derniers ne reçoivent l’onction de la moindre légitimité démocratique ? Sur un plan de politique intérieure, les partis de l’Entente (PLR + PDC) vont-ils, sous prétexte de grands mirages transfrontaliers ou d’idéologie patronale ne voyant que le profit à court terme (au détriment du corps social local), prendre de haut les partis de la Nouvelle Force avec lesquels ils auraient pourtant beaucoup à entreprendre ? Vont-ils jusqu’au bout, aveuglément, soutenir un président du Conseil d’Etat dont l’arrogance, de plus en plus, le dispute à la personnalisation du pouvoir ?

     

    Telles sont les questions posées cet après-midi, en filigrane de cette votation. La défaite des conceptions de cabinet, abstraites et filiformes. Et surtout, comme un éveil au réel, la fin d’un mirage.

     

    Pascal Décaillet

     

  • CEVA : le Parlement enfariné, mais heureux

     

    Sur le vif - Samedi 17.05.14 - 11.18h

     

    Grand Conseil, séance spéciale CEVA + SIG.

     

    En définissant, juste avant 11h, un providentiel "comité d'experts" mandaté par le Conseil d'Etat comme plus crédible qu'une émanation des représentants du peuple, Luc Barthassat montre en quelle estime il tient le Parlement. Et nous brandit l'ultime ficelle. On s'adapte vite, quand on passe du côté du pouvoir.



    Triste jeu de masques. A l'image de cette l'intervention d'une rare arrogance - une de plus - du président du Conseil d'Etat. Le Petit Prince se croit chez lui, fait la leçon aux élus du peuple, comme s'il était leur chef. Et finit même, dans une chute longuement mûrie, par traiter de menteurs une partie d'entre eux. Il nous rejoue la scène de sa déposition au procès de la Banque cantonale. Les députés qui ont applaudi à cette galéjade ont-ils bien intégré la mission de contrôle qui est la leur ? Rappelons que le degré de connaissance du retard du CEVA qu'avait François Longchamp l'automne dernier - et son éventuelle volonté de reporter l'annonce de ce retard après les élections - sont au coeur du sujet. Qui est éminemment politique, et pas technique, comme on veut le faire croire.



    Le vrai problème, ce ne sont pas les retards du CEVA. Mais la gestion politique de l'information par le Conseil d'Etat, en période électorale. A-t-on, en haut lieu, l'automne dernier, imposé le silence sur une information majeure, qui eût été de nature à péjorer le résultat électoral des apôtres du CEVA ? Si oui, d'où vient la consigne de silence ?


    Dans ces conditions, on s'abstient au moins d'applaudir le Monsieur Dimanche du samedi, tant que la lumière n'est pas faite. Pour l'heure, elle ne l'est assurément pas.


    Singulier Parlement, qui abdique si vite de sa tâche de contrôle, pour se presser d'ovationner (est-ce là son rôle ?) le ministre exécutif sur lequel il devrait justement enquêter.


    Le vrai problème du CEVA, depuis des années, c'est cela. Cette coagulation des intérêts de ceux qui détiennent les manettes du pouvoir. Et les cordons de la bourse. En lieu et place d'un débat, ce matin, les attaquants n'étant au reste pas partis au combat en ordre de bataille, et d'étranges défections s'étant produites en leur sein, nous n'eûmes que limonade sans limon. Et pantalonnade sans pantalon.



    La CEP, d'ici une heure, sera donc refusée, et l'ordre règnera sur Genève.

     


    Comme toujours.

     

     

    Pascal Décaillet