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Liberté - Page 1004

  • Grand Genève : la parole au peuple !

     

    Publié dans GHI - Mercredi 21.05.14

     

    Le Grand Genève, ce dimanche 18 mai, s’est fait tout petit. Par la grâce d’un vote du peuple souverain, qui a refusé, à 51,1%, de cofinancer les parkings P+R en France voisine. Il s’agissait, tout le monde en avait convenu durant la campagne, d’un vote symbolique. Eh bien c’est fait, le symbole est là : une majorité du corps électoral a donné le signal d’un coup d’arrêt à l’idéologie du « Grand Genève », prônée par le Conseil d’Etat sans la moindre assise populaire. Une approche hors sol, théorique, concoctée en haut lieu sans avoir requis l’aval de la population. Ce dimanche, le peuple n’a pas dit non à la collaboration avec nos voisins, il n’a en rien stigmatisé ces derniers, ni l’amitié qui nous lie à eux. Il a juste dit non à une conception géométrique, abstraite, tricotée au-dessus de lui, dans quelques cercles lointains de décideurs.

     

    Dans l’actuel « Grand Genève », tout est faux. A commencer par ce nom, qui respire la suffisance et installe la fiction d’une région dont Genève serait la capitale. C’est sans doute vrai économiquement, mais totalement faux sur le plan institutionnel : aussi proches que nous soyons de nos voisins français, aussi intimes soient nos liens sur le marché du travail, il n’en reste pas moins qu’entre Annemasse et Genève, Saint-Julien et Genève, Ferney et Genève, existe une frontière nationale. Entre un pays qui s’appelle la France, et un autre qui s’appelle la Suisse. Nous sommes proches, amis, respirons le même air sous le même ciel, mais nous sommes les produits d’une Histoire différente, d’alliances différentes, de rattachements différents au cours des siècles. Le nier, le passer par pertes et profits au nom d’une idéologie, c’est courir à la catastrophe : on ne construit pas une politique sur du sable, mais sur des réalités.

     

    Oui, les frontières, ça existe encore. Peut-être même ont –elles de très beaux jours devant elles, et l’illusion de conglomérats multinationaux est-elle à bout de souffle. Prochain indice tangible : les élections européennes du 25 mai prochain. Je vous incite cordialement à y prêter quelque attention. Les peuples de ce continent sont en phase de réveil. Ils aspirent à prendre en mains leurs destins par des élans citoyens venus d’en bas. De plus en plus, ils se méfient des technocrates. Le peuple de Genève, qui n’est ni meilleur ni pire qu’un autre, partage ces aspirations. Il est très ouvert aux échanges avec les Départements français qui nous entourent, ne nourrit nul ressentiment pour leurs habitants, se félicite de la vitalité économique de la région. Mais il commence à en avoir assez que quelques élites, là-haut, dessinent sans le consulter les contours d’une collaboration économique, voire institutionnelle et politique.

     

    Le corps des citoyens genevois doit pouvoir se prononcer sur le destin transfrontalier de son canton. Il nous faut un vaste débat populaire, où tous pourront s’exprimer. Il nous faut un objet de vote précis, lisible, identifiable, et non une usine à gaz dans le brouillard. Et un beau dimanche, nous trancherons. Nous dirons oui. Ou nous dirons non. Mais ce sera notre décision. Elle sera puissante, légitime. Alors que pour l’heure, les marchands de sable nous empêtrent et nous enfument. Citoyens, reprenons notre pouvoir.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Camp du Bien

     

    Chronique publiée dans Lausanne Cités - Mercredi 21.05.14
     
     
    J’étais pour les Gripen, le peuple a dit non, je l’accepte. C’est le lot de notre démocratie : prendre acte de la décision du souverain, plutôt que de pérorer sur un peuple mal informé, qui aurait mal voté, se serait laissé avoir « par les sirènes du populisme ».


     
    Je m’incline, mais note deux poids et deux mesures. Ainsi, ces commentateurs enragés, dès le lendemain du vote, exigeant le départ d’Ueli Maurer. Les mêmes, au lendemain du 9 février, réclamaient-ils la démission de Didier Burkhalter ? Non, bien sûr. Parce que M. Burkhalter représente le Bien. Et Ueli Maurer, le Mal. Le premier, on l’épargne. Le second, on le vilipende.


     
    Peut-être le Gripen n’était-il pas l’avion adéquat. Peut-être aussi M. Maurer a-t-il raté sa campagne. C’est vrai qu’avant de choisir un avion, nous aurions bien voulu connaître, défendues avec clarté et conviction, la nature de l’ennemi potentiel, et les priorités de notre stratégie. Faute de ces prémisses, l’avion est apparu comme le joujou d’un lobby militaro-industriel éternellement gâté. Dont acte.


     
    Mais alors, si l’on exige le départ d’un ministre ayant raté sa campagne, il fallait d’urgence, dès le soir du 9 février, demander la tête de M. Burkhalter. Dès son discours présidentiel du 1er janvier, il s’était engagé personnellement. Avec l’appui du patronat, il avait mis des moyens considérables. Et au final, il a perdu. Mais pour lui, silence et mansuétude. Parce qu’il incarne le camp du Bien.


     
     
    Pascal Décaillet

     

  • Le cadeau empoisonné à M. Dal Busco

     

    Sur le vif - Mardi 20.05.14 - 10.21h


    Nous avons été les premiers, il y a quelques semaines, à pointer les problèmes de l'Office des Bâtiments, à Genève. Il y a deux semaines, nous dévoilions le chiffre de 750 millions, avancé devant la Commission des Finances par le chef de cet Office, dont on apprenait par hasard le départ quelques jours après. 750 millions, nécessaires selon lui à la rénovation du parc immobilier de l'Etat.

     

    Comment fut opérée, ces deux dernières années, la direction politique de cet Office ? Comment furent décidés les arbitrages financiers ? Toutes ces questions, nous les poserons lundi 26 mai, à GAC, à Serge Dal Busco, qui écope là, en reprenant cet Office, d'un cadeau empoisonné.



    Les citoyens de ce canton veulent savoir pourquoi on n'arrive pas à débloquer les sommes nécessaires à la rénovation d'écoles qui tombent en lambeaux, sujet que nous avons traité la semaine dernière dans GHI. Tant qu'ils n'auront pas la réponse à ces questions, et qu'on répondra par la rigidité de lignes budgétaires figées, ou l'application métronomique de plans quinquennaux, il sera vain - et déplacé - de venir leur parler de Grand Genève ou d'investissements en France voisine.



    Pour l'heure, la responsabilité politique d'éventuelles errances à l'Office des bâtiments doit être établie. Il n'est pas question que M. Dal Busco, qui hérite d'une situation, soit tenu pour responsable de fautes qui lui seraient antérieures. Idem M. Barthassat, pour le CEVA. Mais alors, Messieurs les Conseillers d'Etat PDC, montrez-nous que vous savez faire le ménage. Et vous affranchir de quelques lourdes tutelles, internes à votre collège.

     

    Pascal Décaillet