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Liberté - Page 1000

  • Oui au mariage pour tous

     

    Sur le vif - Jeudi 11.12.14 - 17.58h

     

    Dans l’espace public, notamment sur les questions de société, quand on s’engage, il faut être clair. Sur certains sujets, point n’est besoin de palabrer des heures : c’est oui, ou c’est non. Ainsi, ce que nos amis français appellent le mariage pour tous. Il y a ceux qui sont pour. Ceux qui sont contre. Eh bien pour ma part, je suis pour. Et, comme je n’ai pas l’habitude de camoufler mes opinions, je le dis. J’aurai contre moi bien des gens, bien des milieux, qui ont d’ailleurs parfaitement le droit d’être contre. Mais j’aurai manifesté un engagement sur la place publique. Je n’ai jamais écrit pour plaire. Ni pour faire plaisir.

     

    La cause homosexuelle a considérablement évolué ces trente dernières années. Il est maintenant acquis que nulle discrimination ne doit être à l’ordre du jour. Dès lors, appliquons-le, ce principe, à l’institution qui régit et codifie, devant la loi, l’union civile de deux personnes. Pourquoi les uns auraient-ils droit au mariage, les autres au seul PACS, qui n’apparaît que comme une étape intermédiaire, inachevée, sur le long chemin de la non-discrimination ?

     

    Je rêverais qu’en Suisse, cette égalité statutaire dans le mode d’union de deux êtres puisse s’acquérir, ou tout au moins se discuter, autrement dans que dans le fatras, le fracas et le tintamarre qui marquèrent, jusqu’à la caricature, le débat français. Chez nos voisins, on s’est insulté, étripé, on a hurlé par dizaines de milliers dans les rues, on a laissé resurgir les vieilles passions françaises sur les sujets de société, d’un côté des partisans cassants, de l’autre des opposants affichant les vieilles postures contre-révolutionnaires dont notre éminent voisin a le secret.

     

    Oui, je rêve qu’en Suisse, nous en venions un jour à empoigner ce sujet, dans la tradition de discussion qui est la nôtre. Avec des pour, des contre, un vaste débat national, et un beau dimanche une votation populaire. Ce jour-là, si j’ai la chance de le vivre, j’accepterai le résultat, quel qu’il soit, me réjouissant si le oui l’emporte, m’abstenant d’insulter les vainqueurs dans le cas contraire. Nous ne sommes pas un pays de la dichotomie, noir ou blanc, comme la France : républicaine ou royaliste, pour l’Eglise ou pour la Séparation, pour ou contre Dreyfus. Bien sûr, si le sujet parvient un jour au peuple, il faudra dire oui ou non. Mais je crois profondément que la Suisse, ce pays dont j’aime la secrète fragilité, pourra, le jour venu, vivre sur ce sujet un débat pluriel et enrichi, dans toute la polyphonie de nos résonances, de nos différences. Je suis sûr que notre tradition démocratique nous évitera le triste théâtre qui fut celui de la genèse de la loi Taubira.

     

    Vous me direz que ce sujet n’est pas aujourd’hui à l’ordre du jour en Suisse, au moment où le Parlement vient de se pencher sur un texte emberlificoté dont seul le PDC a le secret. Vous me direz cela, et vous aurez raison.  Pour lancer un débat, il faut que les esprits soient mûrs : le faire trop tôt ne sert à rien. Tout cela est vrai. Tout cela est juste et bon. Tout cela respire le raisonnable. Mais moi, je vous dis juste que je suis favorable à l’égalité du mode d’union entre couples homosexuels ou couples hétérosexuels. Je n’aborde pas ici la question de l’adoption. Le parti que j’ai pris, je le tiendrai et le défendrai. En espérant qu’un jour, le sujet soit saisi par le corps de mes concitoyennes et concitoyens, ce suffrage universel auquel vous connaissez mon indéfectible attachement.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Cessons d'attaquer l'Etat !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.12.14
     
     
    J’ai suivi jour après jour, heure après heure même, les longues querelles autour du budget 2015. Il y a, comme tous les ans, une part de tragi-comédie. Laissons aux politiciens les petites joies de ce théâtre. Prenons juste un peu de hauteur. Et plaçons les attaques contre la fonction publique, particulièrement vitriolées en cet automne 2014, dans leur contexte : celui d’une véritable offensive des milieux libéraux, voire ultra, contre tout ce qui ressemble au service universel, tout ce qui provient de l’Etat. Cela, pour une raison simple : ces gens-là n’ont pas la culture de l’Etat. Tétanisés par le seul mirage de la réussite individuelle, ils ne parviennent pas à entrevoir la beauté de la construction collective d’une communauté humaine.


     
    Il ne s’agit pas ici de défendre des privilèges. Assurément, la fonction publique n’en est pas dépourvue, notamment pour les hauts cadres. Il lui appartient, dans chaque Département, de faire le ménage. Mettre fin au copinage, aux prébendes et aux placards dorés, oui : dans le Petit Etat (les fonctionnaires) comme dans le Grand (les régies). Ainsi, rien, je dis bien rien, ne justifie les salaires de certains directeurs, du côté par exemple de l’aéroport. Oui, s’il y a des économies à réaliser, c’est bien du côté des hauts revenus, des nababs et des placards dorés. Mais ces excès ne justifient en rien la vague d’assaut, parfaitement pensée et programmée, contre les serviteurs de l’Etat, dans leur ensemble.


     
    Le plus choquant, c’est qu’on s’en prenne au personnel. Dans un canton qui est en train de griller deux milliards pour une liaison ferroviaire dont j’attends qu’on nous prouve l’efficacité, il y a d’autres arbitrages à opérer que se montrer pusillanime sur l’octroi d’une annuité, ou sur l’aide aux plus faibles au sein du DIP. Et de grâce, qu’on ne vienne pas nous faire la leçon sur la différence entre budget d’investissement et de fonctionnement : pour le CEVA, nous passons tous à la caisse, peu importe la ligne budgétaire. Il faudra d’ailleurs un jour revenir sur l’incroyable arrogance de ces quelques roitelets de la Commission des finances, une quinzaine de personnes sur près d’un demi million, qui n’en peuvent plus de distiller leur jouissance dans leur pouvoir de faire peur, brandir les coupes. Naguère deux libéraux agrippés à leur blason, aujourd’hui d’autres, avec hélas l’appui de la toute récente aile ploutocrate du MCG.


     
    Pour ma part, je suis tout, sauf fonctionnaire. Petit entrepreneur depuis bientôt neuf ans, j’assume le risque économique, j’ai toujours un peu peur. Je sais ce que signifie payer un loyer professionnel, une charge salariale, les assurances sociales. Mais voilà, à côté de cela, je suis citoyen. Et comme tel, je veux contribuer à entretenir ce qui nous rassemble, dans l’amour du pays et celui de la République. L’école, la santé, la sécurité et font partie au premier plan. Elles doivent certes produire des efforts de gestion, nous sommes tous d’accord. Mais s’acharner à les démanteler, en multipliant les attaques ou les petites piques, relève d’un esprit qui n’est pas le mien. J’appelle ici la population à se battre pour l’idée de l’Etat : il est notre meilleur rempart contre la jungle, la loi du plus fort, la tyrannie du possédant, l’arrogance du pouvoir. 

     


    Pascal Décaillet

     

  • Serge Dal Busco : une chance pour Genève

     

    Sur le vif - Dimanche 07.12.14 - 17.48h

     

    L’homme de caractère, c’est dans la tempête qu’on le reconnaît, pas dans la tiédeur des agapes. Celui qui fait front. Celui qui ne se laisse démonter ni par les attaques, ni par le vent mauvais. Dans l’actuel septuor qui dirige Genève, un caractère émerge, doucement, mais creusant son sillon avec toujours plus de force : Serge Dal Busco. Ni matamore, ni glaçon : juste un homme qui mène son entreprise. Un homme qui se bat.

     

    Je dis ici qu’il émerge doucement : il n’a pas l’autorité statutaire du glaçon pour parler au nom du collège, ni la faconde festive de son collègue de parti pour vibrionner dans le vide sidéral de la mondanité sociale. Cette équipe a des maillons faibles, deux à mes yeux, comme il y en eut deux dans le collège précédent. Elle a son évanescence diaphane, entrée en troisième législature comme on entre dans un Ordre silencieux, ou dans l’ère glaciaire. Elle a son petit rusé qui sait se taire quand ça va mal, histoire de ne pas compromettre sa future carrière fédérale, mondiale, cosmique. Et puis, elle a la chance d’avoir Serge Dal Busco.

     

    L’homme est rude, incroyablement bosseur, déterminé. Il a hérité du Département des finances alors que les caisses sont vides, la conjoncture moins souriante que sous M. Hiler, le renflouement des caisses de pension plombe pour des décennies toute audace d’investissement, et ne parlons pas du CEVA. Homme d’exécutif, il n’a pas le contact très aisé avec la ductilité parlementaire, c’était déjà le cas lorsqu’il était député. Attaqué sur une mythologie d’absentéisme en Commission des finances, concoctée entre la droite ultra-libérale et une partie de la gauche, il répond par des faits : « Mercredi, j’y ai siégé huit heures ». Il n’accuse personne, ne braille pas, donne juste une réalité factuelle.

     

    Serge Dal Busco est un démocrate-chrétien, totalement mûri dans la philosophie de cette tradition politique, mais avec en plus, face à la dimension d’Etat, la raideur régalienne d’un radical. Du PDC, il a toutes les qualités : la chaleur, la famille, la convivialité. Des radicaux, il a la tenue. Nous avons un peu moins perçu cette dernière dans les frasques de son collègue de parti.

     

    Alors oui, j’affirme ici que Genève tient, avec cet homme-là, la puissance de travail, de caractère, de solitude qui, un jour, au service du plus grand nombre, pourrait faire la différence. Non comme un homme providentiel, cela n’est guère dans nos traditions suisses. Mais comme celui dont l’ardeur et l’amour du pays donneront l’exemple. J’ai souvent identifié, dans mes textes, les maillons faibles, je le fais en général bien en amont de la meute. Il ne me déplaît pas, non plus, de percevoir les maillons forts. Ces derniers sont simplement plus rares. Mais assurément, Serge Dal Busco en fait partie.

     

     

    Pascal Décaillet