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Liberté - Page 1000

  • Le Parlement rejette Ecopop - Et alors ?

     

    Sur le vif - Mercredi 11.06.14 - 11.34h

     

    Comme il fallait s'y attendre, les journaux tartinent à mort sur le sort réservé à Ecopop par les Chambres fédérales, alors que l'avis du Parlement sur une initiative populaire, dûment munie des signatures requises, n'a qu'une importance mineure.


    Une initiative - je le répéterai chaque fois, autant qu'il le faudra - n'est pas une affaire du Parlement, du moins pas prioritairement. Elle est une affaire du peuple avec le peuple. Le défi lancé à l'ensemble du corps électoral par un petit groupe, au début, d'hommes et de femmes, les inititiants, qui va s'élargissant jusqu'à, un beau dimanche, peut-être s'imposer, et modifier notre Constitution.


    Et c'est précisément là où les parlementaires ont démérité, pas fait leur boulot, pas senti les préoccupations profondes de la population, que des initiatives sont lancées. Alors, bien sûr, elles désavouent les parlementaires. Alors, bien sûr, les parlementaires entreprennent toutes choses, à commencer par cette odieuse comédie de l'invalidation, pour tenter de les discréditer.



    Il ne faut pas se laisser faire par les parlementaires. Une initiative, ce sont le peuple et les cantons qui doivent la trancher. Et les journalistes affidés au pouvoir en font beaucoup trop sur l'avis du Conseil fédéral, l'avis du Parlement, l'avis des experts, le "droit international supérieur".


    De grâce, laissons le peuple de ce pays lancer des initiatives. Le corps électoral tout entier, près de quatre millions de personnes, est largement assez mûr pour juger s'il faut les accepter ou les refuser. Cessons de multiplier les gesticulations des corps intermédiaires pour tenter de les entraver.

     

    L'initiative Ecopop, qui soulève des questions passionnantes, doit être tranchée par le peuple et les cantons. Un beau dimanche. Loin du Parlement. Loin du Conseil fédéral. Loin de Berne et de sa molasse. Le peuple et les cantons diront oui. Ou diront non. Ce sera leur décision, souveraine. Pour ma part, quelle qu'elle soit, je l'accepterai.

     

    Pascal Décaillet

  • L'enfer, c'est la Suisse

     

    Chronique publiée dans Lausanne Cités - Mercredi 11.06.14


     
    Prenons un Milanais qui passe le Simplon, pour se rendre à Lyon. Ou un Allemand, qui descend en Provence, via notre pays. Pour ces deux voyageurs, l’enfer c’est la Suisse, En France, en Italie, les autoroutes sont magnifiques. Larges, spacieuses, avec des panneaux qui vous tiennent au courant de tout ce qui se passe, travaux annoncés vingt kilomètres à l’avance, déviations, et même conseils, toujours amicaux et respectueux, sur la nécessité de faire régulièrement des pauses, respecter les vitesses, etc.


     
    Oui l’enfer, c’est la Suisse romande. En débouchant sur l’autoroute valaisanne, direction Vaud, notre Lombard fera l’apprentissage des bouchons, sans aucun accompagnement explicatif, il devra payer un franc (ou un euro) pour se soulager. Notre Germain, dès la jonction au-dessus de Vevey, à la fin du toboggan, découvrira, en même temps qu’un paysage de rêve, l’étroitesse des autoroutes des années soixante, la menace écrite et affichée de lui retirer son permis alors qu’il n’a pas encore vraiment roulé, la circulation en accordéon ne lui laissant guère le loisir de dépasser les limites.


     
    En France, en Italie, on accueille le voyageur. On l’informe. On l’accompagne. On le traite en adulte. En Suisse, on le menace, avec ce ridicule panneau vaudois affichant le nombre de permis retirés. On l’infantilise. En ne lui offrant que des chaussées étroites et vieillottes. Triste image de notre pays, de sa capacité d’accueil, de son rapport à l’autre. A améliorer, d’urgence.


     
     
    Pascal Décaillet

     

  • Brahms, la solitude...

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mardi 10.06.14

     

    J’aime les hommes seuls. Ou plutôt, la dimension de solitude des humains. Rien ne m’est plus étranger que les foules. Rien ne m’est plus barbare que leurs hurlements. L’homme est un être social, nous dit Aristote, et c’est pour cela que j’écris cette chronique, et que peut-être vous me faites l’amitié de me lire. Grâce à toute une chaîne de personnes, techniciens, rotativistes, qui auront fait venir ce journal dans vos mains. L’être social oui, lorsqu’il se rend utile, nous fait vivre des émotions communes, joue dans un orchestre, conduit une locomotive, prépare nos repas, veille dans vos nuit d’hôpitaux pour vous prendre la tension. L’être social, dans la chaîne de solidarité. Mais au fond, chacun de nous est seul.

     

    La solitude n’est pas l’isolement. Elle n’empêche ni la relation amoureuse, ou amicale, ni l’affection familiale, ni la présence hebdomadaire dans une chorale ou sur un terrain de sport. Reconnaître sa solitude fondamentale n’est en rien une entrave à la vie sociale, bien au contraire. Ce qui tue le groupe, c’est l’illusion qu’il pourrait, parce qu’il est multiple, rassurant, conjurer les fondements de nos solitudes. Alors qu’au mieux, il ne contribue qu’à les masquer provisoirement. L’homme est un être social, « zoon politikon », un animal aventuré dans la citoyenneté, oui, les humains vivent ensemble, « les uns contre les autres », rares sont les ermites. Et pourtant, chacun de nous est seul.

     

    Seule cette dimension m’intéresse chez mes frères humains. Chacun de nous est alternativement seul ou dans la société, eh bien disons que c’est la première des deux situations qui retient mon attention. « Les hommes, il conviendrait de ne les connaître que disponibles. A certaines heures pâles de la nuit. Près d’une machine à sous. Avec des problèmes d’hommes. Des problèmes de mélancolie » (Léo Ferré). J’aime que se cisèlent dans mon regard des silhouettes isolant l’individu. Dès que la même personne, à un autre moment de sa journée, rejoindra son club de foot, son groupe parlementaire ou sa sortie de contemporains, elle cessera de m’intéresser. A moins, bien sûr, qu’elle ne chante dans un chœur. Allez disons Brahms, un Requiem allemand. Comme si le simple et le complexe, par le génie d’un homme, parvenaient parfois à ne faire qu’un.

     

    Pascal Décaillet